Test Blu-ray : Blastfighter – L’Exécuteur

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Blastfighter – L’Exécuteur

Italie, France : 1984
Titre original : Blastfighter
Réalisation : Lamberto Bava
Scénario : Massimo De Rita, Luca De Rita
Acteurs : Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h31
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 14 novembre 1984
Date de sortie Blu-ray : 14 décembre 2023

Pour avoir fait justice lui-même, Jake « Tiger » Sharp a été condamné à dix ans de prison. À sa sortie, l’ex-policier d’Atlanta retrouve son camarade Jerry, qui lui offre un fusil SPAS-12, arme de guerre aux effets dévastateurs. Alors qu’il était décidé à se venger du procureur véreux qui l’a fait condamner, Jake choisit de poser les armes. Il se retire dans le cabanon familial situé dans les Appalaches, pensant y couler des jours paisibles. Mais il se retrouve bientôt confronté à une bande de dangereux braconniers et au retour inopiné de son passé…

Introduction

Le Chat qui fume et les films que vous ne verrez jamais sur Netflix – Vague 4

L’explosion de Netflix et de quelques autres services de SVOD en France a, en l’espace de quelques années seulement, considérablement affaibli le secteur de la vidéo physique en DVD et Blu-ray. Aujourd’hui, les éditeurs vidéo doivent avoir recours à différentes astuces afin de maintenir les consommateurs dans leur giron. Cela dit, grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, à des éditions collector en pagaille et à de « beaux objets » prenant la forme de luxueux coffrets, Le Chat qui fume est peu à peu parvenu à faire son trou dans le cul cœur des cinéphiles français, et à devenir un des acteurs les plus incontournables de son secteur d’activités.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on s’est imposé comme le leader incontesté qu’il faut se reposer sur ses lauriers, et quitte à prendre des risques, Le Chat qui fume a encore innové en 2022, en lançant une première série de cinq films au format Blu-ray. Peut-être considérés comme un peu plus « obscurs » que les autres films disponibles dans le catalogue de l’éditeur, ces bonnes grosses raretés des années 70/80/90 ne faisaient peut-être pas partie des plus connues et prestigieuses, mais avaient régalé les écumeurs de vidéoclubs à la grande époque de la VHS triomphante. Proposés à bas prix et dans des boîtiers standard, les cinq raretés proposées par Le Chat qui fume dans sa première vague étaient Draguse ou le Manoir infernal, L’Aube sauvage (Savage Dawn), Le Souffle maudit (Demon Wind), Mutronics (The Guyver) et Red Mob (Chtoby vyzhit). La deuxième vague était composée de Special Effects, Breeders, Video Dead, Scarecrows et L’Abîme (The Rift), et la troisième vague de Cherry 2000, The Gate II et L’Ange de la destruction (Eve of Destruction).

Cela ressemble maintenant à une tradition : à chaque nouvelle livraison de titres « majeurs », Le Chat qui fume nous propose dorénavant une poignée de titres destinés à gonfler les rangs de cette collection nostalgique. Et la quatrième vague de ces petits plaisirs coupables 80’s est composée de :

Brigade des Mœurs – Max Pécas, 1984

Blastfighter – L’Exécuteur – Lamberto Bava, 1984

Si vous ne les avez peut-être pas tous loués dans les années 80/90, ces films, vous les connaissez tout de même, de nom ou de réputation – vous avez probablement lu des articles à leur sujet dans Mad Movies ou dans Impact, à la grande époque de Jean-Pierre Putters. On espère que ce galop d’essai trouvera son public, et saura attirer les amateurs de bandes déviantes vintage en France de la même façon qu’aux États-Unis. Cela fait un moment en effet que le marché a évolué dans cette direction aux États-Unis, pays où tous les nanars bénis de l’époque de la VHS, même les plus improbables ou les plus méconnus, voient le jour en Haute-Définition. Une bonne affaire pour des cinéastes tels que Fred Olen Ray, David DeCoteau, Jim Wynorski, Andy Sidaris, Rick Sloane, Kevin Tenney, Douglas Hickox ou Albert Band, hier méprisés, aujourd’hui largement remis sur le devant de la scène…

Si on est loin, très loin, d’en être au même point en France, Le Chat qui fume a tout de même fait le choix avec cette vague de se tourner vers le passé, quitte à exhumer de petits films que l’on n’aurait jamais cru voir débarquer en France il y a encore quelques années. Dans les 80’s, le crédo des éditions René Chateau était de nous donner à découvrir « les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Se posant dans la continuité de l’éditeur historique, Le Chat qui fume semble aujourd’hui bien déterminé à offrir au consommateur « les films que vous ne verrez jamais sur Netflix ».

Le film

[3/5]

Petit flashback, et retour dans les années 80 : au cœur des allées les plus sordides des vidéo-clubs de quartier, le choix d’un film était parfois – et même assez souvent à vrai dire – déterminé par sa jaquette. Si cette dernière était parfois honteusement mensongère, et mettait en avant des éléments complètement absents du film, dans le cas de Blastfighter – L’Exécuteur, la promesse implicite qui nous était faite par la jaquette de la VHS sortie en 1984 chez René Chateau (une sacrée personnalité du cinéma français s’étant éteint il y a quelques jours, le 5 février 2024) était donc de nous proposer un film badass, avec une espèce de sosie de Franco Nero doté d’un super flingue, un SPAS 12 qui n’était pas juste un simple fusil à pompe puisqu’il affichait une énorme lunette à faisceau laser.

Le film de Lamberto Bava – alias John Old Jr. sur la jaquette de la VHS – semblait d’ailleurs tenir toutes ses promesses d’entrée de jeu, puisque dès la première séquence, on assistait à la sortie de prison d’un moustachu (Michael Sopkiw, pas tout à fait Franco Nero tout de même). On apprendrait bientôt que ledit moustachu était un flic aux méthodes expéditives, qui se voyait remettre, dès le début du film, un super flingue futuriste (mélange improbable de fusil à pompe et de manette de Nintendo NES), dont on espérait bien qu’il ne tarderait pas à faire usage sur tous les malandrins qui auraient l’outrecuidance de se dresser sur son chemin. Après tout, il ne s’appelait pas L’Exécuteur pour rien, n’est-ce pas ?

En réalité, la jaquette de Blastfighter – L’Exécuteur a probablement été très influencée par la sortie de Rambo en 1982 – plus peut-être que le film lui-même, d’ailleurs, car si bien entendu son intrigue compte quelques points communs avec celle du film de Stallone, l’influence majeure dont se réclame Lamberto Bava n’est pas celle de Ted Kotcheff mais carrément de John Boorman, et de son fameux Délivrance. On en veut pour preuve le fait que Blastfighter – L’Exécuteur se déroule en grande partie dans les Appalaches, du côté de la rivière Chattooga en Géorgie, et surtout que Bava est allé rechercher Billy Redden, le fameux type au banjo du film de Boorman, qui fait une petite apparition clin d’œil dans le film.

Pour autant, le personnage incarné à l’écran par Michael Sopkiw ne fera usage de son arme destructrice que dans les dix dernières minutes de Blastfighter – L’Exécuteur, au terme d’une chasse à l’homme aux accents de film de vengeance : le personnage principal sera en effet confronté à une escalade de violence qui mènera finalement à la mort de sa fille (Valentina Forte), abattue par une bande de chasseurs locaux, et entreprendra donc de les dessouder un par un jusqu’à l’affrontement final avec le chef de la bande, qui se trouve être un ami d’enfance. Ce dernier est interprété par George Eastman, qui éclipse par son charisme tout le reste du casting, et s’impose comme un personnage complexe, poussé à l’affrontement à cause d’une succession d’événements malheureux, qu’il ne cautionne pas, mais qui se trouvent avoir été provoqués par une bande d’abrutis travaillant à son service.

Loin d’être parfait, Blastfighter – L’Exécuteur s’avère parfois involontairement amusant, mais demeure tout de même régulièrement efficace, et suffisamment solide pour ne pas sombrer dans le nanar. De plus, le film a le mérite de ne jamais exactement prendre la direction que l’on attendait de lui. Plus complexe qu’il n’y parait à priori, le film de Lamberto Bava parvient en effet à se détacher de ses modèles (Rambo et Délivrance) et à proposer au spectateur la trajectoire d’un homme désabusé qui, toute sa vie, aura fait le choix de défendre la justice mais aura finalement tout perdu à cause de sa noblesse d’âme. La fin du film, qui tombe assez abruptement, n’a ainsi rien du traditionnel happy-end, et apporte une tonalité assez désespérée à l’ensemble, qui prend presque à cette occasion des atours de western crépusculaire.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Jusqu’ici inédit en DVD, et à plus forte raison en Haute-Définition, L’Exécuteur débarque aujourd’hui en Blu-ray sous les couleurs du Chat qui fume, et sous son titre original alias Blastfighter. Comme les autres films de la collection, le film de Bava Jr. est présenté dans un boîtier plastique, qui lui assure un tarif imbattable et contribue à renforcer l’aspect « collection » autour de ces titres méconnus. Comme d’habitude, la composition graphique de la jaquette a été confiée à Frédéric Domont, qui reprend l’illustration qui ornait déjà la cassette vidéo éditée par René Chateau il y a presque quarante ans.

Côté master, Blastfighter – L’Exécuteur bénéficie d’un très bel upgrade Haute-Définition : même si la définition est globalement assez douce, la copie s’impose comme très stable et assez propre. Le grain d’origine est très présent, les couleurs sont naturelles et parfaitement solides, et on ne dénotera aucun problème de compression à l’horizon : c’est du très beau travail. Du côté des pistes son, VO et VF d’époque nous sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : les dialogues sont clairs et les ambiances bien préservées, et la version française s’avère régulièrement amusante dans ses outrances et autres expressions un rien désuètes.

Dans la section suppléments, on ne trouvera pas ici la traditionnelle présentation du film par Damien Granger, mais un très intéressant making of rétrospectif (38 minutes), qui croisera les entretiens avec le réalisateur Lamberto Bava, l’acteur Luigi Montefiori (alias George Eastman) et le chef opérateur Gianlorenzo Battaglia. Les trois intervenants reviendront sur le tournage du film, les acteurs (Michael Sopkiw, Michele Soavi) et le film en lui-même. Si bien sûr les propos de Lamberto Bava et de Gianlorenzo Battaglia s’avèrent souvent intéressants, ces derniers semblent cependant tenir leur propre talent en haute estime, et manquent un peu de recul / de modestie. A contrario, George Eastman quant à lui considère Blastfighter – L’Exécuteur, comme les 99% des autres films de sa carrière, comme un navet innommable. Quitte à parfois donner l’impression de cracher dans la soupe, il balance sur tout le casting, à commencer par Lamberto Bava, qu’il considère comme un couillon n’ayant pas hérité du talent de son père. Passionnant et très amusant ! Pour vous procurer cette édition Blu-ray de Blastfighter, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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