Test Blu-ray : The Gate II

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The Gate II

Canada, États-Unis : 1990
Titre original : Gate II – Trespassers
Réalisation : Tibor Takács
Scénario : Michael Nankin
Acteurs : Louis Tripp, Simon Reynolds, James Villemaire
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h33
Genre : Fantastique
Date de sortie Blu-ray : 31 octobre 2023

Cinq années ont passé depuis que Terrence « Terry » Chandler et son ami Glen ont provoqué l’ouverture accidentelle de la « fissure » qui avait libéré des forces démoniaques. Depuis, Glen et sa famille sont partis. Quant à Terry, sa mère est décédée et son père a sombré dans l’alcoolisme. Inconsolable, le jeune homme se sent de plus en plus attiré par le portail maléfique et les pouvoirs qu’il renferme. Il se rend alors dans l’ancienne maison de Glen, laissée à l’abandon, bientôt rejoint par trois autres adolescents. Le quatuor entame alors un rituel dans le but d’invoquer un démon…

Introduction

Le Chat qui fume et les films que vous ne verrez jamais sur Netflix – Vague 3

L’explosion de Netflix et de quelques autres services de SVOD en France a, en l’espace de quelques années seulement, considérablement affaibli le secteur de la vidéo physique en DVD et Blu-ray. Aujourd’hui, les éditeurs vidéo doivent avoir recours à différentes astuces afin de maintenir les consommateurs dans leur giron. Cela dit, grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, à des éditions collector en pagaille et à de « beaux objets » prenant la forme de luxueux coffrets, Le Chat qui fume est peu à peu parvenu à faire son trou dans le cul cœur des cinéphiles français, et à devenir un des acteurs les plus incontournables de son secteur d’activités.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on s’est imposé comme le leader incontesté qu’il faut se reposer sur ses lauriers, et quitte à prendre des risques, Le Chat qui fume a encore innové en 2022, en lançant une première série de cinq films au format Blu-ray. Peut-être considérés comme un peu plus « obscurs » que les autres films disponibles dans le catalogue de l’éditeur, ces bonnes grosses raretés des années 70/80/90 ne faisaient peut-être pas partie des plus connues et prestigieuses, mais avaient régalé les écumeurs de vidéoclubs à la grande époque de la VHS triomphante. Proposés à bas prix et dans des boîtiers standard, les cinq raretés proposées par Le Chat qui fume dans sa première vague étaient Draguse ou le Manoir infernal, L’Aube sauvage (Savage Dawn), Le Souffle maudit (Demon Wind), Mutronics (The Guyver) et Red Mob (Chtoby vyzhit). La deuxième vague était quant à elle composée de Special Effects, Breeders, Video Dead, Scarecrows et L’Abîme (The Rift).

Réjouissez-vous mes amis, car il n’aura pas fallu longtemps pour que l’éditeur remette le couvert avec une troisième vague, composée de :

Cherry 2000 – Steve De Jarnatt, 1987

The Gate II – Tibor Takács, 1990

L’Ange de la destruction (Eve of Destruction) – Duncan Gibbins, 1991

Si vous ne les avez peut-être pas tous loués dans les années 80/90, ces films, vous les connaissez tout de même, de nom ou de réputation – vous avez probablement lu des articles à leur sujet dans Mad Movies ou dans Impact, à la grande époque de Jean-Pierre Putters. On espère que ce galop d’essai trouvera son public, et saura attirer les amateurs de bandes déviantes vintage en France de la même façon qu’aux États-Unis. Cela fait un moment en effet que le marché a évolué dans cette direction aux États-Unis, pays où tous les nanars bénis de l’époque de la VHS, même les plus improbables ou les plus méconnus, voient le jour en Haute-Définition. Une bonne affaire pour des cinéastes tels que Fred Olen Ray, David DeCoteau, Jim Wynorski, Andy Sidaris, Rick Sloane, Kevin Tenney, Douglas Hickox ou Albert Band, hier méprisés, aujourd’hui largement remis sur le devant de la scène…

Si on est loin, très loin, d’en être au même point en France, Le Chat qui fume a tout de même fait le choix avec cette vague de se tourner vers le passé, quitte à exhumer de petits films que l’on n’aurait jamais cru voir débarquer en France il y a encore quelques années. Dans les 80’s, le crédo des éditions René Chateau était de nous donner à découvrir « les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Se posant dans la continuité de l’éditeur historique, Le Chat qui fume semble aujourd’hui bien déterminé à offrir au consommateur « les films que vous ne verrez jamais sur Netflix ».

Le film

[3,5/5]

Il y a trois ans, on vous avait dit tout le bien que l’on pensait de The Gate, série B inventive et attachante réalisée par Tibor Takács en 1987. A cette occasion, on avait souligné l’existence d’un DVD de la suite du film, The Gate II, disponible en France dans une édition techniquement très faible, qui avait la particularité d’être épuisée et s’échangeait à prix d’or sur le marché de l’occasion. Le Chat qui fume semble avoir saisi la perche que nous lui tendions, et nous propose aujourd’hui de (re)découvrir The Gate II en Haute-Définition – il va sans dire que le master qui nous est proposé aujourd’hui n’a rien à voir avec le précédent et s’avère ici de toute beauté.

Ayant prouvé avec The Gate qu’il pouvait obtenir d’excellents résultats avec un budget limité, le réalisateur Tibor Takács s’est donc décidé à remettre le couvert en 1990, trois ans environ après le premier film. Le scénariste du premier film, Michael Nankin, est également de retour, et nous propose un intéressant prolongement à l’histoire initiale. Le jeune Stephen Dorff étant parti vers d’autres horizons (qui le mèneraient peu à peu à Hollywood), Takács et Nankin prennent le parti de centrer The Gate II sur « l’autre » gamin du premier film, le petit Terry (Louis Tripp), qui entre temps est devenu un jeune adulte. Cela permettra finalement au récit de prendre assez nettement ses distances avec celui du premier film, et de nous proposer un solide récit de coming of age teinté d’une bonne dose de fantastique.

De fait, la tonalité de The Gate II sera plus adulte que celle du premier film : au « PG-13 » de The Gate succède donc ici un classement « R », les mineurs devant impérativement être accompagnés d’un adulte s’ils désiraient découvrir le film dans les salles au moment de sa sortie. The Gate II aborde en effet quelques thématiques plus sombres que le premier film, telles que le suicide ou, plus largement, le mal-être adolescent. Ayant perdu sa mère, Terry n’a plus non plus de réelle figure paternelle à laquelle s’accrocher : son père est un pilote de ligne alcoolique et sans emploi, qui a au fil du temps perdu la volonté de trouver du travail. On apprend de plus dans les premières minutes de The Gate II que Terry, profondément marqué par les événements du premier film, cherche à rouvrir un passage vers l’enfer en pratiquant la magie noire.

Bien entendu, rien ne se passera comme prévu ; dérangé pendant son rituel, le jeune homme se retrouvera rapidement à devoir garder un « Minion » à domicile – une de ces créatures bizarres déjà aperçues dans le film original. Comprenant peu à peu que la créature a le pouvoir d’exaucer leurs souhaits, Terry et son amie Liz (Pamela Adlon) font l’erreur de se laisser aller à exprimer leurs désirs les plus fous, mais comme dans tous les films d’horreur, les souhaits exprimés par les personnages de The Gate II ne se réalisent jamais réellement de la façon attendue, et finissent parfois en gros tas de merde. Ce n’est pas là une façon de parler : les premiers souhaits exaucés par le Minion finissent littéralement en tas de merde au bout de quelques heures. Cette idée saugrenue nous vaudra quelques gags plutôt amusants avant que le récit ne prenne, dans son dernier acte, une dimension plus tragique.

Le plus remarquable dans le travail de Tibor Takács et Michael Nankin sur The Gate II est sans aucun doute de ne pas avoir cherché à reproduire à l’identique la recette qui avait parfaitement fonctionné quelques années auparavant. Exit donc l’esprit « Amblin Entertainment » qui baignait l’atmosphère de The Gate, et place ici à quelque chose de très différent : le scénariste oriente en effet le récit dans une direction plus intime, le coming of age signifiant ici tout autant la fin d’une époque que la fin de l’innocence pour le personnage principal. Les doutes et les remises en question de Terry contribuent à créer une ambiance de fin du monde au cœur de The Gate II, qui sera par ailleurs renforcée par un final quasi-apocalyptique, qui permettra au spectateur d’admirer quelques matte-paintings de toute beauté.

Et qu’importe finalement si The Gate II n’est peut-être pas aussi malin ni aussi attachant que le film original : Tibor Takács parvient clairement à marquer des points avec le peu de budget dont il dispose, avec notamment des effets spéciaux soignés et un rythme bien tenu, qui ne laissera jamais le temps au spectateur de s’ennuyer. De fait, l’ensemble est parfaitement sympathique et certaines scènes sont très réussies, notamment celles impliquant le fameux « Minion » venu de l’enfer, qui s’anime à l’écran grâce à une combinaison d’effets visuels plutôt efficaces – selon les plans, on aura droit à un acteur en costume, à d’habiles manipulations de la perspective et bien sûr à un peu d’animation en stop-motion. Une excellente petite série B pour un bon moment sans prétention !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Proposée au tarif imbattable de 20 euros, cette nouvelle édition Blu-ray de The Gate II débarque sous les couleurs du Chat qui fume et suit la charte graphique à laquelle les fidèles de cette collection sont maintenant habitués. Maquette et composition graphique sont toujours signés Frédéric Domont, et le tout nous est proposé dans un boîtier plastique « Scanavo » : c’est très joli, et on se réjouit de pouvoir enfin redécouvrir le film de Tibor Takács dans de bonnes conditions.

Car côté master, Le Chat qui fume nous propose – comme à son habitude me direz-vous – un rendu Haute-Définition absolument superbe. Si certains plans « de transition » (fondus enchaînés, mentions écrites) dénotent d’une légère baisse de définition, le reste du métrage affiche une belle pêche, avec un grain cinéma conservé et une définition et un piqué accrus. L’éditeur a opté pour un encodage en 1080p respectant le défilement ET le format cinéma 1.85, et on l’en félicite chaleureusement. Niveau son, la version française d’origine côtoie donc la VO ; toutes deux sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0. Dans les deux cas, les dialogues sont clairs, et la musique bien mise en valeur – à chacun de choisir vers quelle piste ira sa préférence, en fonction de la langue dans laquelle il a découvert le film à l’origine.

Dans la section suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce, on retrouvera également la version 1.37 Full Frame du film, en VF. Sans les bandes noires, cette version nous propose un peu plus d’informations en haut et en bas de l’image. La qualité d’image de cette version est cependant très inférieure à celle de la version 1.85, ce qui permettra aux curieux de constater le bond qualitatif qui nous est proposé ici par l’éditeur. Pour vous procurer cette édition Blu-ray de The Gate II, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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