Test Blu-ray : The Rift / L’Abîme

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The Rift

États-Unis : 1990
Titre original : –
Réalisation : Juan Piquer Simón
Scénario : Juan Piquer Simón, Mark Klein, David Coleman
Acteurs : Jack Scalia, R. Lee Ermey, Ray Wise
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h23
Genre : Fantastique
Date de sortie Blu-ray : 30 juin 2023

Suite à la disparition du sous-marin nucléaire Siren I, en mission secrète dans le Pacifique, une équipe de secours embarque à bord du Siren II afin de le retrouver et d’en récupérer la boîte noire. Plongeant au fond d’une crevasse, puis empruntant un vaste réseau de tunnels, l’équipage, dirigé par le capitaine Phillips, sera bientôt confronté aux dangers causés par de monstrueuses créatures…

Introduction

Le Chat qui fume et les films que vous ne verrez jamais sur Netflix – Vague 2

L’explosion de Netflix et de quelques autres services de SVOD en France a, en l’espace de quelques années seulement, considérablement affaibli le secteur de la vidéo physique en DVD et Blu-ray. Aujourd’hui, les éditeurs vidéo doivent avoir recours à différentes astuces afin de maintenir les consommateurs dans leur giron. Cela dit, grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, à des éditions collector en pagaille et à de « beaux objets » prenant la forme de luxueux coffrets, Le Chat qui fume est peu à peu parvenu à faire son trou dans le cul cœur des cinéphiles français, et à devenir un des acteurs les plus incontournables de son secteur d’activités.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on s’est imposé comme le leader incontesté qu’il faut se reposer sur ses lauriers, et quitte à prendre des risques, Le Chat qui fume a encore innové en 2022, en lançant une première série de cinq films au format Blu-ray. Peut-être considérés comme un peu plus « obscurs » que les autres films disponibles dans le catalogue de l’éditeur, ces bonnes grosses raretés des années 70/80/90 ne faisaient peut-être pas partie des plus connues et prestigieuses, mais avaient régalé les écumeurs de vidéoclubs à la grande époque de la VHS triomphante. Proposés à bas prix et dans des boîtiers standard, les cinq raretés proposées par Le Chat qui fume dans sa première vague étaient Draguse ou le Manoir infernal, L’Aube sauvage (Savage Dawn), Le Souffle maudit (Demon Wind), Mutronics (The Guyver) et Red Mob (Chtoby vyzhit).

Un an après, l’éditeur remet le couvert avec une deuxième vague de films 80’s, composée de :

Special Effects – Larry Cohen, 1984

Breeders – Tim Kincaid, 1986

Video Dead (The Video Dead) – Robert Scott, 1987

Scarecrows – William Wesley, 1988

L’Abîme (The Rift) – Juan Piquer Simón, 1990

Si vous ne les avez peut-être pas tous loués dans les années 80/90, ces films, vous les connaissez tout de même, de nom ou de réputation – vous avez probablement lu des articles à leur sujet dans Mad Movies ou dans Impact, à la grande époque de Jean-Pierre Putters. On espère que ce galop d’essai trouvera son public, et saura attirer les amateurs de bandes déviantes vintage en France de la même façon qu’aux États-Unis. Cela fait un moment en effet que le marché a évolué dans cette direction aux États-Unis, pays où tous les nanars bénis de l’époque de la VHS, même les plus improbables ou les plus méconnus, voient le jour en Haute-Définition. Une bonne affaire pour des cinéastes tels que Fred Olen Ray, David DeCoteau, Jim Wynorski, Andy Sidaris, Rick Sloane, Kevin Tenney, Douglas Hickox ou Albert Band, hier méprisés, aujourd’hui largement remis sur le devant de la scène…

Si on est loin, très loin, d’en être au même point en France, Le Chat qui fume a tout de même fait le choix avec cette vague de se tourner vers le passé, quitte à exhumer de petits films que l’on n’aurait jamais cru voir débarquer en France il y a encore quelques années. Dans les 80’s, le crédo des éditions René Chateau était de nous donner à découvrir « les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Se posant dans la continuité de l’éditeur historique, Le Chat qui fume semble aujourd’hui bien déterminé à offrir au consommateur « les films que vous ne verrez jamais sur Netflix ».

Le film

[4/5]

En dépit de sa nature claire et assumée de série B, The Rift avait bénéficié en 1992 d’une sortie assez prestigieuse en VHS, sous le titre L’Abîme et sous la bannière – excusez du peu – de Gaumont Columbia Tristar Home Video. Distribué dans les dernières années de l’époque bénie du vidéoclub triomphant, le film de Juan Piquer Simón fait partie de ces films que vous avez probablement vu sur les étagères de votre vidéoclub au début des années 90, et devant lequel vous êtes peut-être passés plusieurs dizaines de fois sans jamais le louer. La faute à une jaquette vidéo absolument immonde – voir ci-contre – qui ne faisait rien pour accrocher le regard, et qui condamna The Rift à devenir une solution « de secours » pour les soirées du samedi quand toutes les VHS qui vous faisaient de l’œil étaient déjà sorties et ne rentreraient que le lendemain.

Mais on touche ici du doigt l’un des plus grands plaisirs des cinéphiles qui arpentaient inlassablement les allées des vidéoclubs à l’époque : la découverte d’une pépite totalement inattendue et sortie de nulle-part. Car malgré sa jaquette moche et le peu d’enthousiasme à priori à l’idée de glisser la VHS dans la fente de votre magnétoscope, il est clair que The Rift fait partie de ces films qui se sont révélés, au bout du compte, être une très agréable surprise. Et le Blu-ray édité aujourd’hui par Le Chat qui fume nous permettra de nous rendre compte que le temps n’a eu que peu d’emprise sur le film…

The Rift s’inscrit dans une petite vague de films d’horreur de la fin des années 80 ayant pour cadre les fonds marins, et nous proposant de découvrir les créatures horribles qui peuplent les abysses. A la même époque, on se souvient d’avoir pu découvrir en salle des films tels que M.A.L. Mutant aquatique en liberté (Sean S. Cunningham, 1988) ou Leviathan (George Pan Cosmatos, 1990), et en vidéo Les Seigneurs des abîmes (Mary Ann Fisher, 1989) ou encore The Evil Below (Wayne Crawford et Jean-Claude Dubois, 1989). Autant de films qui reprenaient grosso modo le schéma narratif d’Alien en déplaçant l’équipage d’un vaisseau spatial à un sous-marin.

Dans The Rift, on fera connaissance avec Wick Hayes (Jack Scalia, l’associé de Tom Berenger dans New York, deux heures du matin), ingénieur de son état, qui se voit appelé en mission à bord du Siren-2 afin de retrouver le Siren-1, un sous-marin de sa conception perdu quelque part au fond de l’océan. Hayes est secondé dans sa mission par un navigateur à l’estomac fragile, Robbins (Ray Wise, inoubliable père de Laura Palmer dans Twin Peaks), ainsi que par Nina (Deborah Adair), une bio-généticienne qui se trouve également être son ex. A leurs côtés, un petit groupe d’officiers de l’OTAN assez hostiles, dirigés par le capitaine Phillips (R. Lee Ermey, le sergent instructeur de Full Metal Jacket). Les tensions sont donc au rendez-vous entre les différents personnages, et les choses prendront un tournant inattendu quand l’équipage du Siren-2 se rendra compte que des créatures sont tapies dans l’obscurité des abysses…

Comme vous pourrez le constater à la lecture de ces quelques lignes, l’intrigue de The Rift suit une trame somme toute assez routinière. Juan Piquer Simón prend le temps d’installer ses personnages, et prend bien soin de présenter le personnage de Jack Scalia comme une espèce de scientifique / beau gosse / tête brûlée à la Dennis Quaid dans L’Aventure intérieure, avec une petite touche de nihilisme à la Snake Plissken en plus. L’acteur n’a malheureusement pas le charisme de Kurt Russell, et se fera bouffer par R. Lee Ermey à chaque fois que l’intrigue nous propose une confrontation entre les deux personnages. Ce petit écueil mis à part, on notera que le scénario imaginé par Juan Piquer Simón, Mark Klein et David Coleman s’attache également à donner une personnalité aux autres membres de l’équipage, dont le Dr. Carlo (Álvaro Labra), l’officier de navigation Ana (Ely Pouget) et l’impertinent officier Joe alias « Skeets » (John Toles Bay), sidekick comique assez efficace, surtout en VF, dans le sens où celle-ci rajoute quelques gags et répliques absentes de la VO.

Les tensions et intrigues entre les personnages occuperont grosso merdo la première moitié de The Rift, mais à partir du moment où les personnages quittent le sous-marin et se retrouvent nez à nez avec les premiers monstres, Juan Piquer Simón changera de cap et de tonalité, emmenant le film dans une direction complètement différente, et nous proposera une deuxième partie absolument folle, peuplée de créatures dégueu et d’effets outrancièrement gore. Les créatures à l’écran sont d’abord assez petites, mais seront rapidement rejointes par des monstres beaucoup plus gros qui ajouteront encore un peu de fun à The Rift. Les effets spéciaux à base de marionnettes et de système D démontrent clairement que Juan Piquer Simón et son équipe savaient faire preuve de générosité, en offrant beaucoup au spectateur pour un budget que l’on devine très restreint. Une excellente petite série B !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Comme les autres titres de cette vague de films, le Blu-ray de The Rift édité par Le Chat qui fume est présenté dans un boîtier plastique, qui lui assure un tarif imbattable et contribue à renforcer l’aspect « collection » autour de ces titres méconnus. Comme d’habitude cependant, le packaging a été ô combien soigné, puisqu’il bénéficie d’une maquette et d’une composition graphique toujours signée Frédéric Domont.

Techniquement, l’éditeur n’est pas en reste puisque le transfert s’avère vraiment de toute beauté, respectant parfaitement la granulation d’origine. On redécouvre littéralement The Rift : le film s’impose avec faste et élégance, dans des conditions complètement inédites. Le niveau de détail et la profondeur de l’image sont excellents, le piqué est d’une précision étonnante, les contrastes sont stables tout au long du film, et les couleurs sont éclatantes. Le grain est probablement un peu plus épais durant les séquences plus sombres, mais l’ensemble est excellent, et la stabilité globale de l’image est remarquable. Côté son, les deux bandes sonores (VF/VO) sont encodées en DTS HD Master Audio 2.0 et font le boulot sans problème, avec des dialogues – et des cris – toujours parfaitement clairs et distincts. Comme on l’a écrit un peu plus haut, le doublage français d’époque est assez savoureux, et affiche un côté clairement décomplexé qui ravira les nostalgiques l’ayant découvert en VHS dans les années 90.

Dans la section suppléments, Le chat qui fume nous propose, en plus de la traditionnelle bande-annonce, de nous plonger dans une présentation du film par Damien Granger (12 minutes), rescapé de la grande époque de Mad Movies et spécialiste de la série B. Il reviendra sur les particularités du film, sur sa générosité ainsi que sur les liens avec d’autres films de l’époque, et notamment avec Abyss de James Cameron. On notera également que le boîtier contient la reproduction petit format de trois photos d’exploitation du film. Pour vous procurer cette édition Blu-ray indispensable, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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