Test Blu-ray : Eve of Destruction / L’Ange de la destruction

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L’Ange de la destruction

États-Unis : 1991
Titre original : Eve of Destruction
Réalisation : Duncan Gibbins
Scénario : Duncan Gibbins, Yale Udoff
Acteurs : Gregory Hines, Renée Soutendijk, Michael Greene
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h40
Genre : Action, Science-fiction
Date de sortie cinéma : 7 août 1991
Date de sortie Blu-ray : 31 octobre 2023

San Francisco, au début des années 1990. La scientifique Eve Simmons a fabriqué un androïde à son image, EVE VIII, à des fins militaires et pour lutter contre le terrorisme. Mais, après avoir été blessée lors du braquage d’une banque, EVE VIII se retrouve déprogrammée. Elle se transforme alors en une redoutable machine de guerre, doublée d’une bombe à retardement. Afin d’éviter une catastrophe, Eve Simmons, aidée du colonel Jim McQuade, un spécialiste de la lutte anti-terroriste, ne dispose que de 48 heures !

Introduction

Le Chat qui fume et les films que vous ne verrez jamais sur Netflix – Vague 3

L’explosion de Netflix et de quelques autres services de SVOD en France a, en l’espace de quelques années seulement, considérablement affaibli le secteur de la vidéo physique en DVD et Blu-ray. Aujourd’hui, les éditeurs vidéo doivent avoir recours à différentes astuces afin de maintenir les consommateurs dans leur giron. Cela dit, grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, à des éditions collector en pagaille et à de « beaux objets » prenant la forme de luxueux coffrets, Le Chat qui fume est peu à peu parvenu à faire son trou dans le cul cœur des cinéphiles français, et à devenir un des acteurs les plus incontournables de son secteur d’activités.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on s’est imposé comme le leader incontesté qu’il faut se reposer sur ses lauriers, et quitte à prendre des risques, Le Chat qui fume a encore innové en 2022, en lançant une première série de cinq films au format Blu-ray. Peut-être considérés comme un peu plus « obscurs » que les autres films disponibles dans le catalogue de l’éditeur, ces bonnes grosses raretés des années 70/80/90 ne faisaient peut-être pas partie des plus connues et prestigieuses, mais avaient régalé les écumeurs de vidéoclubs à la grande époque de la VHS triomphante. Proposés à bas prix et dans des boîtiers standard, les cinq raretés proposées par Le Chat qui fume dans sa première vague étaient Draguse ou le Manoir infernal, L’Aube sauvage (Savage Dawn), Le Souffle maudit (Demon Wind), Mutronics (The Guyver) et Red Mob (Chtoby vyzhit). La deuxième vague était quant à elle composée de Special Effects, Breeders, Video Dead, Scarecrows et L’Abîme (The Rift).

Réjouissez-vous mes amis, car il n’aura pas fallu longtemps pour que l’éditeur remette le couvert avec une troisième vague, composée de :

Cherry 2000 – Steve De Jarnatt, 1987

The Gate II – Tibor Takács, 1990

L’Ange de la destruction (Eve of Destruction) – Duncan Gibbins, 1991

Si vous ne les avez peut-être pas tous loués dans les années 80/90, ces films, vous les connaissez tout de même, de nom ou de réputation – vous avez probablement lu des articles à leur sujet dans Mad Movies ou dans Impact, à la grande époque de Jean-Pierre Putters. On espère que ce galop d’essai trouvera son public, et saura attirer les amateurs de bandes déviantes vintage en France de la même façon qu’aux États-Unis. Cela fait un moment en effet que le marché a évolué dans cette direction aux États-Unis, pays où tous les nanars bénis de l’époque de la VHS, même les plus improbables ou les plus méconnus, voient le jour en Haute-Définition. Une bonne affaire pour des cinéastes tels que Fred Olen Ray, David DeCoteau, Jim Wynorski, Andy Sidaris, Rick Sloane, Kevin Tenney, Douglas Hickox ou Albert Band, hier méprisés, aujourd’hui largement remis sur le devant de la scène…

Si on est loin, très loin, d’en être au même point en France, Le Chat qui fume a tout de même fait le choix avec cette vague de se tourner vers le passé, quitte à exhumer de petits films que l’on n’aurait jamais cru voir débarquer en France il y a encore quelques années. Dans les 80’s, le crédo des éditions René Chateau était de nous donner à découvrir « les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Se posant dans la continuité de l’éditeur historique, Le Chat qui fume semble aujourd’hui bien déterminé à offrir au consommateur « les films que vous ne verrez jamais sur Netflix ».

Le film

[4/5]

Sorti dans les salles françaises durant l’été 1991, L’Ange de la destruction connut par la suite une petite carrière dans les vidéo-clubs, sous le titre Eve8. Le film de Duncan Gibbins avait d’ailleurs bénéficié d’une sortie assez prestigieuse en VHS à l’époque, dans le sens où le film était distribué sous les couleurs de Gaumont Columbia Tristar Home Video, un éditeur habituellement peu enclin à pourvoir de la série B aux amateurs de frissons SF et/ou horrifiques. Une trentaine d’années plus tard, le film réapparaît au catalogue d’un éditeur tout aussi prestigieux, Le Chat qui fume, sous son titre original, c’est-à-dire Eve of Destruction.

Le titre américain nous propose un jeu de mot intraduisible : Eve est la fois le nom du robot et le mot anglais pour la veille. Mais au-delà du jeu de mot, le titre original du film fait référence à une chanson très connue aux États-Unis, interprétée par Barry McGuire et sortie en 1965 : il s’agissait d’une chanson engagée dont les paroles apocalyptiques témoignaient des événements de l’époque (guerre du Vietnam, peur de l’holocauste nucléaire, mouvement des droits civiques, etc). Comme souvent à l’époque, la chanson avait été adaptée en français pour Claude François sous le titre « Ce Monde absurde ».

Pour les ados qui s’étaient régalés devant le film au début des années 90, Eve of Destruction était aussi l’occasion de découvrir l’actrice néerlandaise Renée Soutendijk, ici dans son premier rôle américain. Aujourd’hui, on la connaît surtout pour sa collaboration avec Paul Verhoeven, dans Spetters (1979) et Le Quatrième homme (1983), mais ces deux films ne sortiraient en France qu’en 1992, et pour le commun des cinéphiles, ils n’étaient connus que de réputation, et éventuellement par le biais d’une poignée de photos d’exploitation. De fait, à l’époque, Renée Soutendijk était une quasi-inconnue, que certains avaient néanmoins pu remarquer au cinéma dans La Fille aux cheveux roux (1981) ainsi que dans Out of order (1984), un sympathique petit thriller allemand se déroulant dans un ascenseur.

Dans Eve of Destruction, Renée Soutendijk incarne donc un double-rôle, façon Angel : d’un côté on aura Eve Simmons, la gentille scientifique, discrète et réservée, et de l’autre Eve VIII, le méchant cyborg conçu à son image, agressive, violente, et un peu pute sur les bords. Le contraste formel entre les deux versions du personnage n’est certes pas très subtil, mais il a le mérite d’être efficace, et permet au film de prendre ses distances avec Terminator. Face à ce robot impitoyable, Eve of Destruction met en scène Gregory Hines, virtuose des claquettes qui s’était recyclé dans le film d’action en 1986 avec Deux flics à Chicago, mais qui peine ici un peu à s’imposer en action star badass.

Pour le reste, Eve of Destruction se révélera un spectacle fort sympathique, comportant de jolis moments de tension et d’action, même si son intrigue n’a rien de très original. Derrière la caméra, le réalisateur et co-scénariste Duncan Gibbins s’en sort très bien, avec notamment une belle séquence finale dans le métro, et on notera que la topographie des lieux est bien utilisée durant les scènes d’action, et ce tout au long du film. C’est suffisamment rare pour être souligné !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Inédit en France en DVD et à plus fortes raisons en Haute Définition, Eve of Destruction s’offre donc aujourd’hui une belle édition Blu-ray sous les couleurs du Chat qui fume : on salue donc bien bas l’éditeur, qui permet donc aujourd’hui aux cinéphiles français de redécouvrir le film de Duncan Gibbins dans d’excellentes conditions. Comme les autres films de la collection, Eve of Destruction est présenté dans un boîtier plastique, qui lui assure un tarif imbattable et contribue à renforcer l’aspect « collection » autour de ces titres méconnus. Comme d’habitude cependant, le packaging a été ô combien soigné, puisqu’il bénéficie d’une maquette et d’une composition graphique toujours signée Frédéric Domont.

Côté transfert, le master est en très bon état, le piqué, les couleurs et les contrastes retrouvent une nouvelle jeunesse, tout en respectant scrupuleusement le grain argentique d’origine. Certains plans sont plus doux que d’autres, mais l’ensemble est globalement très bien tenu et d’une stabilité remarquable : du beau travail. Côté son, le constat est également très bon, puisque le Blu-ray nous propose de découvrir le film en VF et VO, les deux versions étant mixées en DTS-HD Master Audio 2.0. Comme le disait Passi dans un célèbre son d’Ärsenik à la fin des années 90, « c’est du bon taf mec et les pétasses en sont satisfaites ».

Dans la section suppléments, on retrouvera avec plaisir la désormais traditionnelle présentation du film par Damien Granger (14 minutes), rescapé de la grande époque de Mad Movies et spécialiste de la série B. Il reviendra sur les particularités du film, nous proposera un petit retour sur les femmes-robots au cinéma, et évoquera les similitudes entre Eve of Destruction et le film indonésien Lady Terminator, réalisé par Tjut Djalil (alias Jalil Jackson) en 1988. Pour vous procurer cette édition Blu-ray de Eve of Destruction, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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