Cannes 2016 : Dog eat dog – Quinzaine

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Dog eat dog

Etats-Unis, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Paul Schrader
Scénario : Paul Schrader, Matthew Wilder, d’après l’oeuvre de Edward Bunker
Acteurs : Nicolas Cage, Willem Dafoe
Distribution : Metropolitan Film Export
Durée : 1h37
Genre : Thriller, Action
Date de sortie : Prochainement

3/5

Paul Schrader a beau avoir écrit quelques chef-d’œuvres du septième art, derrière la caméra, il peine à conquérir le cœur des spectateurs depuis une vingtaine d’années. En 2014, son film La sentinelle, avec Nicolas Cage, avait été renié par les deux hommes et était sorti directement en vidéo, même aux Etats-Unis. Cependant, son nouveau film a été présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs vendredi dernier : on nous promettait un film de genre avec Nicolas Cage encore et Willem Dafoe. Quid du résultat final ?

Synopsis officiel : Trois ex-détenus vont se voir confier un travail : kidnapper le jeune fils d’un millionnaire. S’ils réussissent, 250 000 dollars chacun. S’ils échouent, ils préfèrent mourir que de retourner en prison …

Obsession(s)

Les anti-héros de Dog eat dog sont violents et vulgaires, ce sont des meurtriers, des psychopathes. Pourtant il va être assez plaisant des les suivre dans leur ultime coup, celui grâce auquel ils vont pouvoir se ranger. Le film a des allures de série B totalement assumée : il va partir dans tous les sens, miser sur la violence et les dialogues crus. C’est ainsi avec des acteurs en roue libre que l’on est embarqué dans cette histoire remplie d’humour noir, dans laquelle Paul Schrader ressasse ses obsessions : les armes (beaucoup), la drogue (un peu). Pour comparer avec un film de la Quinzaine, là où Raman Raghav 2.0. se retenait dans la violence, misant surtout sur le hors-champ, ici on a droit à une violence frontale, parfois gore, mais volontairement  exagérée à telle point qu’elle en devient drôle. Le réalisateur s’appuie aussi sur des dialogues décalés, comme le ferait un Tarantino, mais en moins impactant, car trop prévisible. Ce tourbillon de violence pourrait ainsi lasser, mais pour peu qu’on adhère à ce côté surfait, on passe globalement un bon moment. « Let’s have some fun » annonçait Schrader avant la projection ; le contrat est en partie rempli.

Artifice(s) 

Si comme moi on peut aimer le voyage proposé par Schrader, il faut tout de même reconnaître que certains points peuvent agacer. Ainsi la narration fait penser à un sous-Scorsese (période Les Affranchis / Casino, que Schrader n’a pas écrit donc). Vous avez droit à une voix off, à des flash-backs entremêlés, à du rouge explosif, à des inserts, à des situations où on joue avec des cadavres … C’est souvent maladroit, comme ce retour en arrière en noir et blanc, qui sort de nulle part, et dont on a du mal à savoir quand il se déroule. Le scénario est d’ailleurs nébuleux parfois, les scènes s’enchaînant de manière assez flou : qui est « le grec », interprété par Schrader lui-même ? Quand la scène de début se déroule-t-elle ?

Cette scène cristallise d’ailleurs à elle seule les défauts et les qualités du long-métrage. Tout en étant réussi, elle est aussi assez laide (volontairement ?) : les écrans de T.V. qui apparaissent à l’écran sont incrustés à l’arrache et Willem Dafoe en fait des tonnes. Un américain justifie que le port d’armes sert à protéger sa famille, argument désamorcé avec ironie quelques minutes plus tard. Rire général dans la salle : mission réussie, Monsieur Schrader.

Arclight_Dog%20Eat%20Dog_screen%20grabs.pdf

Conclusion

Si certaines scènes sont ratées et que le résultat ressemble à une parodie d’une image qu’on peut avoir  de Scorsese, la « laideur » du film est totalement assumée. Ses acteurs en roue libre, ses couleurs fluorescentes et son scénario qui part dans tous les sens font donc de Dog eat dog  une série B un poil foutraque, mais assez plaisante.

https://www.youtube.com/watch?v=1LJrPXWSiPU

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