Longlegs
États-Unis, Canada : 2024
Titre original : –
Réalisation : Osgood Perkins
Scénario : Osgood Perkins
Acteurs : Maika Monroe, Blair Underwood, Alicia Witt
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h41
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie cinéma : 10 juillet 2024
Date de sortie DVD/BR : 15 novembre 2024
L’agent du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes…
Le film
[4/5]
Quelle meilleure carte de visite, quand on se lance dans le cinéma d’horreur, que d’être le fils du mythique Anthony Perkins, interprète du non moins mythique Norman Bates, qui a terrorisé le monde entier dans Psychose ? C’est probablement ce qu’avaient du se dire les producteurs de February en 2015 en laissant le champ libre à Osgood Perkins, qui, depuis une petite dizaine d’années, œuvrait de ce fait tranquillement dans le domaine pas forcément si accessible du « Elevated Horror », et qui s’était creusé dans son coin un petit sillon très personnel avec des films tels que I am the Pretty Thing that lives in the House en 2016, puis Gretel & Hansel en 2020, même s’il n’était pas à l’origine du scénario de ce dernier. Longlegs est donc le quatrième long-métrage d’Osgood Perkins, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il reste fermement ancré dans la lignée du reste de son œuvre : on est en effet à nouveau en présence d’une descente aux enfers à combustion lente, bénéficiant d’un soin tout particulier pour l’image, avec des compositions de plans extrêmement soignées et dérangeantes, visant à générer une atmosphère de cauchemar éveillé à l’intensité rampante.
Le résultat est assez réussi, peut-être parce que ce voyage dans les arcanes du mal s’appuie sur des personnages solides qui permettent de faire monter – de laisser infuser en quelque sorte – l’angoisse du côté du spectateur. On a tout d’abord la jeune recrue du FBI Lee Harker (Maika Monroe), quasi-autiste mais semblant faire preuve de capacités médiumniques, et l’agent Carter (Blair Underwood), bien déterminé à utiliser les capacités psychiques de la jeune femme pour résoudre une série de meurtres sauvages s’étalant sur une vingtaine d’années et attribués à un tueur du nom de « Longlegs », qui signe ses crimes de lettres écrites sous la forme de cryptogrammes.
Ce personnage singulier, interprété par un Nicolas Cage absolument méconnaissable, on le découvrira – du moins partiellement – dans la première séquence de Longlegs, qui met en scène la rencontre entre le tueur et une jeune enfant. La narration fera ensuite un bon de vingt ans dans le temps, nous donnant à découvrir Maika Monroe dans les bureaux du FBI. Bien entendu, le fait que la petite fille de la séquence d’ouverture et l’agent Harker ne sont qu’une seule et même personne apparaîtra comme une évidence aux yeux du spectateur, mais malheureusement, Osgood Perkins pense avoir une longueur d’avance sur le public, et la narration tardera un poil trop à nous révéler l’évidence, tournant autour du pot avant de nous introduire le personnage de la mère de Lee, Ruth (Alicia Witt), qui vit seule dans leur grande maison familiale.
En dépit d’un script qui, par moments, croit être plus intelligent que le public (on comprend mal par exemple comment, en l’espace de vingt ans, aucun expert du FBI n’est parvenu à déchiffrer les cryptogrammes du tueur), il faut cependant admettre que Longlegs est un beau morceau de thriller flirtant avec l’horreur et le fantastique. Les apparitions de Nicolas Cage, qui affiche ici un look évoquant un obscur mélange Halloween-esque entre Sylvie Vartan et Mickey Rourke, sont à la fois glaçantes et excentriques, et le mystère autour des meurtres est bien tenu, s’étoffant un peu plus lors de la découvertes d’étranges poupées sur les scènes de crime. Bien entendu, la réussite du film tient davantage à l’atmosphère qu’il développe qu’à sa narration, mais dans la maîtrise de l’ambiance, Longlegs démontre en tous points le savoir-faire d’Osgood Perkins. De fait, on suppose que son prochain film, The Monkey, qui se base sur une nouvelle très courte de Stephen King, devrait lui laisser tout le loisir de développer le récit d’origine en laissant libre-cours à ses idées folles.
On notera par ailleurs que la campagne promotionnelle autour de Longlegs a été absolument remarquable, ne lâchant au public que courts extraits, des images et des messages codés sans rien révéler sur l’intrigue du film : les vidéos promotionnelles mises en ligne sur YouTube ont accumulé 30 millions de vues et le buzz est allé grandissant jusqu’à la sortie du film, qui fut acclamé par la critique du monde entier et a rapporté plus de 100 millions de dollars à l’international. Ce succès inattendu a fait de Longlegs le film indépendant ayant rapporté le plus d’argent de l’année 2024, et a permis au nom de Osgood Perkins de devenir la nouvelle référence dans le domaine de l’horreur. On espère qu’il parviendra à maintenir sur lui l’attention et les regards du public, contrairement à, par exemple, David Robert Mitchell, qui s’est complètement effondré après It Follows, et se voit aujourd’hui obligé d’en tourner une suite, They Follow, dont on vous parlera sans doute d’ici quelques mois dans la section vidéo.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Longlegs édité par Metropolitan Vidéo vient tout juste de débarquer au format Blu-ray, ce qui permettra une séance de rattrapage aux spectateurs n’ayant pu le découvrir dans les salles (173.000 spectateurs sur 200 copies) à cause de la concurrence des Minions qui trustaient quant à eux plus de 800 copies en France. Comme d’habitude avec l’éditeur, la conception des menus a été pensée afin de coller à l’esprit du film, et ce dernier est bien sûr proposé en 1080p, le piqué est précis, les couleurs explosives et l’ensemble compose de toutes façons avec un master récent et fort logiquement flambant neuf. En un mot, c’est du tout bon, et ce n’est pas la partie son qui mettra l’éditeur en porte à faux puisque les deux versions (VF / VO) nous sont proposés dans de puissants et atmosphériques mixages DTS-HD Master Audio 5.1, fins, parfaitement enveloppants, dynamiques et vraiment punchy, avec des effets multidirectionnels dans tous les coins. L’ampleur et le dynamisme sont au rendez-vous dans les deux cas, mais on notera une supériorité de la VO sur sa petite sœur française, pour de simples raisons artistiques (ce qui est souvent le cas quand il s’agit de films aux partis-pris esthétiques très forts).
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un commentaire audio du scénariste et réalisateur Osgood Perkins (VO). Celui-ci y reviendra sur tous les aspects du film avec volonté et bonne humeur, et sans fausse modestie, comparant par exemple son générique de début aux œuvres de Josef Albers ou d’Andy Warhol. Au détour d’autres séquences, il citera ses influences conscientes : Le Silence des Agneaux, Se7en, Chromosome 3 (pour la veste rouge de la petite fille), Harold et Maude, Le Lauréat ou My Own Private Idaho. Il reviendra également sur l’histoire en elle-même, sur les scènes de meurtres, les personnages, les performances d’acteurs… Parmi les anecdotes amusantes, il révélera avoir décalé l’année où se déroule le film de 1992 à 1993 afin de ne pas avoir à afficher des photos de George Bush dans les bureaux du FBI, on apprendra que la jeune fille à la caisse de la quincaillerie est la fille du réalisateur, Beatrix Perkins, que le pseudo du compositeur de la musique du film, Zilgi, cache en réalité son frère cadet Elvis Perkins, et que la chanson qui passe à la radio après que Harker quitte la maison de Carter a été écrite et interprétée par Melody Carrillo, la femme d’Osgood Perkins. On continuera ensuite par une série d’entretiens avec l’équipe du film : avec Maika Monroe tout d’abord (4 minutes), puis avec Blair Underwood (5 minutes), qui reviendront sur leur relation à leur personnage ainsi que sur leurs rapports avec le réalisateur. En revanche, on vous déconseille de visionner l’entretien avec Alicia Witt (4 minutes) avant d’avoir vu le film, car cette dernière en révèle beaucoup, beaucoup trop sur son personnage. On terminera enfin par un entretien avec Osgood Perkins (6 minutes), qui reviendra sur les grands traits de l’intrigue et sa volonté de se placer dans les traces du Silence des Agneaux. On enchaînera avec les fascinants teasers et bandes-annonces ayant servi à la très efficace promo du film, ainsi qu’avec une galerie photos (3 minutes), et pour terminer, Metropolitan nous propose une large sélection de bandes-annonces éditeur (28 minutes). Pour ceux qui veulent tricher au jeu de celui qui reconnaît la bande-annonce le plus rapidement, il s’agit des films suivants : Regression, The Bye Bye Man, It follows, Demonic, Horns, Instinct de survie, Terreur, The Ward : L’Hôpital de la terreur, Suspiria, Les Intrus, Esther 2 : Les Origines, Imaginary, Immaculée, Le Secret des Marrowbone et The Strangers.