Test DVD : Natacha (presque) hôtesse de l’air

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Natacha (presque) hôtesse de l’air

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Noémie Saglio
Scénario : Noémie Saglio, Laurent Turner
Acteurs : Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon
Éditeur : Pathé
Durée : 1h30
Genre : Comédie, Aventures
Date de sortie cinéma : 4 octobre 1973
Date de sortie DVD : 6 août 2025

Depuis sa plus tendre enfance, Natacha est bien décidée à devenir hôtesse de l’air pour voyager et découvrir le monde. Quand elle se retrouve mêlée malgré elle au vol de la Joconde, elle y voit l’opportunité de réaliser enfin son rêve. Accompagnée d’un steward maladroit, elle traverse la France et l’Italie dans une course-poursuite qui pourrait bien changer sa vie…

Le film

[4/5]

En début d’année dernière, on s’était réjoui de la présence de Camille Lou au casting de Chasse gardée, une comédie réussie qui avait réuni presque deux millions de français dans les salles obscures autour de la lutte séculaire opposant les gens de la ville à ceux de la campagne. L’actrice de 33 ans, révélée en 2011 par la comédie musicale 1789 : Les Amants de la Bastille, était jusqu’alors considérée comme un véritable « Chat noir » pour le box-office français. Elle avait en effet enchaîné les comédies (Play en 2019, Pourris gâtés en 2021, Notre tout petit petit mariage en 2023) qui, si réussies qu’elles puissent être, s’étaient ramassé de sacrées tôles au cinéma. A n’en point douter, c’est le triomphe du film de Frédéric Forestier et Antonin Fourlon qui lui a permis cette année d’obtenir le premier rôle de Natacha (presque) hôtesse de l’air, un rôle qui aurait pu – qui aurait dû – lui permettre d’atteindre enfin cette reconnaissance (méritée), de la part du « métier » tout autant que de celle du public.

Mais début avril, patatras ! Sorti (trop) discrètement sur un circuit pourtant relativement confortable de 406 salles, Natacha (presque) hôtesse de l’air s’est mangé de plein fouet la concurrence américaine de Minecraft – Le Film, et n’est parvenu à attirer dans les salles qu’un peu moins de 102.000 français. Le film de Noémie Saglio est pourtant une adorable petite sucrerie, digne de concourir au titre de meilleure comédie française de l’année. Cet échec cuisant s’impose comme une très mauvaise nouvelle, non seulement pour la carrière au cinéma de Camille Lou, mais également pour l’avenir des adaptations de bandes dessinées des éditions Dupuis. Les éditions Dupuis, qui comptent parmi les plus grands géants de la bande dessinée franco-belge, ont depuis quelques années maintenant entrepris de monter une poignée d’adaptations cinématographiques de leurs plus gros succès de librairie, en partenariat avec leurs auteurs évidemment.

Ainsi, on a déjà pu voir sur les écrans des adaptations de Largo Winch, Boule et Bill, Zombillénium, les Schtroumpfs, Tamara, Seuls, Lucky Luke, Charly (adapté sous le titre L’Avion par Cédric Kahn en 2005), Michel Vaillant, le Marsupilami, Benoît Brisefer, Tamara, Les aventures de Spirou et Fantasio, Gaston Lagaffe ou encore Le Petit Spirou, mais aucun de ses films n’a de lien avec les autres. Aujourd’hui, Natacha, l’hôtesse de l’air créée par Walthéry et Gos en 1970, vient s’ajouter à la liste grâce à Natacha (presque) hôtesse de l’air. On ne peut dès lors s’empêcher de penser que les éditions Dupuis auraient pu, depuis un moment déjà, prendre la main sur le développement des films adaptés de leur catalogue afin de créer, à l’image de Marvel et DC Comics aux États-Unis, un univers cinématographique étendu autour de ces différentes séries. Cela aurait évidemment pu apporter une certaine cohérence à cette poignée de films, qui se suivent sans jamais oser créer de passerelles et/ou de correspondances d’un film à l’autre.

La création d’un Dupuis Extended Universe pourrait, en plus de donner une excellente visibilité à tout un pan encore trop méconnu et trop mésestimé de la bande dessinée franco-belge, « fidéliser » le public et l’amener à découvrir des personnages ou des séries qu’il ne connaissait à priori que de nom. De plus, comme aux États-Unis, la création d’un tel projet pourrait amener une « émulation » qui inciterait d’autres éditeurs à se lancer également dans la grande aventure cinématographique (Dargaud, Glénat, Le Lombard…), et dans l’absolu, elle permettrait aux films d’obtenir plus facilement des coproductions internationales, puisqu’on imagine qu’un véritable engouement pourrait se créer autour de la BD franco-belge, en Europe bien sûr, mais également peut-être au-delà. Tout cela ne sera jamais qu’un vœu pieux malheureusement, parce que chez nous, les personnages appartiennent à leurs créateurs, et que par conséquent, Natacha évolue à priori dans un univers différent de celui de Spirou. Mais qui sait, un jour peut-être tout cela évoluera-t-il ?

C’est d’autant plus certain qu’un film tel que Natacha (presque) hôtesse de l’air s’avère vraiment une excellente comédie, flirtant gentiment avec le décalage d’un OSS 117 et nous proposant un excellent dosage entre l’humour et l’aventure. Disons que ce dosage est à peu près à 2/3 d’humour et 1/3 d’aventures, mais on n’en attendait pas moins que la réalisatrice Noémie Saglio, également coscénariste du film avec Laurent Turner. Révélée par la série TV Connasse, qu’elle avait créé pour Canal+ en 2013, Noémie Saglio avait par la suite fait forte impression en signant le scénario de Daddy Cool en 2017, ainsi qu’avec Parents d’élèves en 2020, qu’elle avait également réalisé. Avec Natacha (presque) hôtesse de l’air, elle retrouve Vincent Dedienne, qui compose une composition formidable dans la peau de Walter, le steward maladroit et geignard qui accompagne Natacha dans ses aventures.

Le scénario de Natacha (presque) hôtesse de l’air s’inspire « librement » du septième album de la série Natacha, « L’Hôtesse et Monna Lisa », paru en 1977, mais il sera surtout l’occasion pour Noémie Saglio et Laurent Turner de s’amuser de l’atmosphère sociale des années 60, et en particulier de sa misogynie galopante. Beaucoup de gags fonctionnent en référence avec l’époque contemporaine, ou s’amusent à briser le quatrième mur (notamment avec ses personnages qui invectivent la voix off), et l’ensemble est régulièrement très drôle. Bref, si les puristes et les amoureux de la bande dessinée d’origine ne pardonneront peut-être pas à Noémie Saglio et Laurent Turner les libertés qu’ils ont prises par rapport à l’histoire du personnage, l’humour et le rythme de l’ensemble emporteront probablement les spectateurs un peu moins familiers avec les aventures de Natacha telles qu’elles ont été publiées par Dupuis depuis un peu plus de soixante ans.

Cependant, le personnage créé par François Walthéry et Gos est globalement respecté, et sa version cinématographique est tout à fait attachante. Le public contemporain découvrira donc dans Natacha (presque) hôtesse de l’air une héroïne moderne et plus féministe qu’elle n’en a l’air, doublée d’une célibataire endurcie pleine d’esprit. Époque oblige, le côté « pin-up » de Natacha a en revanche été entièrement gommé, et on ne pourra que déplorer cette décision, une poignée de plans iconiques et rétro auraient probablement été du meilleur effet, d’autant que la photo du film signée Nicolas Massart (Sous la Seine, Irréductible) est extrêmement soignée. Mais ce n’est qu’un détail, qui ne devrait logiquement pas vous gâcher le plaisir à la découverte de cette comédie, portée par Camille Lou et Vincent Dedienne, mais également avec Didier Bourdon, Baptiste Lecaplain, Elsa Zylberstein, Antoine Gouy et la participation d’Isabelle Adjani et Fabrice Luchini.

Le DVD

[4/5]

N’ayant attiré qu’un peu moins de 102.000 spectateurs dans les salles obscures, Natacha (presque) hôtesse de l’air ne bénéficie logiquement pas de sortie au format Blu-ray. Le consommateur français tout autant que les amoureux(ses) de Camille Lou et/ou des bandes dessinées de Walthéry devront donc se contenter d’une édition DVD, qui débarque aujourd’hui sous les couleurs de Pathé. L’éditeur s’acquitte de son boulot de façon sobre et efficace, avec un DVD allant à l’essentiel, et composant de façon adroite avec les limites d’un encodage en définition standard. L’image est propre, le piqué assez précis et les couleurs naturelles : c’est parfait. Côté son, la VF est naturellement proposée en Dolby Digital 5.1, et bénéficie d’un mixage dynamique et très immersif, faisant la part belle aux ambiances. On notera par ailleurs que Jour2fête nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, sobre mais efficace, et qui s’avérera plus cohérent si vous visionnez le film sans Home Cinema. Du beau travail !

Du côté de la section suppléments, l’éditeur Pathé nous propose une série d’entretiens croisés avec Noémie Saglio, Camille Lou, Vincent Dedienne et Elsa Zylberstein (16 minutes). Noémie Saglio révélera qu’elle essayait de monter une adaptation cinématographique de Natacha depuis une quinzaine d’années, ce qui sera confirmé par Vincent Dedienne, qui se remémore l’avoir entendu évoquer le sujet sur le tournage de Parents d’élèves. Camille Lou et Vincent Dedienne avoueront ne pas connaître la bande dessinée d’origine, et Elsa Zylberstein se réjouira de la tonalité « OSS 117 » au féminin apportée au projet. Ils évoqueront également l’esthétique du film (photo, production design) et le soin apporté au « HMC » (habillage, maquillage, coiffure), qui permet à Natacha (presque) hôtesse de l’air de donner l’illusion d’avoir coûté beaucoup plus que son budget réel. On terminera le tour des bonus avec une featurette intitulée « Un jour sur le tournage » (8 minutes). On y découvrira les dessous du tournage de la scène du tarmac, avec des images du plateau entrecoupées d’entretiens avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon et Noémie Saglio.

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