Test DVD : Pourris gâtés

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1999

Pourris gâtés

France : 2021
Titre original : –
Réalisateur : Nicolas Cuche
Scénario : Nicolas Cuche, Laurent Turner
Acteurs : Gérard Jugnot, Camille Lou, Artus
Éditeur : TF1 Studio
Durée : 1h27
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 15 septembre 2021
Date de sortie DVD : 26 janvier 2022

Paresseux, capricieux, fêtards, les trois enfants de l’homme d’affaires Francis Bartek ne font rien de leur vie, à part dépenser l’argent que leur père a durement gagné. Lassé par leur comportement, celui-ci leur fait croire qu’ils sont totalement ruinés, les forçant ainsi à faire l’impensable : travailler…

Le film

[3,5/5]

Un fauteuil pour deux (1983), Un couple à la mer (1987), L’apprentie domestique (1987), Chienne de vie (1991), Family Man (2000), The Simple Life (2003-2007), From Prada to Nada (2011)… Nombreux sont les exemples de comédies mettant en scène des personnages riches et gâtés par l’existence obligés de faire face à une pauvreté soudaine. La plupart du temps, ces films s’imposent comme autant de « contes moraux », qui permettront aux personnages qu’ils mettent en scène de recentrer leurs existences respectives autour de toutes ces valeurs humaines que l’argent n’achète pas : famille, amour, etc. Une morale à la Dickens que l’on retrouverait également au cœur de la comédie mexicaine Le Grand noceur (Luis Buñuel, 1949), qui ferait l’objet d’une adaptation modernisée en 2013 sous le titre Nosotros los Nobles, au cœur de laquelle un homme d’affaires fortuné décidait de couper les vivres à ses trois enfants pourris-gâtés.

Avec des recettes avoisinant les 357 millions de pesos mexicains (soit plus de 400 millions de dollars), Nosotros los Nobles s’imposa comme un immense succès populaire au Mexique en 2013. Naturellement, le film attira dès lors l’attention de plusieurs producteurs à travers le monde, et les remakes commencèrent à fleurir, tout d’abord en Italie en 2015 (Belli di papà), puis en Colombie en 2016 (Malcriado$), puis, finalement, en France avec Pourris gâtés (2021). La référence au film original est bien camouflée au générique, et aucun des membres de l’équipe invités sur les divers plateaux TV pendant la promo du film ne fit la moindre référence au fait que Pourris gâtés est un remake.

Il faut dire aussi qu’en France, on a toujours un peu de mal avec la notion de « remake » au cinéma. Dans le pays des frères Lumière et de la Nouvelle Vague, l’idée de reproduire une œuvre d’Art en provenance d’un autre pays a toujours entraîné avec elle un vague sentiment de honte ou d’illégitimité. Peut-être ce sentiment est-il lié à la crainte que les réseaux sociaux tout-puissants ne se mettent à hurler au plagiat ? On l’ignore, mais le fait est que la nature d’adaptation des différents remakes sortis sur les écrans français depuis de nombreuses années est souvent dissimulée au public, comme si les auteurs de ces plagiats légalisés n’assumaient pas d’aller chercher leur inspiration au-delà des frontières de l’hexagone.

En dépit de sa nature de remake, Pourris gâtés s’inscrit d’ailleurs tout à fait dans le schéma typique de la comédie française de ces dix dernières années : au-delà du discours sur l’argent, qui n’est finalement qu’effleuré, les thèmes abordés ici traiteront surtout de conflit entre les générations et de l’esprit de famille au sens large. Légère et volontiers vacharde, la comédie de Nicolas Cuche s’avère parfaitement efficace dans son genre, surtout dans la description qu’il nous propose des trois jeunes gens au centre de l’intrigue, riches et totalement insupportables, représentant chacun à sa manière les dérives les plus indécentes de la société de consommation.

Et si les trois personnages de Pourris gâtés se révèleront finalement plus attachants qu’ils n’en avaient l’air au premier regard, c’est en grande partie grâce au talent de leurs interprètes, qui parviennent à trouver un bon équilibre entre la justesse et la caricature. Comme d’habitude, c’est l’acteur et humoriste Artus qui tire le mieux son épingle du jeu, en composant un personnage vraiment humain, à l’esprit vif et au grand cœur, même si sa créativité se limite – durant la première partie du film du moins – à ses petits problèmes d’enfant gâté, et semblent déconnectés de la réalité. A ses côtés, Camille Lou (Le Bazar de la charité) campe une blogueuse plus vraie que nature, et l’inconnu Louka Meliava (Un moment d’égarement) fait également preuve d’une belle sensibilité derrière ses allures de beau gosse.

Entre les gags, les trois héros de Pourris gâtés recevront donc une petite leçon d’humilité par l’intermédiaire de leur père (Gérard Jugnot), qui à son tour recevra en fin de métrage une leçon d’éducation de la part de ses gamins. La morale est sauve, donc, et le film est suffisamment rythmé et drôle pour remporter l’adhésion : la dynamique familiale est réussie, l’ébauche de commentaire social est intéressante, et le casting fait le reste, même si, bien sûr, quelques petits raccourcis narratifs pourront éventuellement vous gâcher le plaisir.

On pense en effet à la vitesse avec laquelle les personnages au centre de Pourris gâtés parviendront à s’adapter à leur nouvel environnement : passées les premières embûches, on aura en effet l’impression que ces derniers abandonnent complètement leur mode de vie superficiel pour en adopter un autre – lui étant diamétralement opposé – en l’espace de quelques jours seulement, comme si la seule prise de conscience de leurs erreurs permettait de tirer un trait sur 25/30 ans de vie dans une bulle dorée. De la même façon que la déchéance sociale des personnages du film des Inconnus Les Trois frères nous était présentées de façon si abrupte qu’elle paraissait se dérouler sur 48 heures de temps, la reprise en main de leur destin par les trois énergumènes de Pourris gâtés semble bien peu réaliste, et ternit un peu la portée d’un final pourtant authentiquement émouvant, notamment grâce à la prestation de Gérard Jugnot.

Le DVD

[4/5]

Malgré sa facture technique pour le moins solide et les jolies images nous ayant été concoctées par Nicolas Cuche et son directeur photo Tristan Tortuyaux, Pourris gâtés ne sortira malheureusement pas au format Blu-ray, mais uniquement en DVD, sous les couleurs de TF1 Studio. La faute sans doute aux 442.000 entrées qu’il a enregistré dans les salles obscures en France – un score un peu trop modeste, même si le film s’est depuis largement rattrapé : disponible sur Netflix sur le territoire américain début décembre, Pourris gâtés cumulerait 10 millions de vues sur la plateforme, rien que durant son premier week-end…

Nul n’est prophète en son pays, et pour découvrir le film en Haute-Définition, les français devront également attendre que ce dernier débarque sur Netflix France. En attendant, il faut avouer que TF1 Studio est un éditeur parfaitement rodé au format DVD, et nous propose une nouvelle fois un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent avec les limites d’un encodage en définition standard. Le piqué manque de précision, et les couleurs auraient mérité un upgrade, mais faute de mieux, on s’en contentera pour le moment. Côté son, c’est du très classique (mais solide) Dolby Digital 5.1, dynamique et équilibré : le spectateur bénéficiera d’un mixage très immersif, particulièrement remarquable durant la grosse séquence de fête au début du film.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose une série d’entretiens avec l’équipe du film (29 minutes). Nicolas Cuche, Gérard Jugnot, Camille Lou, Artus, Louka Meliava et Tom Leeb y reviendront sur l’intrigue du film, les personnages, ainsi que sur de nombreux petits points de détail dans la joie et la bonne humeur. Gérard Jugnot fera un parallèle entre son personnage dans le film et le père qu’il s’est efforcé d’être dans la vraie vie quand son fils Arthur lui a annoncé son désir de devenir acteur. Camille Lou évoquera sa double casquette de chanteuse / comédienne. Artus se remémorera les bons moments passés sur le tournage, comme les parties de pétanque avec l’équipe, mais également les moins bons : il s’est en effet « pris une droite, gratos, sur le vieux port », qui lui a valu un nez cassé. Louka Meliava évoquera sa grande admiration pour Gérard Jugnot. Tom Leeb reviendra sur la façon dont il a travaillé son fameux accent espagnol. Enfin, Nicolas Cuche ne tarira pas d’éloges sur le talent d’actrice de Camille Lou, qu’il avait rencontré sur le tournage de la série TV Les Bracelets rouges, créée par le cinéaste en 2018 et remake de la série catalane Polseres vermelles.

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