Test DVD : La nonne

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La nonne

 
États-Unis : 2018
Titre original : The nun
Réalisateur : Corin Hardy
Scénario : Gary Dauberman
Acteurs : Demian Bichir, Taissa Farmiga, Jonas Bloquet
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h32
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 19 septembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 23 janvier 2019

 

Quand on apprend le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye roumaine, la stupéfaction est totale dans l’Église catholique. Le Vatican missionne aussitôt un prêtre au passé trouble et une novice pour mener l’enquête. Risquant leur vie, les deux ecclésiastiques doivent affronter une force maléfique qui bouscule leur foi et menace de détruire leur âme. Bientôt, l’abbaye est en proie à une lutte sans merci entre les vivants et les damnés…

 


 

Le film

[3,5/5]

Début 2016, on avait découvert avec un enthousiasme non feint Le sanctuaire, premier long-métrage et premier chef d’œuvre à mettre à l’actif de Corin Hardy, qui se révélait d’entrée de jeu comme l’un des noms avec lesquels le cinéma d’horreur contemporain devrait désormais compter. Hommage à peine dissimulé aux grands films d’épouvante de la Hammer, le film était une véritable perle gothique, dont on ne s’est pas encore remis. Dans les salles françaises, Le sanctuaire s’était retrouvé en face à face avec Conjuring 2, et avait forcément du s’incliner face à la domination du film de James Wan, qui bénéficiait d’un parc de salles beaucoup plus important et d’un budget promo autrement plus conséquent également. Deux ans plus tard, la « boucle est bouclée » en quelque sorte, puisque c’est Corin Hardy lui-même qui réalise La nonne, film d’horreur dérivé de la franchise Conjuring.

Le constat est sans appel, autant qu’immédiat : La nonne ne permettra pas à Corin Hardy de réitérer l’exploit de son premier film, pour la simple et bonne raison qu’écrasé par le système des « studios » Hollywoodiens, le cinéaste n’est pas parvenu à imprimer sa « marque » au film qui nous intéresse aujourd’hui. Pour autant, La nonne a de beaux restes, et se révélera par exemple beaucoup plus réussi et intéressant que les deux épisodes d’Annabelle (2014 / 2017), également dérivés de la saga Conjuring. La grande réussite de La nonne se situe au niveau visuel : les décors sont littéralement extraordinaires, de l’église roumaine au cimetière attenant, tout est réellement de toute beauté. L’ambiance nocturne est également tout particulièrement efficace, avec ses lanternes et sa brume omniprésente qui rappellent à nouveau évidemment les grands chefs d’œuvres gothiques produits par la Hammer durant les années 50/60. On notera également une utilisation plutôt habile de la profondeur de champ, qui nous rappelle constamment à quel point Corin Hardy est un formaliste génial, mais tend finalement ici surtout à nous rappeler à côté de quel « grand film » d’horreur nous sommes en train de passer.

Parce que paradoxalement, la sauce ne prend jamais vraiment, on a du mal à s’impliquer en tant que spectateur, à se sentir réellement « concerné » par ce qui se passe à l’écran. La nonne fonctionne certes à intervalles réguliers, mais le miracle ne se reproduit jamais réellement, la faute probablement à la trop petite marge de liberté artistique accordée au cinéaste, autant qu’aux impératifs d’un produit horrifique un peu trop « formaté » pour convaincre à 100%. Pour autant, la grande réussite esthétique du film poussera probablement les nombreux amoureux du genre à ne pas se montrer aussi sévère que notre chroniqueur Tobias Dunschen, qui avait exprimé ses réserves quant aux ficelles usées qu’utilisait le film :

« Le cinéma d’horreur actuel a-t-il encore le potentiel de se renouveler ou bien se complaît-il simplement dans une boucle sans fin des mêmes recettes éprouvées ? Pareille interrogation doit être permise face à un film tel que La nonne, certes efficace dans la création de sursauts, qui produisent à leur tour une chair de poule de façon passagère, mais en même temps horriblement conventionnel et prévisible. (…) Les portes qui grincent, les lampes et autres bougies qui s’éteignent comme si elles étaient soufflées par la magie noire incarnée, ainsi que les visages des bonnes sœurs soigneusement couverts par leur habit jusqu’à ce qu’on découvre in extremis leurs grimaces grotesques … ou pas : les éléments ne manquent pas pour nous mijoter une alternance percutante entre l’enchantement mêlé d’appréhension et l’avènement de nos pires cauchemars. (…)

Grâce au trait forcé, le divertissement est donc sauf. Mais à quel prix ? Sans doute à celui du spectacle sans âme, un enchaînement incessant de chocs perturbateurs au sein duquel il serait inutile de rechercher une conviction religieuse sous quelque forme que ce soit. Il appartient par conséquent aux acteurs de conférer un minimum de sérieux à cette montagne russe superficielle, une tâche dont Demian Bichir et Taissa Farmiga s’acquittent malgré tout convenablement. Leurs personnages respectifs, le prêtre exemplaire qui craint d’avoir fait preuve de trop de zèle dans le passé et cherche à se racheter par cette nouvelle mission perdue d’avance et la novice encore passablement idéaliste au début mais dont les grands yeux s’emplissent progressivement de terreur au fur et à mesure qu’elle devient l’enjeu à la fois principal et bancal de l’histoire, ne se distinguent certes pas par leur originalité. Ils servent par contre de repère à peu près solide dans le contexte du marasme abracadabrant dans lequel le récit a une fâcheuse tendance à s’engager. »

On rejoint globalement Tobias (cliquez ici pour découvrir son article dans sa totalité) sur les faiblesses et le manque de surprises au cœur du scénario imaginé par Gary Dauberman. Néanmoins, la direction artistique générale, la réalisation inspirée de Corin Hardy et la photo superbe de Maxime Alexandre (collaborateur régulier d’Alexandre Aja) nous incitent à d’avantage de clémence. Il y a même de fortes probabilités pour qu’on finisse, à force de repenser aux superbes tableaux visuels proposés par le film, par lui redonner sa chance d’ici quelques années !

 

 

Le DVD

[4/5]

Véritable tuerie atomique d’un point de vue formel, La nonne fait partie de ces films qui prennent toute leur valeur en Blu-ray : avec son remarquable travail sur l’image, le film constituerait à priori le candidat idéal à la soirée Blu-ray ou Blu-ray 4K UHD réussie. Malheureusement, l’éditeur n’a pu nous fournir pour cette fois qu’une version DVD du film : aussi gardera-t-on à l’esprit que le film de Corin Hardy ne trouvera son « essence » véritable qu’en Haute Définition.

Le DVD édité par Warner bros. est à l’image de ce que nous offre l’éditeur depuis des années en matière d’encodage sur support à définition standard : bien rôdé au support et à ses limites intrinsèques, Warner nous propose sur cette galette de La nonne une définition sans faille, alliée à une précision de tous les instants et à une colorimétrie tout à fait satisfaisante, dans les limites d’un encodage en MPEG-2 bien entendu – le film se déroule essentiellement de nuit, avec de fréquents éclairages rouge vif qui ne « passent » finalement qu’assez moyennement en définition standard. Côté son, VF et VO sont proposée dans des mixages Dolby Digital 5.1 très enclins à nous proposer des passages acoustiques littéralement tonitruants : la spatialisation est excellente, et le film s’y prête tout à fait avec ses nombreux « jump-scares » qui vous feront sauter au plafond.

Du côté des suppléments, et comme d’habitude avec l’éditeur, le gros de l’interactivité s’est fait la malle sur l’édition Blu-ray du film, et ne sera représentée que de façon très maigre sur le DVD du film : on ne trouvera ici en tout et pour tout qu’une featurette promotionnelle d’environ cinq minutes revenant sur le personnage de la nonne, présenté comme une nouvelle « icône de l’horreur ». On y découvrira quelques propos de Corin Hardy, James Wan, Gary Dauberman, mais également de Bonnie Aarons, qui prête son physique pour le moins atypique à ce personnage de nonne maléfique.

 

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