Critique : L’Amour ouf

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L’Amour ouf

France, Belgique : 2024
Réalisation : Gilles Lellouche
Scénario : Gilles Lellouche, Audrey Diwan, Ahmed Hamidi, d’après le roman de Neville Thompson
Interprètes : Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah
Distribution : StudioCanal
Durée : 2h40
Genre : Comédie, Romance, Thriller
Date de sortie : 16 octobre 2024

3.5/5

Synopsis : Les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur…

Comédie romantique et thriller violent

Lorsque le budget d’un film atteint 36 millions d’Euros et que ce même film enferme les spectateurs pendant 2 heures et 40 minutes, il paraît infiniment souhaitable pour le réalisateur, les producteurs, les distributeurs et ces mêmes spectateurs qu’il satisfasse la plus grande partie du public. L’Amour ouf ayant été retenu parmi les films en compétition pour la Palme d’or au dernier  Festival de Cannes, on peut penser qu’il n’a pas laissé indifférent(e)s celles et ceux qui l’ont sélectionné : bon signe ! Le film est reparti bredouille : est-ce mauvais signe, docteur ? Pas vraiment : nombreux sont les films qui ont été primés à Cannes et qui n’ont pas trouvé leur public, alors que de nombreux films repartis les mains vides ont cartonné au Box Office. Et, maintenant, est-il possible de deviner quel accueil le public des salles va faire à L’Amour ouf ? Sachant que, il y a 6 ans, Le Grand bain, le film précédent de Gilles Lellouche, le premier réalisé en solo, avait largement dépassé les 4 millions d’entrée et avait, semble-t-il, satisfait la plupart des spectateurs, il n’est pas interdit de penser que nombreux sont ceux qui, parmi eux, vont prendre le chemin de leur salle de cinéma pour aller voir L’Amour ouf et, ce faisant, se retrouver face à … un film très différent de Le Grand bain.

Alors que Le Grand bain semblait hésiter tout du long entre le registre de la comédie et celui du film pathétique sur des hommes pathétiques, L’Amour ouf, film beaucoup plus ambitieux par ailleurs, s’affiche fièrement, sans hésitation, dans deux registres très différents : la comédie romantique et le thriller par moment particulièrement violent. La comédie romantique, c’est l’histoire d’amour entre Jackie et Clotaire, une histoire commencée au collège dans les années 80 entre une fille et un garçon qui, à part le fait de vivre dans la même ville portuaire du nord de la France, ont peu de points communs : Jackie est issue d’un milieu bourgeois, Clotaire d’un milieu prolo, Jackie est brillante à l’école, Clotaire lâche très vite les études. Mais, que voulez vous, l’amour, quand il frappe, n’a que faire de ces différences, surtout quand il est « ouf ». Le thriller, c’est ce qu’apporte au film le vécu de Clotaire, lequel, ayant glissé vers la délinquance au sein d’une bande de malfaiteurs, va se retrouver en prison durant une dizaine d’années pour le meurtre d’un garde qu’il n’a pas commis et, à sa sortie de prison, va vouloir retrouver Jackie, désormais mariée à un autre homme, et se venger de ceux qui l’ont conduit derrière les barreaux en le manipulant.

En amoureux du cinéma qu’il est, Gilles Lellouche s’est complètement lâché dans ce film qu’il ambitionnait de réaliser depuis longtemps, en fait déjà bien avant qu’il ne réalise Le Grand bain. Il ne fait pas mystère de s’être inspiré de West Side Sory et de films de Scorsese, des noms auxquels il n’est pas interdit de rajouter ceux de John Woo auquel on pense pour la façon de filmer la violence comme s’il s’agissait d’une chorégraphie et de Paul Thomas Anderson pour l’utilisation de couleurs parfois saturées. Il s’est complètement lâché et force est de reconnaître qu’il a plutôt bien réussi ce film entrepris avec un appétit pantagruélique même si, dans la deuxième partie, l’extrême violence de certaines scènes n’était pas absolument indispensable.

Gilles Lellouche s’est également lâché dans la distribution de son film, n’hésitant pas à convoquer de nombreux interprètes habitués aux premiers rôles pour leur donner des rôles secondaires. En effet, aux côtés de Mallory Wanecque (Les pires, Comme un prince et Pas de vagues) qui interprète Jackie à 15 ans, de Malik Frikah, Clotaire à 17 ans, de Adèle Exarchopoulos et François Civil, Jackie et Clotaire 12 ans plus tard, on retrouve entre autres, excusez du peu, Alain Chabat, Benoit Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Elodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard et Anthony Bajon.  Après un tel film, on est presque obligé de se demander ce que Gilles Lellouche pourra faire dans le prochain : aller plus loin encore dans la démesure parait difficile, revenir en arrière serait un exercice délicat, avec le risque de ne pas être compris !

3 Commentaires

    • Même si j’ai bien aimé ce film, votre déception ne me surprend pas. Je suppose que vous aviez vu « Le grand bain » : qu’en aviez vous pensé ? Personnellement, je n’avais guère apprécié ce premier long métrage de Gilles Lellouche et j’ai été plutôt agréablement surpris par « L’amour ouf ». Il est fort possible que ce soit le contraire pour celles et ceux qui avaient apprécié « Le grand bain » !

    • Je suis allé voir le film hier en avant première à Charleville Mézières. Le film est ambitieux et très réussi, une parfaite maîtrise,de beaux jeux d’acteurs,une bande son géniale, il va plaire au public, je suis ressorti enchanté après 2h40 qui passent très bien.

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