Cloclo, la critique contre

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Exclusivement par voie statutaire suite mutation

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

Icône pop des années 60-70, Claude François n’avait pas encore eu droit à une adaptation cinématographique digne de ce nom, malgré un Podium décalé, mais apprécié. Florent Emilio Siri, réalisateur de L’ennemi intime et de Nid de guêpes, propose un Cloclo de l’intime comme on ne l’avait que peu vu auparavant. Le chanteur populaire fera-t-il un carton en salle ?

Synopsis : La vie de Claude François, icône populaire au destin hors du commun : de sa jeunesse idyllique à Alexandrie, son départ douloureux avec sa famille vers la France, au succès qu’il trouvera enfin, à force de travail et d’obstination. Cloclo est l’histoire d’une des plus grandes vedettes française du show-business qui n’a jamais cessé de fasciner et dont les tubes sont toujours d’actualité, d’un homme passionné aux mille obsessions, d’un artiste visionnaire qui ne cessera de se réinventer au cours de sa carrière, porté par ses fans, et les femmes qui l’entouraient : ses amours, sa soeur et sa mère…

Cloclo, le biopic sur Claude François, photo de Jérémie Regnier

Il a les, yeux, bleus, Claude François !

Les biopic sont très à la mode depuis quelques années, Gainsbourg, J.Edgar, My week with Marilyn et certains d’entre eux permettent à leurs acteurs principaux de réaliser de véritables prouesses dans l’interprétation physique et intellectuelle d’une personnalité, de la gestuelle au langage du corps. Marion Cotillard est incroyable dans La Môme, Meryl Streep troublante dans le rôle de Magaret Thatcher dans La dame de fer.

Jérémie Renier (Le gamin au vélo, Le silence de Lorna) aurait pu être de cet acabit là tant la ressemblance avec le Cloclo original est étonnante. Malheureusement, son interprétation oscille constamment entre deux tendances, frôlant à la fois le ridicule et la justesse. Un petit sourire légèrement débile et un regard niais lui confèrent une attitude en opposition avec ses actions, menés par l’obsession du contrôle et la recherche de reconnaissance (du public ou de son père). Côté scène, la présence du chanteur est retrouvée, des déhanchements à l’ivresse du spectacle. On attendait cependant bien plus de l’acteur de Potiche !

Côté seconds rôles, on retrouve Benoit Magimel dans le rôle du producteur Paul Lederman. L’acteur des Vents contraires est non reconnaissable, seuls ses yeux et le générique nous permettent de l’identifier, tant sa tête semble gonflée et refaite. Son accent de faux business man à la sauce Vérité si je mens croisé avec un mafieux italien est au-delà du ridicule, on a bien du mal à retrouver la puissance et la carrure du personnage réel. Les rôles féminins quant à eux ne sont là que pour mettre en valeur le caractère obsessionnel et jaloux du chanteur et n’ont souvent que peu de personnalité : une mère menteuse qui dilapide l’argent de son fils (et des collègues de son fils) aux jeux ; des femmes, pour la plupart blondes, et sans activité. L’exception faite est pour France Gall, même si son personnage lui donne un air trop naïf, voire idiot.

Le chanteur malheureux

Le film retrace la vie du chanteur, de son enfance en Égypte à sa dernière douche fatidique. Il met en avant à la fois sa carrière musicale et ses relations personnelles (famille, amours). Il permet de révéler le côté obscur de cette idole française disparue en pleine gloire. Claude François se révèle être un personnage complexe et tourmenté, hanté par la possibilité d’un échec, rongé par la jalousie amoureuse (ses femmes) et professionnelle (Johnny, Bécaud, France Gall) et sa manie obsessionnelle et fatidique du contrôle. Cloclo aborde la vie privée de ce personnage public, alignant groupie sur groupie, cernant très vite l’importance des fans et de son image dans la presse (d’où la reprise de Podium, de l’agence de mannequins…). Le film donne un vrai ressenti de ce qu’à pu être la cloclo-mania, ses hordes de fans adolescentes en délires et en pleurs, prêtes à tout pour un regard (un baiser et plus si affinité pour les chanceuses). Cloclo a le mérite de partager cette fièvre musicale avec les nouvelles générations, mais le discours proposé reste bien trop lisse et ne semble révéler que ce qui a été permis.

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Soudain il ne reste qu’une chanson

Le film a beaucoup de mal à trouver son rythme de croisière (2h20 sans générique) et l’ennui s’installe assez vite. Le réalisateur revient sans cesse sur les mêmes motifs, les filles, la jalousie, l’autorité, donnant à la narration l’impression de patauger sur place. On s’ennuie !

Gros point faible, Cloclo passe à côté de l’homme de musique, celui qui compose, pour ne mettre en avant que le business man / le show man. Les quelques scènes de tam-tam et enregistrements en studio (toujours les mêmes d’ailleurs) semblent justifier le côté artistique du personnage, mais cela ne suffit pas. La séquence où Claude François commence à fredonner les paroles sur la musique de Comme d’habitude le pose en génie de la musique et de la composition, alors qu’on ne le voit jamais travailler cet aspect, encore moins chercher, galérer, ou créer. L’inspiration qui jaillit de la sorte, le personnage les yeux au ciel, c’est vraiment trop ! Il semblerait donc que le réalisateur soit passé à côté d’une partie essentielle du personnage, celle du chanteur et c’est bien dommage.

Résumé

Cloclo est un biopic de facture classique, présentant un Claude François à la fois du côté public et privé. Le film n’est pas mauvais, mais sans éclat, quelques fausses notes de rythme et d’interprétation, mais la fièvre cloclo-manique est bien là et les chansons semblent nous suivre hors de la salle de cinéma. L’aura du chanteur est plus forte que le film.

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