Critique : Green Boys

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Green boys

France : 2019
Titre original : –
Réalisation : Ariane Doublet
Scénario : Ariane Doublet
Interprètes : Alhassane S., Louka D.
Distribution : JHR Films
Durée : 1h11
Genre : Documentaire
Date de sortie :  6 mai 2020, en e-Cinéma Sur Universciné, Orange, Canal VOD, iTunes/Apple TV, Google Play/Youtube, Filmo TV, Xbox, Arte VOD, Rakuten TV et Vitis

3.5/5

Ariane Doublet est une réalisatrice de documentaires dont la filmographie montre l’attachement qu’elle a pour le monde rural : Les Terriens, Les Sucriers de Colleville, La pluie et le beau temps. Faisant partie de l’association Des lits solidaires, une organisation havraise qui s’occupe de l’accueil chez des particuliers de jeunes migrants arrivés en France, elle a vu arriver chez elle, dans sa campagne normande, un grand adolescent de 17 ans, originaire de Guinée Conakry : Alhassane. Comme il aimait le foot, elle a cherché pour lui d’éventuels partenaires. C’est ainsi que s’est faite la rencontre avec Louka, 13 ans. Ne restait plus qu’à saisir une caméra et à filmer l’évolution de cette rencontre. Green boys faisait partie de la sélection Cinéma du Réel 2019, et a été diffusé sur France 3, dans une version courte, en juin dernier.

Synopsis : Green Boys pourrait être un  » Petit Prince  » du millénaire de l’exil. Alhassane, 17 ans, a quitté la Guinée et arrive seul en France après un éprouvant périple. Accueilli dans un village en Normandie, il rencontre Louka, 13 ans. Entre les deux garçons une amitié naît et s’invente jour après jour. Ce qui les sépare les lie tout autant que ce qui les unit. Durant l’été, ils construisent une cabane sur la falaise qui surplombe la mer. Comme une zone de liberté, elle sera un lieu secret de l’enfance et le refuge des blessures.

Alhassane et Louka

Entre Fécamp et Etretat, dans la localité de Vattetot-sur-Mer, tout près de la mer, les champs de lin occupent une partie importante de la campagne normande. C’est dans cette nature paisible que Green boys nous fait partager des moments d’amitié entre Alhassane et Louka. Alhassane a 17 ans, il est originaire de la Guinée-Conakry, un pays qu’il a quitté plus de 2 ans auparavant dans le but de rejoindre l’Europe. Un périple plein d’embuches, sans téléphone pour parler à sa mère, avec un long passage en prison en Libye, une traversée périlleuse de la méditerranée, un camp de rétention en Sardaigne, l’arrivée en France, un pays dans lequel « la première chose qu’on te montre, c’est la loi ». Mais aussi un pays dans lequel existent des associations qui luttent pour faciliter l’arrivée des migrants dans notre pays, telle l’association havraise des lits solidaires, dont fait partie la réalisatrice. Alhassane est arrivé chez elle un jour de l’été 2017, au mois d’août. « C’est en cherchant des partenaires de foot pour Alhassane que nous avons rencontré Louka », dit-elle. Louka, lui, a 13 ans et c’est un gamin du coin. Alhassane et Louka sont très différents tout en étant très semblables. Lorsque Louka parle de colonie de vacances, Alhassane n’a aucune idée de ce que cela représente et quand Alhassane évoque sa peur de l’eau, sa peur des diables, c’est Louka qui ne peut cacher sa surprise. En fait, ces deux adolescents dont les cultures sont très différentes et qui n’étaient pas destinés à se rencontrer ont la capacité de partager beaucoup de choses.

Une vision apaisée

C’est une vision très apaisée des drames rencontrés par les migrants contraints de quitter leur pays et leur famille avec l’espoir de trouver de bien meilleures conditions de vie que nous propose Ariane Doublet. Certes, le récit en malinké, sa langue natale, que fait, en voix off, Alhassane de son long périple vers la Normandie ne cache rien des difficultés qu’il a rencontrées, mais, désormais, il peut souffler, discuter de choses et d’autres avec Louka, confronter sa culture avec la sienne, se lancer avec lui dans la construction d’une case dont la particularité sera l’utilisation du lin pour la toiture. Les promenades avec Louka vont l’amener à se rapprocher de la mer, cet élément dont il a si peur, et à rencontrer quelques autochtones, tous bienveillants à son égard. Quant à son désir de devenir mécanicien, le discours qu’il entend ne peut que lui confirmer qu’il est dans le vrai : « si tu deviens mécanicien, tu as un passeport en plus. Si tu sais réparer des voitures, tu peux aller partout dans le monde ».

L’art du documentaire

Le film documentaire peut revêtir de nombreuses formes. La forme choisie par Ariane Doublet consiste à être présente sans que les protagonistes donnent l’impression de s’en apercevoir. C’est parfaitement réussi, ce qui permet au spectateur d’être le témoin privilégié d’une somme de petits moments pleins de tendresse enfantine et de quiétude. Il faut dire, également, que Alhassane et Louka ont joué le jeu de façon magnifique, en étant totalement naturels et en se comportant vraiment comme si personne ne les regardait. Si on ajoute que le milieu naturel a apporté sa contribution avec un grand beau temps, une grande quantité de lapins gambadant dans les prairies et même un renard pointant son nez devant la caméra, on admet sans peine que le postulat de départ de la réalisatrice était le bon.

Conclusion

Voici un documentaire d’une grande simplicité qui, avec beaucoup de tendresse et de poésie, nous parle de l’immigration d’une façon à laquelle nous ne sommes pas habitués. Sans pour autant occulter les grandes difficultés que rencontrent celles et ceux qui quittent leur pays et leur famille pour essayer de trouver une vie meilleure, la réalisatrice s’attache surtout à montrer qu’il existe des conditions qui permettent aux différences de s’estomper et à l’intégration de s’effectuer de façon paisible .

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