Critique : Dead slow ahead
Permettez-nous de commencer ce texte par une petite digression, à l’image de ces gros navires qui font du surplace en attendant de connaître leur destination et d’arriver en fin de compte à bon port : et si Frederick Wiseman faisait un jour un documentaire sur un paquebot ? L’observateur en chef des microcosmes sociaux serait certainement dans son élément à bord de ces forteresses flottantes, qui reflètent pleinement notre culture contemporaine de vacances aseptisées, voire suspendues dans un pays de cocagne artificiellement idéalisé.
Critique : L’Attrape-rêves
Quand un film patiente plus de deux ans sur les étagères des distributeurs, bien qu’il jouisse d’un certain prestige par sa distribution – c’est le cas ici – ou par sa présentation aux festivals les plus importants – idem –, il y a généralement anguille sous roche. Le troisième film de Claudia Llosa pâtit en effet d’une intrigue trop vague pour éveiller notre intérêt envers des personnages dans un état de flottement existentiel avancé.
Test DVD : Je ne suis pas un salaud
Un homme qui, lors de la parade d'identification organisée par la police, désigne un innocent comme étant l'agresseur qui l'a presque laissé pour mort, cet homme est-il un salaud ? Ou bien un pauvre type, un homme dont le comportement tourmenté s'explique avant tout par son mal de vivre ?
Critique : Mercenaire
Ecrire que le rugby est un sport rudement physique relève de l’évidence. Dans cette discipline, élevée au rang de fierté nationale aux côtés du foot, les joueurs s’affrontent dans des combats musclés, à l’ancienne et donc sans les protections de mise dans l’équivalent américain. Or, ces corps qui s’entrechoquent violemment dans la boue ne sont guère prisés par le cinéma, peut-être refroidi par les différentes phases de jeu qui imposent sur le terrain une certaine immobilité paradoxale.
Test DVD : Maggie a un plan
Maggie, une jeune femme chez qui l'action découle directement de la pensée, une jeune femme qui a l'obsession du contrôle et dont on peut espérer, sans trop y croire, qu'un jour, à force de rencontrer des échecs, elle aura appris qu'on "n'organise pas sa vie et celle des autres comme on trie un tiroir de chaussettes" et, qu'au contraire, il est parfois (souvent ?) souhaitable de laisser les choses venir d'elles même.
Test DVD : La Saison des femmes
Les personnages du film ont été inspirés à la réalisatrice par des femmes qu'elle a réellement rencontrées, les quatre rôles principaux donnant un tableau assez complet de la difficile condition féminine dans son pays.
Etrange Festival 2016 : The Neighbor
Les séries-b d’horreur « états-uniennes » contemporaines se suivent et se ressemblent. Triste constat que celui appliqué aux films visionnés à l’Etrange Festival 2016. Pourtant, l’originalité, de nos jours, n’est plus ce qui importe vraiment. Récemment, les meilleures œuvres lorgnant vers la série b ne brillaient guère par leur aspect inédit mais bien par leur manière à traiter le sujet, ou l’histoire, en question. Pourtant, Marcus Dunstan, loin d’être un incompétent, a débuté de fort belle manière avec The Collector, film d’horreur au budget modeste mais pourvu d’une maîtrise formelle impressionnante pour une œuvre liminaire. En dépit de ce coup d’éclat, Dunstan s’est également fait remarqué par son « talent », fort médiocre, de scénariste : Saw 6 et Saw 7, Piranhas 3DD (la suite du Aja)... Des films forts peu subtils, plutôt un brin racoleurs et putassiers. C’est donc avec des attentes mitigées que j’entrai en salle 300 du forum des images afin de découvrir The Neighbor.
Critique : Nerve
Sorti cet été, Nerve ne prétend pas à des hauteurs de cinéma. Facilement comparable – et comparé - à The Game de David Fincher, cette production est bien loin du génie paranoïaque du film interprété par Michael Douglas. Ici il n’y a pas vraiment d'implication du spectateur, l’assistance reste extérieure aux tribulations des protagonistes. Pas assez impliqué, le spectateur regarde de loin la montée en puissance et en dangerosité des défis avec circonspection. En lieu et place d'un véritable feu d’artifice en guise d'apothéose, d'une idée inédite pour parfaire une affaire intéressante, Nerve se contente du minimum syndical et offre une fin attendue en demi-teinte. Nerve aurait dû complètement partir sur la critique sociale et les dangers du monde virtuel mais c'est une pseudo romance adolescente classique des productions pour teenagers qui est privilégiée. Et même si celle-ci fonctionne par moment (notamment la scène du magasin de luxe), elle s’écroule par la suite à cause de sa lenteur, de sa redondance et de son manque d’originalité. L’alchimie entre les protagonistes fonctionne néanmoins grâce à des comédiens plutôt rafraîchissants, à commencer par Dave Franco et Emma Roberts, malgré des personnages assez communs.
Critique : Potiche
Au cours d’une filmographie qui évolue et progresse au rythme d’un florilège de genres divers, François Ozon n’a sans doute jamais été plus frivole que dans Potiche. Les origines de l’histoire, issue du théâtre de boulevard pur et dur, y sont certainement pour quelque chose. La mise en scène sait néanmoins conférer à ce conte sur l’ascension d’une femme dans la France des années 1970 une élégance à la fois légère et stylisée.
Étrange Festival 2016 : Le Profond désir des dieux
Cette année, en sus des nombreux cycles parallèles, L’Étrange Festival 2016 a décidé de consacrer une mini-rétrospective à Shohei Imamura. Destiné à mettre en lumière une poignée de film de l’auteur de Cochons et Cuirassés, ce cycle propose 7 longs-métrages au total. Ainsi, il est possible de (re)découvrir sur grand écran quelques titres qui, pendant longtemps, furent inédits dans nos contrées francophones avant leurs disponibilités, via Elephant Films, sur support dvd /blu-ray. En dépit de la qualité médiocre de certaines projections (format dvd/blu-ray), le visionnage de cette œuvre dense et protéiforme fut une épiphanie, en particulier Le Profond Désir des Dieux, ce dernier étant, par ailleurs, le premier film en couleur du réalisateur de l’Anguille. A l’instar de nombreux cinéastes issus de la nouvelle-vague japonaise, Imamura traite d’une thématique souvent évoquée dans le corpus de films liés à la modernité cinématographique japonaise : à savoir le tiraillement d’un pays déchiré entre tradition sociétale et modernité économique. Sujet maintes fois rebattu certes, mais toujours aussi passionnant lorsqu’il est entre les mains de cinéastes aussi talentueux que Shohei Imamura, Kiju Yoshida, Nagisa Oshima, Ko Nakahira…
Critique : Ben-Hur (Timur Bekmambetov)
Chaque époque a le Ben-Hur qu’elle mérite ! Certes, l’histoire d’un prince juif qui jure vengeance pour sauver in extremis son âme grâce au message altruiste du Christ n’a nullement marqué l’Histoire, ni d’un point de vue culturel, ni en s’inscrivant d’une façon indélébile dans les annales du cinéma.
Critique : Propriété Privée
Depuis l’implantation d’une succursale aux Etats-Unis, Carlotta a initié un travail d’exhumation du cinéma américain indépendant. Dans cette optique de travail de défrichage, Carlotta opte généralement pour des œuvres peu connues du public cinéphilique français. Ainsi, en juin 2016, ils ont été à l’origine de la réédition du documentaire The Endless Summer consacré au surf qui, sous son aspect léger et solaire, ne se départ pas d’une vision légèrement ethnocentriste – un trait que l’on retrouve souvent au sein de la mentalité américaine – dans sa description des mœurs de par le monde. En dépit de cet état de fait, The Endless Summer a ce charme suranné, une forme d’ingénuité qui est surtout la vision fantasmée d’une époque et d’un lieu en particulier : la Californie, à l’orée des années 60. Une humeur désuète et innocente, que l’on peut également ressentir à l’écoute des premiers albums des Beach Boys : soleil, plage, filles en bikini, danse et surf… Dans le cadre de leur nouvelle ressortie, Propriété Privée, le ton est tout autre. Plus sombre, plus vénéneux, le long-métrage de Leslie Stevens préfigure, d’une certaine manière, Charles Manson et la perte d’innocence de l’ère Hippie, lorsque les premières remontées d’acide LSD 25 eurent un effet dévastateur sur certaines psychés fragiles et torturées.

















