Critique : On revient de loin

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On revient de loin

on-revient-de-loin-afficheFrance : 2016

Titre original : –
Réalisation : Pierre Carles, Nina Faure
Distribution :  Les Films des Deux Rives
Durée : 1h41
Genre : Documentaire
Date de sortie : 26 octobre 2016

4/5

On dit souvent de Pierre Carles qu’il est le Michael Moore français. Eh bien, pour alimenter leurs derniers films, aussi bien Pierre Carles que Michael Moore ont traversé l’Atlantique pour aller chercher sur l’autre rive des solutions aux problèmes rencontrés dans leur pays d’origine : Michael Moore a sillonné l’Europe et la Tunisie dans Where to invade next, sorti mi-septembre, Pierre Carles et Nina Faure se sont rendus en Equateur pour On revient de loin. Ce film est la suite de Les ânes ont soif et  On a mal à la dette, les deux documentaires précédents de Pierre Carles, réunis lors de leur sortie en salles sous le titre Opération Correa – épisode 1.

 

Synopsis : Depuis 2007 en Équateur, le gouvernement de Rafael Correa a refusé de payer une partie de la dette publique, récupéré la souveraineté sur ses ressources naturelles face aux multinationales. Grâce à des politiques de redistribution, la pauvreté et les inégalités ont baissé fortement tandis que la classe moyenne a doublé en huit ans. Pierre Carles, Nina Faure et leur équipe débarquent tout feu tout flamme dans ce nouvel Eldorado. Mais, à leur arrivée, les rues s’embrasent. En sillonnant le pays en ébullition, nos deux réalisateurs tirent des leçons parfois opposées : l’un voudrait que Correa vienne retaper la France, l’autre s’interroge sur la nécessité d’un homme providentiel

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Des bons résultats qui créent des difficultés

L’Equateur, Rafael Correa, un pays et un président qui ont rué dans les brancards en ce qui concerne l’économie, rompant avec le dogme de l’austérité, désobéissant au FMI, contestant le paiement d’une dette considérée comme le plus souvent illégitime, menant une politique progressiste et volontariste qui a réussi à faire chuter de façon significative le taux de pauvreté et les inégalités sociales. Dans le duo de réalisateurs, Pierre Carles, homme, 54 ans, partait en Equateur avec un a priori favorable, Nina Faure, femme, plus jeune, se montrant a priori plus critique. Ce film ayant été tourné de Mars 2015 à janvier 2016, tous deux se sont trouvés face à un certain nombre de problèmes rencontrés par le gouvernement de Correa : un projet de loi concernant l’héritage, projet cherchant à combattre les inégalités en faisant de l’Equateur le pays du monde ayant les taxes les plus élevées en matière d’héritage, projet ne devant toucher que 2% de la population, mais rejeté par un très fort pourcentage de celle ci, le rêve étant grand de faire partie, un jour, de ces 2% ; les conséquences de l’abandon, en août 2013, de l’initiative Yasuni-ITT, initiative qui visait à protéger l’environnement en renonçant, pour l’Equateur, à l’exploitation de réserves pétrolières importantes à condition que la communauté internationale dédommage le pays à hauteur de 50% de la valeur du pétrole potentiellement exploitable, point sur lequel la dite communauté internationale n’a pas tenu ses promesses ; la révolte de petits commerçants contre une décision gouvernementale se montrant favorable au remplacement des cuisinières à gaz par des plaques à induction ; les problèmes posés par l’augmentation très importante de la classe moyenne, des gens qui se sont mis à consommer « à l’américaine », d’où une balance du commerce se détériorant, l’Equateur ne pouvant dévaluer sa monnaie, le dollar américain, alors que les pays voisins sont eux, maîtres de leur monnaie. Résultat : obligation pour le gouvernement de mettre des barrières douanières, très mal vues par cette même classe moyenne !

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Progressiste ? Pas toujours !

En fait, ce film permet de prendre conscience, une fois de plus, que le fait, recherché, de sortir une part importante de la population de la pauvreté pour en faire, finalement, une petite bourgeoisie arrive à se retourner électoralement contre les gouvernements menant efficacement une politique économique progressiste. Même si, à l’opposé, on entend un cadre retraité qui admet le caractère normal de cette politique économique et se félicite de la stabilité que connaît le pays depuis l’élection de Correa. En tout cas, il est bon d’insister sur le mot « économique » quand on parle de progressisme car, concernant d’autres domaines, l’avortement par exemple, le très catholique Rafael Correa, tout comme le Pape François dont on le sent finalement assez proche, est très loin d’afficher un visage progressiste. A ce sujet, On revient de loin fait intervenir Paola Pabon, une jeune députée du Parti du Président, qui a « osé » présenter un projet de dépénalisation de l’avortement en cas de viol, projet soutenu par la majorité du parlement. Rafael Correa ayant menacé de démissionner si le projet était adopté, il a été retiré, la députée a été sanctionnée puis est entrée au gouvernement ! L’espoir de Paola Pabon, c’est, qu’un jour, si possible le plus proche possible, un tel projet puisse être adopté, ne serait-ce que parce que, depuis l’arrivée de Correa au pouvoir, il y a presque autant de femmes que d’hommes au parlement. Plus, sans doute, la jeunesse et la fraîcheur des membres du gouvernement que le film nous fait rencontrer.

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Conclusion

Tout au long du film, on sent que les réalisateurs s’interrogent sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils ressentent concernant cette expérience hors du commun. Il y a des certitudes qui vacillent et des flambées d’optimisme, par exemple lorsqu’on entend un ministre parler de l’accueil des gens du monde entier, sans frontière, sans passeport, dans visa. Cette expérience équatorienne, il y a des opposants politiques pour la qualifier de dictature. Franchement, un pays dans lequel la principale chaîne de télévision est privée et dont la police ne charge pas quand ils reçoivent des œufs ou de la peinture de la part de manifestants, d’après vous, est-ce vraiment une dictature ?

Pour visionner la bande annonce, utilisez ce lien :

http://www.pierrecarles.org/IMG/mp4/-32.mp4?ctime=1468166673

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