La Cavale des fous
France : 1993
Titre original : –
Réalisation : Marco Pico
Scénario : Olivier Dazat, Pierre Richard
Acteurs : Pierre Richard, Michel Piccoli, Dominique Pinon
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 11 août 1993
Date de sortie DVD/BR : 18 juin 2025
Henri Toussaint, professeur au Collège de France, surprend sa femme en pleine adultère. Dans un accès de colère, il tente de l’étrangler et est interné dans une clinique spécialisée. Voilà sept ans qu’il y est enfermé, jusqu’au jour où son psychiatre lui accorde le temps d’un week-end une sortie, afin de revoir son épouse, atteinte d’une grave maladie, et qui n’a plus que quelques semaines à vivre…
Le film
[3/5]
En 1993, quand La Cavale des fous sort sur les écrans français, la carrière de Pierre Richard est en plein déclin : son dernier gros succès public, Les Fugitifs, date de 1986, et l’acteur peine à retrouver les faveurs du public. Peu à peu, en groupe ou séparément, des humoristes venus du café-théâtre, tels que Coluche ou la troupe du Splendid, sont parvenus à « ringardiser » les valeurs sûres de la comédie franchouillarde des années 70/80 (Louis de Funès, Pierre Richard, Aldo Maccione…), et à partir de 1993, la France ne jure plus que par Les Visiteurs, qui enregistre rien de moins que 14 millions d’entrées. Le rouleau-compresseur Les Visiteurs étouffe de fait complètement La Cavale des fous, qui n’attirerait même pas 70.000 spectateurs durant l’été 1993. Même si le film n’a été exploité que sur un circuit restreint de 50 copies, il s’agit d’un des pires scores réalisés par un film de Pierre Richard dans les salles obscures, avec Bienvenue à bord en 1990 (49.000 entrées).
La Cavale des fous marquait la seconde collaboration entre Pierre Richard et le réalisateur Marco Pico, presque vingt ans après l’excellent Un nuage entre les dents. A nouveau, le cinéaste utilise Pierre Richard dans un rôle où il n’était pas forcément attendu : celui du « clown blanc », ancré les pieds sur terre, et devant faire face aux fantaisies et aux maladresses de ses deux acolytes, interprétés par Michel Piccoli et Dominique Pinon, qui se trouvent être les véritables « fous » de cette histoire. Prenant la forme d’un road movie, le film de Marco Pico réunit le temps d’un trajet un psychiatre dépassé, un philosophe interné dans un asile depuis qu’il a tenté d’étrangler son épouse adultère, et un psychotique au comportement ingérable. A ces trois personnages viendra par la suite se greffer la petite amie du psychiatre, interprétée par Florence Pernel.
Traiter de la folie au cinéma est un pari audacieux, sur lequel de nombreux cinéastes se sont cassés les dents. Avec La Cavale des fous, Marco Pico est au moins parvenu à rendre ses personnages de « fous » relativement attachants, même si on peine un peu, dans un premier temps, à éprouver une quelconque empathie vis-à-vis du personnage de Michel Piccoli. Celle-ci viendra, néanmoins, au fur et à mesure du déroulement du film, et au fil d’une poignée de rebondissements malheureusement un peu trop scriptés et mécaniques pour s’avérer réellement convaincants. De nombreux passages du film sont malheureusement un peu trop téléphonés pour s’avérer efficaces, et les mécanismes du road movie tendent à donner à l’ensemble l’allure d’une suite de sketches inégaux.
Le scénario du film manque en effet de structure, et donne souvent l’impression que les acteurs sont livrés à eux-mêmes à chaque étape organisée par le récit. La Cavale des fous manque également d’une réflexion solide destinée à brouiller les lignes de la notion de « folie » : on sent bien que l’idée générale du film est de démontrer que le fait d’être considéré comme sain d’esprit dépend du contexte difficile à déterminer, mais l’ensemble peine à prendre et à décoller. Heureusement, il reste le talent des comédiens qui évoluent devant la caméra de Marco Pico : Pierre Richard, Michel Piccoli et Dominique Pinon sont absolument impeccables, et parviennent réellement à sauver les meubles. On se régalera également d’une poignée de seconds-rôles savoureux, parmi lesquels Édith Scob, Jean-François Dérec, Ronny Coutteure, François Hadji-Lazaro, Laurent Gamelon et, dans de tous petits rôles, Yolande Moreau et Kad Merad.
Le Blu-ray
[4/5]
En nous proposant presque chaque mois de nouveaux titres inédits dans sa collection « Gaumont Découverte en Blu-ray », Gaumont s’est taillé une place de choix dans le cœur des amateurs de comédies françaises au peu oubliées. La sortie de La Cavale des fous en Haute-Définition est donc un petit événement en soi, tant il s’avérait de nos jours difficile à voir dans de bonnes conditions. Côté transfert, le film de Marco Pico a été remasterisé, et affiche plutôt une bonne forme : on peut dire adieu aux taches et autres poussières disgracieuses. L’upgrade HD que nous propose l’éditeur est globalement solide : le master est stable et propre, et les couleurs et contrastes ne posent pas le moindre problème, et l’ensemble ne manque pas de piqué. On notera par ailleurs que le grain cinéma a été préservé : applaudissons donc des deux mains Gaumont de nous offrir la possibilité de revoir le film dans de bonnes conditions. Côté son, c’est du très bon boulot avec un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 clair et toujours parfaitement intelligible. Du beau travail.
Côté suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce du film, Gaumont nous propose de nous plonger dans un entretien avec Pierre Richard et Marco Pico (13 minutes), qui permettra au réalisateur ainsi qu’à l’acteur de se remémorer le contexte de production du film, le tournage ainsi que le casting. Intéressant !
