Test Blu-ray : Les compères + Les fugitifs

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Les compères

 
France : 1983
Titre original : –
Réalisation : Francis Veber
Scénario : Francis Veber
Acteurs : Pierre Richard, Gérard Depardieu, Anny Duperey
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h32
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 23 novembre 1983
Date de sortie DVD/BR : 26 septembre 2018

 

 

Pour récupérer Tristan, son fils de 17 ans qui a fait une fugue, Christine est prête à tout. La police piétine et Paul, le père, n’a pas les épaules pour entreprendre lui-même les recherches. Alors Christine invente un énorme mensonge. Elle téléphone à ses deux amours de jeunesse, Lucas et Pignon, des hommes qu’elle n’a pas revus depuis près de vingt ans. Et pour leur forcer la main elle leur dit que Tristan est leur fils…

 


 

Les fugitifs

 
France : 1986
Titre original : –
Réalisation : Francis Veber
Scénario : Francis Veber
Acteurs : Pierre Richard, Gérard Depardieu, Jean Carmet
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h30
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 17 décembre 1986
Date de sortie DVD/BR : 26 septembre 2018

 

 

Lucas, un dangereux gangster, sort de prison et décide de devenir honnête. Pignon, au chômage depuis trois ans, décide de devenir malhonnête et attaque maladroitement une banque. Cerné par la police, il prend un otage pour se couvrir et choisit justement Lucas, qui était venu ouvrir un compte. La police reconnaît immédiatement l’ancien prisonnier et ne croit pas à son innocence. Lucas, en danger de mort, est obligé de s’enfuir avec son ravisseur…

 

 

Les films

[4/5]

Avec plus de sept millions d’entrées en France, le succès de La chèvre en 1981 a ouvert au trio gagnant composé de Francis Veber (scénariste / réalisateur), Gérard Depardieu et Pierre Richard (acteurs) une route littéralement pavée d’or dans le petit monde du cinéma français des années 80. Ce sont donc à deux reprises dans les années qui suivraient que les trois personnalités se retrouveraient sur une seule et même affiche : une première fois en 1983 pour Les compères, et une deuxième –et dernière– fois en 1986 pour Les fugitifs.

Passé un premier constat aussi évident qu’un peu amer (aucun des deux films n’est réellement parvenu à retrouver l’originalité, la fraicheur et le tempo comique échevelé de La chèvre), on relativisera notre semi-déception en se disant que même au cœur de mécaniques imparfaites, la plume de Francis Veber parvient tout de même le plus souvent à faire mouche, activant de fait les zygomatiques du spectateur avec une belle régularité.

 

 

Des trois films mis en boite par le trio Veber-Richard-Depardieu, le plus faible est sans le moindre doute possible Les compères, qui s’avère le plus routinier dans ses ressorts comiques et le moins riche d’un point de vue scénaristique. Mettant en scène deux personnalités que tout oppose contraints de collaborer pour retrouver un fils disparu dont ils sont tous deux convaincus d’être le père naturel, le film de Veber peine un peu à mettre en place son récit, et ne confronte finalement les personnages de Pierre Richard et Gérard Depardieu qu’assez tard dans sa narration. De plus, le scénariste / réalisateur, qui confesse dans les bonus du Blu-ray avoir eu des difficultés à écrire son scénario, opte pour une série de gags un poil éculés, plaçant le plus souvent ses personnages pile là où on les attend. A ce titre, les passages mettant en scène Pierre Richard aux prises avec les bikers / loubards, ou les différences de comportement entre les deux personnages principaux sont, dans l’ensemble, particulièrement plats et datés. Néanmoins, quand Les compères quitte les rails de la simple opposition de la « brute » et du « maladroit », Veber nous offre quelques jolies séquences humoristiques, inattendues et souvent assez hilarantes – on pense notamment à la séquence du fou rire à la station-service, de loin le passage le plus réussi du film. On admettra aussi volontiers que même si la trame et la construction du récit se révèlent attendus et sans réelles surprises, le film fait tout de même preuve d’une relative efficacité, grâce notamment au dynamisme dont savaient faire preuve les deux acteurs principaux, même quand ils se reposaient sur leurs acquis. Avec 4,8 millions d’entrées en France en 1983, le film est à nouveau plébiscité par le public – il n’en fallait pas moins pour qu’un troisième film se mette en chantier…

 

 

Plus original, plus direct, plus drôle mais également plus poétique dans son genre, Les fugitifs permettra au trio de tirer sa révérence au public avec d’avantage de panache. Apprenant de ses erreurs passées, Veber choisit de réunir les personnages de Pierre Richard et Gérard Depardieu très tôt dans son récit ; il choisit également d’affirmer d’avantage le tempérament du personnage de Richard, qui n’hésitera pas à tenir tête à son acolyte. Il y a également le personnage de Jeanne, la petite fille (Anaïs Bret), qui parvient, en seulement quelques séquences, à « exister » bien d’avantage que le fils tombé du ciel du film précédent. Et si à la manière de La chèvre avant lui, le film ne comporte finalement qu’assez peu de « moments de bravoure » que l’on pourrait facilement isoler du reste du film (allez, disons la prise d’otage et le sauvetage chez Labib), Les fugitifs s’affirme surtout justement dans sa cohérence, son homogénéité et la façon subtile dont il développe à l’écran les liens qui se tissent entre les différents personnages. Les dialogues sont souvent très drôles et incisifs, et même les seconds rôles sont soignés et marquants : on pense aux personnages de Jean Carmet (le véto) et Jean Benguigui (Labib) bien sûr, mais également à Maurice Barrier (le commissaire), Roland Blanche (le complice de Labib) ou même Didier Pain (le maître chien), qui fait une apparition courte mais remarquée. Bien sûr, si l’ensemble fonctionne plutôt très bien, le film n’en atteint pas pour autant la perfection comique de La chèvre : tout n’est pas parfait dans Les fugitifs et certains ressorts comiques ne fonctionnent que très mal ou épisodiquement – on pense par exemple au travestissement de Pierre Richard à la fin du film, qui ne trouve son efficacité que dans ses tous derniers plans, avec le regard tendre des motards à la maternité et à la pirouette « ça va mieux ». Ajoutez à cela la petite dose de tendresse et un final plein de poésie (deux éléments qui faisaient cruellement défaut au précédent) et vous obtiendrez un « petit » classique de la comédie populaire française, qui a également fait son petit effet dans les salles en 1986 avec 4,5 millions d’entrées.

 

 

Les Blu-ray

[4,5/5]

Les compères et Les fugitifs débarquent donc chez Gaumont, prenant place au sein de la vingt-quatrième vague de la collection « Blu-ray Découverte » de l’éditeur (voilà une affaire qui roule !). Les deux films de Veber s’offrent donc un nouveau lifting Haute Définition sur galette Blu-ray, relativement inattendu dans le sens où il avaient tous deux bénéficié d’une première édition en 2014 sous les couleurs d’EuropaCorp, dans des versions malheureusement techniquement un peu datées et dénuées du moindre supplément.

Et force est de constater qu’aussi bien côté image que côté son, les masters restaurés proposés par Gaumont sur les deux films de Francis Veber sont vraiment d’excellente tenue ; si les tristes sires et autres puristes ronchonnent souvent à chaque nouvelle livraison de Blu-ray Gaumont, ceux-là risquent à priori de mettre tout le monde d’accord : les films sont proposés au format 1.66:1 respecté et encodés en 1080p. Conscient des remarques faites par les consommateurs sur certaines de leurs restaurations en Haute Définition, l’éditeur a tenu éloignée la tentation d’avoir recours au réducteur de bruit, le piqué est d’une précision exceptionnelle, et la gestion des contrastes semble avoir fait l’objet d’une attention toute particulière : l’ensemble est excellent ; l’image n’a notamment plus la teinte « rosée » un peu artificielle que l’on trouvait sur les Blu-ray précédents. Le mixage audio est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, clair et sans souffle : l’ensemble nous propose un rendu acoustique assez percutant, équilibré, les dialogues sont détachés et la musique fait preuve d’une belle ampleur.

Côté suppléments, Gaumont nous propose de nous plonger dans un making of rétrospectif d’une durée d’un peu moins d’une demi-heure (et qui plus est proposé en HD) pour chacun des deux films. Intéressants, complets et sans la moindre langue de bois, ces deux documentaires donnent largement la parole à Francis Veber et à Pierre Richard, qui évoquent avec une certaine malice leurs souvenirs de la préparation et du tournage des deux films, n’éludant pas le moins du monde, par exemple, les soucis « financiers » rencontrés avec Alain Poiré sur le tournage des Compères., ou le comportement très « dissipé » de Jean Carmet sur le tournage des Fugitifs. On retrouvera également avec plaisir Anaïs Bret, qui jouait la petite Jeanne dans Les fugitifs, qui se remémore le tournage du film aux côtés de Gérard Depardieu. On terminera avec les traditionnelles bandes-annonces, qui sont également accompagnées d’un sujet consacré à la restauration du film, selon le principe toujours payant du « avant / après ». Un beau travail éditorial.

 

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