The villainess
Corée du Sud : 2017
Titre original : Ak-Nyeo
Réalisation : Byung-gil Jung
Scénario : Byeong-sik Jung, Byung-gil Jung
Acteurs : Ok-bin Kim, Ha-kyun Shin, Jun Sung
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h09
Genre : Action, Thriller
Date de sortie DVD/BR : 28 mars 2018
Elle est née pour tuer. Depuis sa plus tendre enfance, Sook-hee a été entraînée pour devenir un assassin sans pitié. Enrôlée par les services secrets après la mort de son mentor, elle devient agent du gouvernement sud-coréen. On lui promet qu’après 10 ans de bons et loyaux services, elle aura droit à une seconde chance. Mais lorsque deux hommes font irruption dans sa vie, de sombres secrets ressurgissent de son passé. Pour Sook-hee, l’heure de la vengeance à sonné…
Le film
[4,5/5]
Dernier « phénomène » en date du film d’action international en termes de grand spectacle, The villainess a fait sensation lors de sa présentation, hors compétition, lors de l’édition 2017 du Festival de Cannes. Si le film s’ouvre sur une séquence filmée à la première personne extrêmement violente, dynamique et forcément très inspirée du jeu vidéo, le film reprendra par la suite les rails beaucoup plus traditionnels du polar « à la Coréenne ». Le film prendra donc rapidement la direction d’un récit de vengeance très graphique amené au spectateur sous la forme d’une longue série de flash-backs, mélangeant sans vergogne une histoire d’initiation criminelle sous forme d’entrainement paramilitaire à la Nikita avec le mélo le plus sirupeux. De fait, le film développe un pathos intense et impitoyable, forcément lié à une construction dramatique dont la cruauté est vraiment typique des films sud-coréens que le cinéphile occidental a découvert en masse ces quinze dernières années.
Du côté des scènes d’action, le film de Byung-gil Jung développe une folie furieuse qui n’est pas sans rappeler, même formellement, quelques-unes des grosses claques que nous a offert le genre ces dernières années : on trouvera donc pêle-mêle d’énormes influences à aller chercher du côté des deux premiers John Wick, mais aussi et surtout de Hardcore Henry et du diptyque The raid signé Gareth Evans. Et pour tous ceux qui penseraient que le genre du cinéma d’action ne se renouvelle jamais, The villainess se pose là, déployant une frénésie certes un poil artificielle par moments, mais vraiment complètement folle et jubilatoire – extrêmement mobile, toujours en mouvement, la caméra de Byung-gil Jung ne laisse quasiment jamais de répit au spectateur, rappelant les grandes heures du cinéma de Sam Raimi, et des films visuellement aussi fous et décomplexés qu’Evil dead 2 (1987) ou Spider-man 2 (2004).
En deux mots comme en cent, malgré de petits problèmes de rythme se situant entre les moments de bravoure, The villainess s’impose comme la preuve irréfutable, après des gros délires tels que Hyper tension, The raid ou Hardcore Henry, que le genre du film d’action bourrin et décomplexé parvient encore et toujours à se renouveler et à apporter au spectateur des bandes fumasses et jouissives qui reviendront à coup sûr régulièrement tourner dans son lecteur Blu-ray, la télécommande autant que la bière et les pizzas à portée de main, histoire de passer un bon moment 100% fun entre amis. Du lourd !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le Blu-ray de The villainess édité par Wild Side Vidéo nous propose une expérience Home Cinéma au taquet : l’image est superbe, même dans ses passages les plus sombres, et rend parfaitement hommage à la sublime photo signée Jung-hun Park, qui nous propose avec régularité des plans qui flatteront à coup sûr la rétine de l’esthète. La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, et même durant les séquences les plus chaotiques à l’écran (fumée, couleurs vives qui tranchent net), le master tient la route et nous ravit pleinement les mirettes. Côté son, les deux mixages (VF/VO) sont comme d’habitude avec l’éditeur proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, et savent en imposer au spectateur, avec des passages littéralement tonitruants et des effets dynamiques de toutes parts. Un superbe boulot !
Du côté des suppléments, on commencera avec un très intéressant entretien avec Byung-gil Jung (réalisateur) et Ok-bin Kim (actrice), durant lequel ces deux fortes personnalités du cinéma sud-coréen s’expriment sur le tournage et la préparation du film. Byung-gil Jung évoque entre autres son fort attachement au film de Luc Besson Nikita (on s’en serait un peu douté à la découverte de The villainess), tandis que Ok-bin Kim évoque sa préparation physique intense ainsi que les doutes qui ont pu la traverser pendant le tournage. En complément de cette interview d’une dizaine de minutes, Wild Side nous propose de nous régaler d’un long entretien avec Manu Lanzi, chorégraphe de combats, cascadeur et comédien français, qui évoquera (un peu) The villainess avant, surtout, de se lancer dans une réflexion sur les chorégraphies de combats au cœur du cinéma d’action contemporain. N’ayant pas travaillé sur le film de Byung-gil Jung, il évoquera l’aspect très « technique » des scènes de combats du film, avant de finalement en évoquer les défauts et de remettre sur le devant de la scène d’autres films proposant des scènes similaires (l’ouverture de The villainess et le long fight dans le couloir évoque en effet irrésistiblement le moment de bravoure tourné en plan-séquence de Oldboy). On le comprendra rapidement en écoutant ses propos : le film de Byung-gil Jung n’est pas spécialement la « tasse de thé » de Lanzi, qui évoquera son rejet quasi-épidermique de la « shaky-cam » popularisée par la trilogie Bourne de Paul Greengrass. Cependant, et même s’il ne dira finalement que peu de bien de The villainess, Manu Lanzi s’imposera comme un excellent théoricien du cinéma d’action, et nous propose en un peu moins d’une demi-heure une véritable déclaration d’amour au genre, et surtout au cinéma de Jackie Chan et à sa conception toute personnelle de la chorégraphie martiale.
