Nikita
France, Italie : 1990
Titre original : –
Réalisation : Luc Besson
Scénario : Luc Besson
Acteurs : Anne Parillaud, Jean-Hugues Anglade, Tchéky Karyo
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h57
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 21 février 1990
Date de sortie BR4K : 25 septembre 2024
Nikita est une junkie. Durant le casse désespéré d’une pharmacie, elle assiste au massacre sauvage de ses compagnons par la police. Hébétée, en manque, elle tue un policier. Condamnée à vie pour meurtre, elle va avoir une chance de se racheter en signant avec l’état un pacte sanglant et implacable : une nouvelle identité, une relative liberté si elle devient un assassin à la solde du gouvernement…
Le film
[3,5/5]
Après le succès du Grand Bleu, qui attira plus de neuf millions de français dans les salles obscures en 1988, Luc Besson a les coudées franches, et met à profit cette liberté créative afin d’écrire et de tourner Nikita, conçu comme un thriller d’action à l’américaine. Le film étant centré sur le personnage de tueuse à gages interprété par Anne Parillaud, qui se trouvait être la compagne de Luc Besson à l’époque, le cinéaste voit là l’occasion de laver la mauvaise image dont souffrait à l’époque la jeune actrice, notamment à cause de ses films tournés dans les années 80 aux côtés de son ex-compagnon Alain Delon.
Pour se préparer physiquement et mentalement à son rôle dans Nikita, Anne Parillaud s’impose une longue période d’entraînement militaire, reprend des cours de théâtre, de maniement d’armes à feu, d’arts martiaux et de savoir-vivre. Luc Besson l’envoie chez un orthophoniste deux fois par semaine pour qu’elle apprenne à bien articuler et fasse disparaître son accent parisien très prononcé. Pendant un mois et demi, dans le cadre de sa préparation physique, elle est amenée à vivre seule dans une usine désaffectée, sans se laver. Elle reçoit cinq francs par jour de la production pour vivre, et garde la perruque et le costume de son personnage quand elle sort. Il lui arrive de temps en temps de dormir dans le métro quand il fait trop froid dans l’usine.
Qu’on aime ou qu’on déteste le film, force est d’admettre que le résultat à l’écran est très étonnant : la métamorphose physique d’Anne Parillaud est totale, et impose clairement le respect. Musclée, les cheveux courts, elle pose les bases dans Nikita de ce personnage de femme-enfant, asexué, à la fois fort et vulnérable, qui hanterait durant de nombreuses années le cinéma – et la vie privée – de Luc Besson. Sorti sur les écrans français en février 1990, le film réunirait 3,5 millions de français dans les salles, et fut le premier film français à dépasser la barre des cinq millions de dollars de recettes aux États-Unis. Cette ouverture à l’international permettrait à Luc Besson de tourner son film suivant, Léon, aux États-Unis ; le personnage incarné par Jean Reno dans Léon est d’ailleurs inspiré de celui de Victor, « le nettoyeur » qu’il interprétait dans Nikita.
Porté par la musique d’Éric Serra et par la mise en scène, inspirée et énergique, de Luc Besson, Nikita est un film qui, en dépit de ses quelques défauts narratifs, a plutôt bien vieilli : alors que l’on vient de fêter ses 34 ans, le film conserve un rythme solide. De plus, ses deux-trois gros moments de bravoure restent toujours aussi marquants, de l’ouverture dans la pharmacie à l’apparition de Jean Reno en passant par la première mission de Nikita / Joséphine, ils imprègnent au film un tempo et une atmosphère que l’on n’oublie pas. Du côté des acteurs, si Anne Parillaud peut par moments apparaître comme un poil excessive (d’aucuns diraient même hystérique), sa prestation va finalement de pair avec son personnage, qui n’est finalement qu’une grande enfant inadaptée. À ses côtés, on notera la présence de Tchéky Karyo et Jean-Hugues Anglade, ainsi que d’une poignée de seconds rôles remarquables : Jacques Boudet, Roland Blanche, et bien entendu Jean Bouise, qui avait participé à tous les films de Luc Besson. Il meurt des suites d’un cancer du poumon quatre jours avant la fin du tournage. Nikita lui est dédié.
On ignore si les relations entre Luc Besson et Anne Parillaud le permettront un jour, mais les amoureux du film rêvent d’une suite à Nikita. Celle-ci permettrait au scénariste / réalisateur d’ouvrir le récit en mettant en scène la fin qu’il avait envisagée à l’origine : le personnage de Nikita / Joséphine était trahi par les services secrets, et Marco était exécuté. Ivre de rage, Nikita partait en mission commando pour se venger… La mise en chantier d’une suite sincère et viscérale pourrait de plus permettre à Luc Besson de renouer avec le succès public qui lui fait défaut depuis de nombreuses années. Cependant, les cinéphiles étant restés sur leur faim pourront toujours se consoler avec Black Cat (Stephen Shin, 1991), le remake hongkongais du film, avec Nom de code : Nina (John Badham, 1993), son remake américain, ou encore avec les deux séries TV Nikita qui en ont été adaptées, d’abord au Canada entre 1997 et 2001 (avec Peta Wilson), puis aux États-Unis entre 2010 et 2013 (avec Maggie Q).
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[5/5]
Petit à petit, Gaumont nous propose des éditions 4K de ses prestigieux films de catalogue, et bien entendu, les premiers films de Luc Besson bénéficient par conséquent d’upgrades bien mérités. Après Le Cinquième élément et en attendant Léon (qui sortira au mois de décembre), c’est donc aujourd’hui à Nikita de s’offrir un transfert 4K, qui nous propose une amélioration visuelle du film que les nombreux fans apprécieront à sa juste valeur.
Coté image, le transfert 2160p de Nikita nous propose une image stable, conservant le grain cinéma d’origine et respectant parfaitement la superbe photo de Thierry Arbogast, ainsi que les astucieuses compositions de plans de Luc Besson. Parce qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Nikita fut véritablement un film-charnière au cœur du cinéma de genre à la française, et possède encore aujourd’hui vraiment un style visuel très fort et affirmé, avec des niveaux de noir persistants soutenus par des éclairages vifs, qui ont vraiment de la gueule à l’image. Certaines scènes sont bien sûr plus marquées que d’autres, à l’image de la séquence d’ouverture dans la pharmacie, qui nous propose des éclairages pour le moins radicaux, et la technologie HDR appuie sans problème tous les niveaux avec des textures et des contrastes très marqués. On est d’ailleurs dans le bain dès le générique de début, avec ses lettres apparaissant en rouge vif sur fond noir, et tout le reste du film sera du même acabit : c’est tout simplement excellent, le film retrouve à l’image l’impact agressif qu’il avait perdu au fil des éditions vidéo.
Niveau son, Nikita nous est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, et s’avère tout à fait efficace dans son genre. Les Surrounds sont subtils et dynamiques, les canaux arrière et le caisson de basses jouent la carte de l’ambiance, et l’ensemble fait preuve d’une bonne dose de punch, en particulier durant les quelques scènes d’action qui émaillent le film. On notera également la présence d’un mixage stéréo en DTS-HD Master Audio 2.0, qui s’avérera probablement le meilleur choix plus clair et cohérent si vous n’utilisez pas de Home Cinema et visionnez le film de Luc Besson sur un simple téléviseur.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un intéressant making of (26 minutes), qui nous propose un large éventail de moments volés sur le tournage du film, et qui nous donne à voir de nombreuses séquences portées par l’humour de Jean Bouise, qui décéderait avant la fin du tournage. Outre la traditionnelle bande-annonce, on trouvera également un intéressant reportage sur la sortie du film en salles en 1990 (14 minutes). On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Nikita édité par Gaumont nous est proposé dans un superbe SteelBook aux couleurs du film.