Test Blu-ray : The house that Jack built

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The house that Jack built

 
Danemark, France, Allemagne, Suède : 2018
Titre original : –
Réalisation : Lars von Trier
Scénario : Lars von Trier, Jenle Hallund
Acteurs : Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 2h32
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 17 octobre 2018
Date de sortie DVD/BR : 5 mars 2019

 

États-Unis, années 70. Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide, contrairement à toute logique, de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack…

 


 

Le film

[4,5/5]

« Puisque toute la (jeune) réputation du film est basée sur sa mise en scène de la violence, commençons par ce point. Il y a des scènes ultra-violentes dans The house that Jack built, c’est un fait. Une violence esthétique sans grands tabous, qui cependant aurait pu aller encore plus loin, et qui a fait fuir une petite partie de la salle à chaque escalade dans l’horreur. Mais Lars Von Trier ne se contente pas de montrer de l’hémoglobine et des visages plus vraiment reconnaissables : il fait aussi preuve d’une grande violence psychologique, tant envers les victimes avec lesquelles joue Jack qu’avec le spectateur qui connaît à l’avance le sort de ces mêmes victimes. Une violence provocatrice donc, en cinq tableaux et pas mal de morts. (…)

Et si le côté le plus dérangeant du film n’était pas dû à sa violence imagée, mais à sa lourde charge psychologique ? En effet, The house that Jack built est une fable cynique sur la violence de l’Homme, dans laquelle Lars Von Trier s’exprime sans aucun filtre à travers la bouche de son « héros » serial-killer. On espère ainsi qu’il ne pense pas réellement tout ce que dit le terrifiant Jack, mais quoiqu’il en soit l’exercice est passionnant. Le Danois va jusqu’à citer littéralement ses propres films en plein milieu du long-métrage, et faire un clin d’œil (ou doigt d’honneur, vous choisissez) au Festival. Le questionnement existentiel dans la violence que nous propose le long-métrage ne se fait en effet pas « simplement » au moyen d’images de fiction, mais sinon avec aussi des citations artistiques, qu’il s’agisse de tableaux ou d’images d’archives. Des citations parfois trop présentes, qui en venant illustrer directement les pensées de son personnage principal viennent aussi rajouter des références, des points d’appui, de manière un peu trop explicite. Quoiqu’il en soit, les deux heures et demi de spectacle nihiliste sont paradoxalement… drôles. Le film de Lars Von Trier n’est pas un film d’horreur, sinon une comédie (très) noire sur le Mal, presque honteusement plaisante, qui s’autorise à passer plusieurs fois « Fame » de David Bowie : comme si le cinéaste tentait de nous emporter avec lui dans son inexorable descente en enfer. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Nicolas Santal. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc Potemkine Films qui nous permet aujourd’hui de (re)découvrir sur support Blu-ray The house that Jack built, le dernier film de Lars Von Trier. Comme d’habitude avec l’éditeur, le master est de toute beauté, fidèle en tous points à la superbe photo d’origine signée Manuel Alberto Claro, et affichant une définition et un piqué sans faille. Le master proposé par l’éditeur s’avère en effet fidèle en tous points aux époustouflants choix formels que nous propose le film. Les couleurs et la gestion des contrastes sont irréprochables, le grain cinéma est respecté, très accentué même sur les scènes sombres : on est en présence d’une très belle galette. Du côté des enceintes, le film est bien sûr uniquement proposé en version originale, et cette dernière s’offre un foisonnant mixage DTS-HD Master Audio 5.1 : ample, dynamique, précis et riche en détails sonores, ce mixage compose parfaitement avec l’ambiance d’un film volontairement peu démonstratif ; la bande son est portée par une ambiance étouffante, laissant le champ libre à des dialogues bien équilibrés et parfaitement intelligibles. On notera que le film est également proposé en DTS-HD Master Audio 2.0, qui sera probablement à privilégier si vous visionnez le film sur un téléviseur, sans passer par un Home Cinema.

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose presque 90 minutes de bonus en Haute-Définition, prenant la forme de trois entretiens : on commencera avec un entretien avec Lars Von Trier, au cœur duquel le cinéaste répond à une série de questions et revient, pêle-mêle, sur différentes thématiques liées au film. On notera néanmoins que le cinéaste ne semble pas spécialement à son aise, confus et occasionnellement tremblant. L’entretien dure un peu plus de trente minutes, mais il y a de fortes chances que sa durée diminuerait de moitié si les nombreux et longs « blancs » qui rythment les phrases du scénariste / réalisateur avaient été coupées. On continuera ensuite avec une présentation / analyse du film par Pacôme Thiellement, écrivain et essayiste, qui reviendra, de façon toujours aussi exaltée, sur le mythe récent du serial killer ainsi que sur le film de Lars Von Trier. Toujours passionnant, rythmant ses phrases par des plaisanteries et des éclats de rire, l’écrivain chevelu s’avère un plaisir à écouter. On terminera ensuite avec une présentation / analyse du film par Stéphane du Mesnildot. Ce dernier y évoquera longuement les différentes thématiques abordées par le film, tout autant que les liens entre The house that Jack built et les autres films de Lars Von Trier – voilà qui de toutes façons n’aura probablement pas pu échapper au spectateur, puisque lors d’une des digressions du personnage de Jack sur « l’Art », on aura pu remarquer que le cinéaste avait placé des extraits de quelques-uns de ses films précédents…

 

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