La Vie en gros
France, République Tchèque, Slovaquie : 2024
Titre original : Zivot k sezrání
Réalisation : Kristina Dufková
Scénario : Petr Jarchovský, Barbora Drevikovska, Anna Vásová
Acteurs (VO) : Hugo Kovács, Tatiana Dyková, David Novotný
Éditeur : Les Films du préau
Genre : Animation
Durée : 1h17
Date de sortie cinéma : 12 février 2025
Date de sortie DVD : 17 juin 2025
C’est la rentrée. Ben trouve que ses camarades ont changé. Il aimerait que Claire s’intéresse à lui mais son poids le complexe. Cette année scolaire les fera tous grandir et comprendre que l’essentiel n’est pas à quoi on ressemble mais ce que l’on ressent…
Le film
[3,5/5]
A l’origine de La vie en gros, il y a un roman jeunesse de Mikaël Ollivier, sorti aux Éditions Thierry Magnier en 2001, qui remporta plusieurs prix, notamment auprès de jurys de collégiens, dans les années qui suivirent. Une adaptation sous la forme d’un téléfilm avait été tournée pour M6 en 2003, devant la caméra de Didier Bivel, qui se ferait connaître quelques années plus tard en devenant en 2011 le créateur / showrunner de la série L’Homme de la situation avec Stéphane Plaza.
On le sait, la technique du stop-motion est une tradition dans l’animation tchèque, mais il s’agit d’un processus lent, et treize années de travail ont donc été nécessaires à Kristina Dufková et à son équipe pour donner vie à La vie en gros. Il s’agit de son premier long métrage ; l’histoire, simple et touchante, est celle d’un adolescent en surpoids qui tente d’impressionner la fille de ses rêves en entamant un régime. Le choix de travailler en stop-motion convient parfaitement au sujet abordé, dans le sens où ce style d’animation dégage une impression de poids et de lourdeur, ce qui correspond tout à fait à la thématique du film et aux rondeurs du personnage principal.
Cela dit, le personnage principal de La vie en gros n’est – bien heureusement – pas uniquement défini par son poids. Au contraire, le jeune Ben est un jeune homme plein d’esprit, pas forcément gêné par sa surcharge pondérale à priori : c’est à travers les yeux des autres (l’infirmière scolaire, les petits harceleurs, et bien sûr Claire, l’objet de son affection) qu’il commencera à réaliser que sa différence peut être un problème social. Même si l’intrigue du film semble ancrée dans une réalité un peu trop « angélique », le scénario aborde tout de même une poignée de problèmes courants auxquels sont confrontés les ados : on pense notamment au divorce de ses parents, ou à la nécessité pour Ben (et pour sa mère) de s’habituer à la nouvelle compagne de son père.
Cette volonté d’installer l’univers de La vie en gros dans une certaine réalité est intéressante, mais malheureusement, le film n’évite en aucun cas les clichés, et il est dommage qu’il ne parvienne jamais à faire fi des stéréotypes, et se complaise malheureusement dans des solutions douteuses et/ou toutes faites. Le message sur l’acceptation de soin que tente maladroitement de transmettre le long-métrage de Kristina Dufková est plombé par le fait que la motivation de Ben pour perdre du poids est son amour pour Claire, qui s’avère une parfaite connasse puisqu’elle ne sera capable de découvrir qui est le « vrai » Ben que lorsque celui-ci aura perdu un peu de poids.
De plus, les dernières scènes du film sous-entendent clairement que la perte du poids est forcément la clé du bonheur pour les gros, alors que l’idée d’acceptation de soi mise en avant par la réalisatrice au fil des entretiens qu’elle a accordé pendant la promo du film est celui que la véritable beauté ne possède ni normes ni poids idéal. Heureusement, en dépit de ces quelques réserves, grâce à une histoire universelle et accessible à tous, doublée d’une animation impeccable et très réussie, La vie en gros fonctionne globalement plutôt bien : un film à voir en famille !
Le DVD
[4/5]
La vie en gros vient juste de sortir au format DVD sous les couleurs d’un éditeur spécialisé dans les films pour enfants, Les Films du préau. Techniquement, il s’agit d’une galette est très soignée : côté image, la définition est d’une précision remarquable, les couleurs affichent une belle pêche et le piqué s’avère tout à fait satisfaisant. En deux mots comme en cent, l’éditeur compose plutôt bien avec les avantages et les inconvénients de la définition standard. C’est du beau travail. Côté son, la version française est proposée en Dolby Digital 5.1, et le mixage s’avère assez dynamique, notamment sur les passages musicaux. Si les enfants seront aux anges, malheureusement, l’absence de VO empêchera aux parents de profiter du doublage original du film.
Dans la section suppléments, on trouvera une featurette sur le tournage du film (3 minutes), qui nous permettra de voir l’équipe au travail et d’écouter la réalisatrice Kristina Dufková nous livrer une petite note d’intention. On continuera ensuite avec un entretien avec Mikaël Ollivier (10 minutes), qui reviendra sur la nature autobiographique de son livre, la place qu’il occupe dans sa carrière et l’adaptation qui nous en est proposée dans le film. On notera également que le DVD édité par Les Films du préau contient également un livret de 20 pages, qui nous permettra de découvrir en images quelques storyboards du film, ainsi que la fabrication des marionnettes et des décors.