Test Blu-ray : Navajo Joe

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Navajo Joe

Italie, Espagne : 1966
Titre original : Joe el implacable
Réalisation : Sergio Corbucci
Scénario : Piero Regnoli, Fernando Di Leo, Ugo Pirro
Acteurs : Burt Reynolds, Aldo Sambrell, Nicoletta Machiavelli
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h32
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 6 mars 1968
Date de sortie DVD/BR : 7 avril 2023

À la tête d’un groupe de chasseurs de scalps, Duncan, un métis, massacre tous les habitants d’un village indien Navajo et les scalpe. Joe, seul rescapé du carnage, décide de venger la communauté. Alors que les assassins prennent en otage les habitants d’une ville pour obtenir l’argent de la banque. Joe prend la défense des citadins et accompli son impitoyable vengeance…

Le film

[4/5]

Les amateurs de western spaghetti connaissent bien la « Sainte Trinité » des Sergio, que vénèrent depuis toujours les amoureux du genre : Sergio Leone, Sergio Sollima et Sergio Corbucci. A eux trois, ils parviendraient à atteindre la quintessence du genre, remodelant les codes du western, recréant l’Ouest américain dans les plaines d’Italie ou d’Espagne, le tout en disposant de budgets serrés et d’intrigues le plus souvent aussi simples que linéaires.

Réalisé par Saint Corbucci en 1966, soit la même année que le Django qui lui apporterait honneur et gloire dans le monde entier, Navajo Joe est un western spaghetti qui, sous ses atours avenants et colorés, cache en réalité une noirceur inattendue, doublée d’une férocité qui, immanquablement, ne manquera pas de retenir l’attention du spectateur. S’ouvrant sur les exactions d’une bande de hors-la-loi menée par l’impitoyable Duncan (Aldo Sambrell), le film ne tardera pas à nous présenter le personnage principal, Navajo Joe (Burt Reynolds), un guerrier amérindien qui sera vite assimilé à l’âme damnée du groupe de truands : ni plus ni moins un fantôme les traquant sans relâche sans que la bande de Duncan ne sache réellement pourquoi.

Faisant preuve d’une violence surprenante pour l’époque, la première demi-heure de Navajo Joe ne réunit jamais réellement les protagonistes du récit : les hors-la-loi pillent allègrement les villes de l’Ouest dans lesquelles ils passent, semant la mort et la destruction sur leur passage, tandis que l’indien incarné par Burt Reynolds s’infiltre insidieusement dans leur groupe, tuant quelques membres du gang à la fois avant de disparaitre à nouveau. Ses apparitions à l’écran sont rythmées par la répétition du thème musical, signé Ennio Morricone, avec une chanson-titre louant la gloire du personnage, et ses chœurs répétant à tout bout de champ « Navajo Joe, Navajo Joe ».

A l’occasion du tournage de Navajo Joe, le grand Sergio Corbucci était parvenu à réunir autour de lui une impressionnante somme de talents : outre la présence au casting de Burt Reynolds et de Fernando Rey, on notera que le scénario est signé Piero Regnoli (Les Contrebandiers de Santa Lucia) et Fernando Di Leo (Milan calibre 9) sur une histoire d’Ugo Pirro (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon). Comme on l’a déjà dit un peu plus haut, l’entêtante bande originale du film est composée par le légendaire Ennio Morricone, et la direction photo est assurée par Silvano Ippoliti, collaborateur régulier de Tinto Brass et futur chef opérateur sur Le Grand silence. L’ensemble a été mis en chantier sous la houlette du producteur Dino De Laurentiis.

Et si au final, Navajo Joe n’est certes peut-être pas la plus immense réussite de Sergio Corbucci dans le domaine du western, le film n’en demeure pas moins un petit trésor dans le genre : la beauté des vues panoramiques du sud de l’Espagne y est confrontée à la violence la plus sèche, le soin apporté aux décors est incroyable (le cimetière indien est vraiment d’une beauté époustouflante), et l’icônisation du personnage principal fonctionne à plein régime. L’attaque du train de la Wells Fargo en mode furtif, ou encore l’affrontement final entre Navajo Joe et Duncan sont autant de moments de bravoure qui donnent à Navajo Joe cette tonalité épique qui le rend vraiment fascinant. On notera par ailleurs que Quentin Tarantino, grand admirateur du film, avait repris une partie de la partition d’Ennio Morricone pour son chef-d’œuvre Kill Bill.

Le Blu-ray

[4/5]

Après une première édition en DVD chez « Les Introuvables » de Wild Side en 2008, Navajo Joe réapparait aujourd’hui en Blu-ray, sous les couleurs de Sidonis Calysta, au cœur de la collection « Western de légende ». Il s’agit d’une excellente nouvelle, d’autant que le film de Sergio Corbucci sort en même temps qu’un autre western de Corbucci, l’extraordinaire El Mercenario. On espère que Sidonis Calysta continuera à nous proposer en Haute-Définition sortis chez la concurrence il y a une quinzaine d’années, et ce pour une raison simple : la collection « Les Introuvables » comportait également dans ses rangs « LE » plus grand chef d’œuvre que nous ait offert le Western Spaghetti, à savoir Far West Story, également signé Sergio Corbucci. On touche du bois pour le voir apparaitre prochainement au lineup de Sidonis Calysta

Côté Blu-ray, Navajo Joe bénéficie d’un master solide : la définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, de même que la granulation argentique d’origine. Les couleurs sont éclatantes, bien saturées, et la gestion des noirs et des contrastes ne pose pas de problème. Comme d’habitude, les plans à effet (les fondus enchaînés notamment) marquent de nettes baisses de définition. Côté son, l’éditeur nous propose deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, en version française ainsi qu’en version anglaise : tous deux sont parfaitement clairs et sans souffle. Du beau travail. De courts passages absents de la sortie dans les salles françaises sont proposés en anglais sous-titré ; la plus impressionnante d’entre elles met en scène le méchant Duncan abattant froidement une jeune maman à bord du train.

Côté suppléments, Sidonis Calysta nous propose une présentation du film par Jean-François Giré (12 minutes), qui s’avère assez intéressante même si on pourra trouver qu’il a la dent particulièrement dure vis-à-vis des « limites » du film. Les possesseurs de l’édition DVD de chez Wild Side pourront constater qu’il s’agit d’une nouvelle présentation, différente de celle qu’il avait signée en 2008 pour l’édition « Les Introuvables ». On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce du film.

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