Test Blu-ray : Le Grand Duel

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Le Grand Duel

Italie, Allemagne, France : 1972
Titre original : Il grande duello
Réalisation : Giancarlo Santi
Scénario : Ernesto Gastaldi
Acteurs : Lee Van Cleef, Horst Frank, Peter O’Brien
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h34
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 19 juillet 1973
Date de sortie Blu-ray : 22 novembre 2022

Philip Wermeer est accusé d’avoir tué Saxon, le patriarche d’un clan puissant de Tucson. Lors de sa fuite, il rencontre le shérif Clayton, qui l’aide à se sortir d’une situation compliquée. Mais celui-ci semble avoir des informations sur le coupable et il impose à Wermeer de subir un procès en bonne et due forme par les Saxon…

Le film

[4/5]

Assistant-réalisateur sur Le Bon, la Brute, le Truand et Il était une fois dans l’Ouest, Giancarlo Santi a été à bonne école : on peut même affirmer qu’il a fait ses premières armes de cinéaste aux côtés de l’un des plus grands. Sergio Leone l’avait d’ailleurs choisi pour diriger Il était une fois la révolution, mais la production américaine a rejeté cette décision, et Leone s’était vu obligé de mettre en scène le film lui-même. Giancarlo Santi ferait finalement ses débuts en tant que réalisateur en 1972 avec Le Grand Duel.

Afin de pallier à l’absence de Sergio Leone au générique du Grand Duel, le cinéaste en herbe – qui ne signerait que trois longs-métrages entre 1972 et 2000 – s’était entouré de collaborateurs de talent. Outre la présence des acteurs Lee Van Cleef et Horst Frank, ou celle de Luis Bacalov à la musique, on trouverait donc au poste de scénariste l’excellent Ernesto Gastaldi, auteur d’une palanquée de très bons scripts dans les années 60 / 70 : on pense par exemple aux scénarii de La Dixième Victime (Elio Petri, 1965), Photos interdites d’une bourgeoise (Luciano Ercoli, 1970), La Mort marche en talons hauts (Luciano Ercoli, 1971), Les Rendez-vous de Satan (Giuliano Carnimeo, 1972), La Mort caresse à minuit (Luciano Ercoli, 1972), Mon nom est Personne (Tonino Valerii, 1973), La Rançon de la peur (Umberto Lenzi, 1974) ou encore L’Homme sans mémoire (Duccio Tessari, 1974).

Au sommet de sa popularité et de son savoir-faire, Ernesto Gastaldi nous proposait avec Le Grand Duel une histoire de vengeance plutôt bien construite, à la manière d’un whodunit, et dont le coupable sera révélé au fil d’une série de flash-backs en noir et blanc. Le film s’ouvre donc sur un meurtre. La victime est Saxon, le vieux patriarche d’un puissant clan, qui se mettra en quête du coupable et portera son dévolu sur Wermeer (Peter O’Brien alias Alberto Dentice). Suffisamment convaincus de sa culpabilité pour exiger que Wermeer soit pendu pour le meurtre, les trois fils Saxon (Horst Frank, Klaus Grünberg et Marc Mazza) se heurteront cependant à l’opiniâtreté d’un ex-shérif du nom de Clayton (Lee Van Cleef) qui s’est donné pour mission personnelle de protéger l’innocent Wermeer.

Mais comment Clayton, dont les motivations sont pour le moins incertaines, voire même ambiguës, peut-il être sûr de l’innocence de cet homme ? Voilà tout l’enjeu du récit machiavélique imaginé par Ernesto Gastaldi pour Le Grand Duel, le tout étant parsemé, comme souvent chez lui, d’éclairs de violence avec des balles qui fusent, des cadavres qui s’accumulent et une tension bien réelle qui monte crescendo. Bien sûr, tout cela est transmis au spectateur par le talent de metteur en scène de Giancarlo Santi, qui tend à accentuer par le grotesque le fait que Wermeer soit un personnage faible, et que seule la rapidité de Clayton à dégainer et à appuyer sur la gâchette – et avec quelle précision mortelle – lui permet en réalité de survivre.

Lee Van Cleef, seul contre tous ? Pas tout à fait, mais contre les trois fils du clan Saxon, qui permettent au Grand Duel de nous proposer trois personnages de méchants très différents les uns des autres. Cette multiplication des bad guys qui permettra au scénario de multiplier non seulement les possibilités de scènes d’action mais également d’enrichir son intrigue de whodunit, chacun des trois frères trouvant son intérêt dans la disparition du père, mais pour des raisons différentes, et chacun affichant une personnalité très forte, dont les contours sont dessinés par le scénariste Ernesto Gastaldi d’une façon assez typique des années 70, ne serait-ce que dans la façon dont il dépeint l’homosexualité « ostensible » du personnage d’Adam (Klaus Grünberg).

En deux mots comme en cent, Le Grand Duel s’avère un excellent représentant des qualités et des défauts du western spaghetti. Giancarlo Santi emprunte quelques éléments formels à Sergio Leone, ce qui lui permettra d’enchaîner et de varier les scènes de duels, qui sont d’ailleurs nombreuses et excellemment mises en scène. Bref, Le Grand Duel est un kif, à tous les niveaux. Ce n’est peut-être pas le meilleur film du genre, mais il s’agit tout de même d’un incontournable pour les amateurs de westerns. Quentin Tarantino l’a d’ailleurs classé quinzième dans sa liste des 20 meilleurs westerns spaghetti.

Le Blu-ray

[4/5]

Troisième western spaghetti à sortir sous les couleurs de Elephant Films au sein de la « Vendetta Collezione », Le Grand Duel débarque donc aujourd’hui au format Blu-ray, pour le plus grand plaisir des amateurs. Côté galette Blu-ray, le film de Giancarlo Santi affiche une forme insolente, avec un master solide ne présentant pas de souci particulier : les couleurs sont éclatantes et saturées, la définition ne pose pas le moindre problème et le niveau de détail ne faiblit jamais malgré un grain argentique scrupuleusement préservé – c’est du très beau travail. Niveau son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine évidemment, en VF comme en version italienne ainsi qu’en version anglaise. Les dialogues sont clairs et bien découpés, sans souffle notable, et la musique de Luis Bacalov et Sergio Bardotti est bien mise en avant.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un livret inédit de 12 pages contenant une présentation du film par Alain Petit et une poignée de photos d’exploitation. Sur le Blu-ray à proprement parler, on trouvera tout d’abord une présentation du western italien par René Marx (27 minutes), qui a l’avantage d’être un peu en dehors des sentiers battus, et d’aborder le western spaghetti sous un angle finalement assez inhabituel, notamment dans la façon dont il aborde la masculinité / virilité du genre. On poursuivra ensuite avec une présentation du film par Nachiketas Wignesan (24 minutes), qui reviendra sur la carrière de Giancarlo Santi, ses relations avec Sergio Leone, les acteurs du film (et notamment Lee Van Cleef) et analysera la volonté de Santi de tourner un film non conventionnel. On terminera enfin le tour des bonus par la traditionnelle poignée de bandes-annonces.

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