Test Blu-ray : Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages

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Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages

France : 1968
Titre original : –
Réalisation : Michel Audiard
Scénario : Michel Audiard, Henri Viard, Jean-Marie Poiré
Acteurs : Françoise Rosay, Bernard Blier, Marlène Jobert
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h20
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 6 septembre 1968
Date de sortie DVD/BR : 26 février 2020

Rita, à qui Charles refuse sa part d’un cambriolage fumant, fait appel à sa tante Léontine la flingueuse, ancienne terreur du milieu, pour récupérer son dû…

Le film

[4/5]

Si Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages constitue la première expérience de Michel Audiard en tant que réalisateur, en 1968, le « style Audiard » était déjà parfaitement rôdé, grâce notamment à une demi-douzaine de collaborations avec Georges Lautner, qui lui auront permis de populariser ses intrigues à la croisée des chemins entre le polar et le cartoon, dynamisées par la mise en scène foldingue de Lautner et le plus souvent portées par la présence au casting de Mireille Darc en tête d’affiche.

Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages est à la fois tout pareil et très différent (notez que l’on pourrait dire ça de la plupart des films d’Audiard !). On n’y trouvera pas par exemple Mireille Darc dans le rôle de la grande sauterelle de service, mais Marlène Jobert. Mêmes taches de rousseur, même silhouette filiforme, même attitude et comportement enfantins, MAIS couleur de cheveux différente (on passe du blond platine au roux incendiaire). Sa diction très particulière et ses mimiques sont également extrêmement différentes de celles de Mireille Darc : on passe de la froideur inaccessible à une véritable « chaleur » populaire – presque franchouillarde – dans le jeu, grâce notamment au running-gag la voyant lâcher de longs « Ooooooooooh ! » indignés dès que son personnage est contrarié.

L’intrigue très « série noire » tournant autour d’un magot de lingots d’or passant de mains en mains, est traité par Michel Audiard de façon ouvertement fantaisiste, peut-être même encore plus ouvertement déjantée que chez Lautner : les dix premières minutes enchaînent par exemple des mises à morts burlesques que l’on croirait issues d’un dessin animé de Chuck Jones ou de Tex Avery, tout en nous présentant, en brisant le « quatrième mur » et invectivant clairement le spectateur, une galerie de personnages hauts en couleurs. Les gags sont nombreux, la forme parfois aux limites de l’expérimental, Audiard s’amuse avec l’image et le son, usant et abusant des mentions écrites à l’écran, parodiant les films chantés de Jacques Demy, multipliant les bons mots à la mitraillette.

Alors bien sûr, tous les gags ne font pas mouche de la même manière, mais le plus étonnant dans Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages, c’est bien finalement de constater que plus de cinquante ans après sa sortie dans les salles, le génie comique d’Audiard reste intact ; mieux encore, on aurait tendance à dire qu’il se bonifie avec le temps, surtout au regard de la flopée de comédies insipides que nous propose le cinéma français année après année. Une excellente petite comédie, populaire et sympathique, qui révélera à qui en douterait encore le talent fou de Michel Audiard non seulement pour nous livrer le quota de punchlines créatives et drôles, mais également son ambition à signer un film formellement très éloigné du cinéma « de papa ».

Le Blu-ray

[4,5/5]

Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages et son titre à rallonge arrivent donc ce mois-ci chez Gaumont en Blu-ray, au sein de la trentième-et-unième vague de sa collection Blu-ray Découverte (aussi appelée Gaumont découverte en Blu-ray). Afin de fêter comme il se doit la sortie en Haute-Définition du premier film de Michel Audiard en tant que cinéaste, Gaumont se devait de nous livrer avec ce Blu-ray une galette Haute Définition exemplaire. Et rassurez-vous : c’est chose faite avec ce petit trésor de transfert HD, affichant un grain argentique scrupuleusement préservé, un piqué accru, le tout étant naturellement accompagné de couleurs et de noirs très intenses et soignés. Côté son, le film est naturellement proposé uniquement en français et DTS-HD Master Audio 2.0. La bande sonore affiche une pêche manifeste, s’avère toujours stable et nette, et ne souffre d’aucun souffle disgracieux.

Du côté de la section suppléments, Gaumont nous propose tout d’abord une intéressante présentation du film par Didier Griselain (26 minutes), qui remettra le film dans son contexte de tournage et le replacera au cœur de la carrière de Michel Audiard. On continuera avec un amusant entretien avec Jean-Marie Poiré (17 minutes), qui reviendra quant à lui sur l’enchaînement d’événements inattendus l’ayant amené à travailler avec Audiard, puis évoquera ses souvenirs des sessions d’écriture et du tournage du film. L’entretien est détendu et sans langue de bois, Poiré revenant notamment sur certaines anecdotes croustillantes liées au contraste entre lui-même et Audiard, ne serait-ce que physiquement. Très plaisant ! On terminera ensuite avec un entretien avec Marlène Jobert (9 minutes), qui se remémorera sa rencontre avec Audiard et le tournage du film.

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