Critique : Sinister 2

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Sinister 2

Etats-Unis, 2015
Titre original : Sinister 2
Réalisateur : Ciaran Foy
Scénario : Scott Derrickson et C. Robert Cargill
Acteurs : James Ransone, Shannyn Sossamon, Robert Daniel Sloan
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h37
Genre : Horreur (Interdit aux moins de 12 ans)
Date de sortie : 19 août 2015

Note : 2,5/5

Chaque film d’horreur qui remporte un succès commercial tant soit peu conséquent a désormais droit à une suite. Il nous paraît évident que cette profusion de productions relève plus d’une démarche mercantile que d’une nouvelle ère riche en innovations, puisque le vocabulaire formel et thématique du genre reste le plus souvent conforme aux codes établis à la fin des années 1990. La sensation de frissons interchangeables perdure par conséquent, tout comme l’absence d’obligation de voir tous les films d’une série pour pouvoir suivre l’intrigue de ces spectacles macabres guère généreux en traits particuliers. Même sans avoir vu le premier Sinister sorti en France il y a près de trois ans, vous pourrez donc tirer un plaisir mesuré de cette histoire abracadabrante sur un croquemitaine qui se sert des enfants pour mieux accomplir ses projets meurtriers. De rares mises en abîme astucieuses sur le rôle du cinéma en tant que vecteur de l’horreur s’y perdent hélas un peu trop rapidement dans le fil narratif dépourvu de bonnes surprises.

Synopsis : Courtney Collins a trouvé refuge avec ses deux fils Dylan et Zachary dans une maison abandonnée, où de terribles meurtres ont jadis eu lieu. Elle espère pouvoir y commencer une nouvelle vie, loin de son mari Clint, un puissant entrepreneur agricole qui devenait souvent violent à son égard et à celui des enfants. L’ancien adjoint au shérif, le seul rescapé de l’affaire de la famille Oswalt, continue son enquête sur la série de meurtres commis par Bughuul. Il tente de rompre la malédiction en brûlant toutes les maisons dans lesquelles ce croquemitaine mystérieux a déjà sévi. Confronté à la présence de Courtney et de ses enfants, l’ancien adjoint change de stratégie et cherche à protéger ces victimes potentielles. Or, l’emprise de Bughuul a déjà commencé, puisque Dylan fréquente chaque nuit des enfants étranges.

Nos chers enfants

L’innocence de nos chers bambins est une fois de plus mise à rude épreuve dans Sinister 2. Ils ne sont certes que les exécutants des sombres desseins de Bughuul, mais cet emploi peu gratifiant leur permet de devenir le pivot de son plan machiavélique, qui se perpétue au fur et à mesure qu’ils trouvent de nouvelles proies. La répartition du potentiel horrifique s’avère en effet plutôt bancale au sein du film, qui cherche à accentuer la dimension diabolique des enfants, tout en leur préservant une partie de résistance morale. Ainsi, les rapports entre Dylan, le plus peureux des frères, et ses compagnons nocturnes s’agencent maladroitement. Après un premier sursaut tout au début de l’histoire, lorsque Milo, le chef de la bande, apparaît soudainement à côté du lit de Dylan, le potentiel menaçant de ces gamins d’un autre monde s’amenuise considérablement. Le garçon qui leur permet d’établir un nouveau lien vers la vie les traite en fait comme des camarades ordinaires, sans que leur relation peu orthodoxe n’ait d’autres conséquences sur son quotidien que de lui éviter des cauchemars, au prix élevé de films amateurs d’horreur à regarder chaque nuit dans la cave. Cette faiblesse de la menace qui pèse sur la famille n’est guère relativisée par le changement de registre final, lorsque la bande des enfants adopte le rôle plus actif de fantômes, qui guident l’assassin pour lui permettre de massacrer les siens.

Des films de famille croustillants

La préparation psychologique à ce dénouement grandiloquent s’avère heureusement un peu plus astucieuse, jusqu’à ce que nous nous rendions compte que nous avons encore une fois été menés en bateau par le début du film, qui montre en fait l’exécution du plan maléfique destiné à la famille Collins. Qu’à cela ne tienne, les autres films amateurs ponctuent efficacement la surenchère du dégoût, avant la dégringolade préoccupante du ton du deuxième film de Ciaran Foy, dont le premier, Citadel, avait su garder plus longtemps l’effroi intact. Toute la cruauté gratuite du mode opératoire de Bughuul s’y manifeste, au point de nous rappeler vivement pourquoi nous n’adhérons plus tellement aux films d’horreurs récents, des orgies sadiques qui ne laissent plus aucune place à l’imagination de l’épouvante. La mise en scène aménage certes quelques ellipses pour assurer la fluidité de l’intrigue, mais lorsqu’il s’agit de nous confronter à la souffrance des victimes passées, elle fait preuve d’une insistance sans valeur ajoutée en termes de création d’une forme d’horreur plus subtile et durable. En somme, Sinister 2 remplit tout juste son contrat d’un film de genre lambda, à l’image des interprétations des deux acteurs principaux James Ransone et Shannyn Sossamon, solides mais pas suffisamment intenses pour nous permettre de nous sentir réellement concernés par leur calvaire.

Conclusion

Sorti à la fin d’un été nullement tendre avec les films d’horreur sans signes distinctifs, Sinister 2 ne devrait pas non plus déplacer les foules de spectateurs friands de ce type d’histoire terrifiante. Même si son sort commercial probable ne nous émeut point, il faut néanmoins reconnaître que nous avons déjà vu de nombreux films d’horreur moins bien ficelés que celui-ci. Autant écrire que si ce genre de film vous tente d’office, allez-y sans vous attendre à un chef-d’œuvre intemporel, ou sinon, passez votre chemin sans trop de regrets.

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