La Roche-sur-Yon 2016 : Opération Avalanche

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Opération Avalanche

Etats-Unis, 2015
Titre original : Operation Avalanche
Réalisateur : Matt Johnson
Scénario : Matt Johnson & Josh Boles
Acteurs : Matt Johnson, Owen Williams, Josh Boles
Distribution : –
Durée : 1h34
Genre : Thriller
Date de sortie : –

Note : 2,5/5

L’Histoire américaine des années 1960 ne se laisse pas résumer à l’assassinat du président Kennedy et à l’atterrissage sur la lune. Il y a aussi eu, entre autres, la crise des missiles cubains, la guerre du Vietnam et la lutte pour l’égalité des droits de la population afro-américaine et d’autres minorités. Le cinéma a pourtant tendance à se focaliser presque maladivement sur ces deux événements phare, qui ouvrent et qui clôturent avec fracas cette décennie ponctuée de bouleversements majeurs. Ce n’est pas plus tard qu’au mois de mars dernier que nous avons eu droit à un énième conte paranoïaque sur la falsification de l’alunissage, Moonwalkers de Antoine Bardou-Jacquet, qui s’était au moins évertué à évoquer ce sujet d’une importance nationale accrue sur le ton de la comédie. Rien ne prête cependant à rire, ou au moins à sourire, dans Opération Avalanche, un faux documentaire dans la lignée formelle du Projet Blairwitch, présenté au Festival de La Roche-sur-Yon, qui n’évite aucun cliché susceptible de faire perdurer les théories du complot les plus aberrantes.

Synopsis : Suite à la sortie de la farce atomique Docteur Folamour de Stanley Kubrick, les services secrets américains ont engagé de nouveaux agents, Matt Johnson et Owen Williams, pour enquêter sur les éventuelles sympathies communistes du réalisateur. Grâce au succès de leur première mission, les deux espions en herbe sont envoyés au centre de la NASA à Houston, afin d’y démasquer une taupe soviétique qui serait en train de mettre en péril l’ambitieux programme spatial de l’agence. Matt et son acolyte découvrent rapidement que les ingénieurs de la NASA craignent de ne pas pouvoir envoyer un homme sur la lune et le ramener sain et sauf. Ils ont alors l’idée en apparence ingénieuse de filmer un faux atterrissage sur la lune, à passer sur les chaînes de télévision du monde entier en cas de besoin, si jamais les progrès américains dans la course à la conquête de l’espace ne sont pas concluants.

Tout est faux

Dur, dur de se sentir impliqué dans une histoire qui ne fait essentiellement que réchauffer de vieilles hantises de manipulation, de surcroît véhiculées par une forme cinématographique plus adaptée au genre de l’horreur. En effet, la dimension documentaire de ces prises volées sur le vif, qui sont censées représenter une vérité dérobée en cachette, ne fait plus illusion depuis très longtemps. Car ce n’est point de la réalité qu’elles représentent, mais au contraire, loin de toute objectivité, un outil d’identification qui place au mieux le spectateur dans le rôle subjectif de la victime, effrayée en permanence. Opération Avalanche fait certes tout son possible pour rendre crédible ce mécanisme d’une surveillance rapprochée, par le biais du caméra-man qui se trouve presque sans exception au bon endroit au bon moment pour enregistrer les moindres détails de cette histoire supposément haletante. A commencer par un travail plutôt appréciable sur la texture de l’image, artificiellement vieillie pour l’intégrer plus facilement dans un contexte de films d’archives. Mais ce dispositif, usé jusqu’à la corde depuis le début du siècle, ne se prête au fond, selon les modes de perception affinés au fil de centaines de films de genre devenus interchangeables, qu’à susciter une sensation de peur. La narration de Matt Johnson y a in extremis recours, lorsque le récit n’a plus d’autres ambitions qu’à être une chasse à l’homme basique. A ce moment-là, il est hélas déjà trop tard pour justifier l’utilisation à peine détournée du « found footage » sur l’ensemble d’un film, qui en pâtit plus qu’il n’en bénéficie.

Rien n’est vrai

A la forme péniblement formatée répond au niveau du fond une soumission aux idées reçues guère plus ingénieuse. Rien que la personnalité antipathique du protagoniste, un petit parvenu qui ne lésine pas sur les coups bas pour faire avancer sa carrière au sein de la CIA, ne nous donne pas du tout envie de nous investir davantage dans son travail de détective amateur, obnubilé par sa propre importance. C’est surtout que l’avancement de l’opération secrète ne produit à aucun moment une piste de réflexion nouvelle par rapport à une thématique sur laquelle tout a déjà été dit et montré. Les scientifiques de la NASA sont des proies faciles pour les méthodes sans scrupules des agents secrets, soit, et ces derniers opèrent froidement comme les sbires d’un pouvoir occulte qui cache sa face véritable, soit encore. Mais dans toute cette orchestration de la méfiance, il nous manque ce petit élément de surprise qui ferait la différence en comparaison avec les innombrables films à la thématique proche, voire identique. Le personnage principal se montre ainsi un peu trop dupe des rouages du système pour pouvoir les pervertir à son avantage. La mise en scène de Matt Johnson donne en quelque sorte la même impression : qu’elle cherche à s’amuser en toute innocence avec un sujet toujours brûlant, sans se rendre compte qu’il aurait fallu un propos et un support formel moins nombrilistes pour en appréhender enfin les tenants et les aboutissants.

Conclusion

Que vous croyez que l’homme a marché sur la lune en 1969 ou que vous soyez restés dubitatifs face à ce chapitre important de la Guerre froide, ce faux documentaire ne vous fera sans doute pas changer d’avis ! Pour cela, il s’attache beaucoup trop étroitement à une forme contraignante, qui ne participe en rien à relativiser les différentes théories du complot qui plombent le sujet depuis longtemps. Mieux vaut considérer Opération Avalanche comme un exercice de style mineur, qui peine à dépasser le stade du film de potes, produit plus pour faire plaisir aux gens de l’équipe que pour ouvrir le champ des possibles en matière de réinterprétation d’une Histoire américaine parallèle.

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