La Taupe

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La Taupe de Tomas Alfredson

La taupeLa Taupe

Grande Bretagne : 2010
Titre original : Tinker, Tailor, Soldier, Spy
Réalisateur : Tomas Alfredson
Scénario : John Le Carré, Bridget O’Connor
Acteurs : Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy
Distribution : Studiocanal
Durée : 2h07
Genre : Thriller
Date de sortie : 8 février 2012

Globale : [rating:4][five-star-rating]

Tiré d’un roman de John Le Carré, spécialiste renommé du genre, et mettant en scène George Smiley un de ses personnages de fiction récurrent, Tomas Alfredson a réalisé avec « la taupe » un film d’espionnage sur fond inépuisable de guerre froide et d’agents doubles.

Synopsis : 1973. La guerre froide empoisonne toujours les relations internationales. Les services secrets britanniques sont, comme ceux des autres pays, en alerte maximum. Suite à une mission ratée en Hongrie, le patron du MI6 se retrouve sur la touche avec son fidèle lieutenant, George Smiley.
Pourtant, Smiley est bientôt secrètement réengagé sur l’injonction du gouvernement, qui craint que le service n’ait été infiltré par un agent double soviétique. Epaulé par le jeune agent Peter Guillam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais il est bientôt rattrapé par ses anciens liens avec une redoutable espionne russe, Karla.
Alors que l’identité de la taupe reste une énigme, Ricki Tarr, un agent de terrain en mission d’infiltration en Turquie, tombe amoureux d’une femme mariée, Irina, qui prétend posséder des informations cruciales. Parallèlement, Smiley apprend que son ancien chef a réduit la liste des suspects a cinq noms : l’ambitieux Percy Alleline, Bill Haydon, le charmeur, Roy Bland, qui jusqu’ici, a toujours fait preuve de loyauté, le très zélé Toby Esterhase… et Smiley lui-même.
Dans un climat de suspicion, de manipulation et de chasse à l’homme, tous se retrouvent à jouer un jeu dangereux qui peut leur coûter la vie et précipiter le monde dans le chaos. Les réponses se cachent au-delà des limites de chacun…

La Taupe de Tomas Alfredson

Pas d’une originalité étonnante

On retrouve dans le dernier film de Tomas Alfredson (réalisateur du monumental Morse) un fil conducteur connu avec des personnages un peu caricaturaux (les chefs parlent peu, le « méchant » est omnipotent et insaisissable, le ministre forcément paniqué).

Et bien évidemment on perd parfois un peu le fil de l’histoire, s’interrogeant sur qui est qui et qui fait quoi. Comme si dans les films du genre, scénaristes et réalisateurs ne pouvaient imaginer rendre une histoire complexe quand la brouillant à plaisir pour un spectateur qui se demande s’il n’a pas loupé quelque chose ou s’il est idiot…

Il faut reconnaître que Tomas Alfredson a fait des efforts pour nous aider. Ainsi il règle une bonne fois toutes le problème des allers-retours entre passé et présent en faisant, au début du film, changer les lunettes de son personnage principal. C’est un bon moyen, simple et efficace. A la limite un peu trop car là on se dit que le réalisateur prend peut-être quand même le spectateur pour un gros benêt…

La Taupe de Tomas Alfredson

Mais il est intéressant et assez habile

L’enquête est réussie, l’histoire monte en intensité, on a envie de savoir qui est la taupe (bon c’est bien le moins quand même). Il y a quelques moments de bonne tension aussi (quand Guillam, par exemple, fouille dans les archives du MI6).

Une des qualités du film c’est aussi qu’en leur donnant un passé, une vie, des amours, des faiblesses, Alfredson rend aussi ces personnages humains, pas seulement idéalistes ou motivés par l’argent. Leurs personnalités souvent complexes, est abordée par petites touches, distillées peu à peu (la relation difficile de Smiley avec Ann son épouse, l’homosexualité de Guillam, la frustration sexuelle de Connie, la relation ambiguë entre Prideaux et Haydon qui se révèle totalement à la fin).

Une autre de ses qualités c’est de plonger le spectateur dans une époque vieille de 30 ans, la guerre froide, cette longue période de tension idéologique et politique entre deux grandes puissances, les États Unis et l’URSS dont émergea la bipolarisation du monde. La réalisation en elle- même est sans fioritures, glacée pourrait-on dire comme pour traduire un ordre mondial où les tensions toujours présentes pouvaient éclater à chaque instant, où diplomatie officielle et espionnage tentaient de remporter la victoire.

Formellement enfin Tomas Alberson s’est employé à recréer parfaitement les années 70 avec force décors, costumes, voitures (peut-être de manière un peu laborieuse ne masquant pas assez l’effort déployé).

Les acteurs, Gary Oldam (Léon, Air Force One), Benedict Cumberbatch (Deux sœurs pour un roi), Colin Firth (Le Discours d’un roi), Mark Strong (Robin des Bois) en tête sont tout à fait convaincants.

 Résumé

La taupe est un film d’espionnage, fidèle au genre, tout à fait correct pour ceux qui ne le pratiquent guère et probablement d’excellente facture pour les amateurs. S’il ne déclenchera pas forcément un enthousiasme excessif, on peut en tout cas le voir sans ennui et y prendre plaisir.

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2 Commentaires

  1. La Taupe..

    Etrange film qui joue aux poupées russes comme l’a dit son réalisateur.
    Et qui joue surtout de la parodie par de nombreuses références aux films d’espionnage dont il tire les ficelles, comme on tire les tuyaux (intestinaux) de nombreux cadavres dans ce film.
    Qui est la Taupe ? Nous n’en saurons finalement rien, tant le film s’amuse à nous aiguiller sans cesse sur des pistes plausibles mais jamais certaines absolument (la métaphore des rails est omniprésente dans le film). Le réalisateur se charge d’ailleurs de nous faire comprendre que le cinéma est « fiction », « machinerie » à l’image de la scène de l’arrivée de l’avion qui n’est pas sans rappeler La mort aux Trousses mais dont la prise de vue insiste sur les trucages (les personnages sont filmés de telle sorte qu’on a le sentiment qu’ils sont placés devant un décor). Effets de distanciation façon Brecht ( voir par exemple la scène des meurtres au début du film, scènes très théâtrales où le personnage de la mère à l’enfant renvoie au personnage de la vierge, mais aussi à la pièce de Brecht, Mère Courage, le policier qui prend l’enfant dans les bras à un régisseur de théâtre qui range le décor et les ustensiles à la fin de la scène…), références à l’univers kafkaïen de la bureaucratie ( c’est par exemple la scène de la bibliothèque des archives)…ce film est réflexion sur le monde de la littérature aussi…Le réalisateur y entre comme la taupe……d’ailleurs n’appelle-t-on pas les bibliophiles des taupes ou des rats de bibliothèque ?
    La taupe est considérée comme myope…à l’image de Smiley sur lequel s’attarde longuement la caméra au début du film au moment où il achète des lunettes.
    A l’image aussi de l’enfant qui voit bien grâce à ses lunettes..
    A l’image du spectateur qui perd le fil et ne voit pas vraiment le coupable tant il est myope…

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