Décès du réalisateur Isao Takahata

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Le réalisateur et producteur japonais Isao Takahata est décédé hier à Tokyo d’un cancer des poumons. Il était âgé de 82 ans. Un des maîtres incontestés du cinéma d’animation japonais – selon les préférences personnelles peut-être même un plus grand génie poétique que son confrère et compagnon de route artistique Hayao Miyazaki –, on lui doit quelques uns des plus beaux Animes de l’Histoire du cinéma : Horus Prince du soleil, Le Tombeau des lucioles et Pompoko. En tant que co-fondateur du célèbre studio Ghibli, Takahata avait en effet joué un rôle majeur dans l’effort fédérateur des films d’animation japonais, qui s’adressaient sous sa supervision infaillible à un public large, tout en promouvant des valeurs humanistes et pacifistes chères à ce syndicaliste convaincu.


Un francophile dans l’âme, qui avait étudié les poèmes de Jacques Prévert à l’université de Tokyo et qui s’était passionné pour l’animation grâce à sa découverte du travail du réalisateur Paul Grimault, il rejoint le studio Toei à la fin des années 1950. Alors qu’il s’y met d’abord au service de programmes de télévision comme « Ken l’enfant loup » et qu’il signe plus tard la série « Heidi La petite fille des Alpes » produite par Nippon Animation, qui rencontre également un succès durable sur les chaînes internationales, il réussit déjà à cette époque-là à tourner son premier long-métrage de cinéma, le magistral Horus Prince du soleil. A l’image de la plupart de ses films, la découverte de cette première perle d’une filmographie qui en comptera une petite dizaine se fera très tardivement en France et plus globalement à l’étranger, puisque ce conte enchanteur sortira sur les écrans français avec un retard impardonnable de plus de trente-cinq ans ! A la même époque, il fait la connaissance de l’autre talent prometteur du cinéma japonais d’animation Hayao Miyazaki, de cinq ans son cadet, qui collabore en tant qu’animateur de séquences sur Horus Prince du soleil, ainsi que plus tard comme scénariste sur Panda petit panda.


Au début des années ’70, Takahata et Miyazaki quittent la Toei pour tenter leur chance au studio Shin-Ei Animation. Une décennie plus tard, le premier réalise coup sur coup Kié la petite peste et Goshu le violoncelliste, tandis que le deuxième s’impose grâce à Nausicaä de la vallée du vent que Isao Takahata produit. Ensemble avec le producteur Toshio Suzuki, ils se mettent alors à leur compte en créant le studio Ghibli en 1985, où Takahata produira un autre film de son confrère Le Château dans le ciel. C’est de même dans ce nouvel environnement de liberté créative que Takahata met en scène son chef-d’œuvre, le conte d’enfance profondément triste et beau à la fois Le Tombeau des lucioles sur un garçon et sa sœur qui tentent de survivre après l’attaque nucléaire au Japon à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Le résultat commercial plutôt décevant de cette histoire tragique lors de son exploitation initiale a été assez vite oublié, grâce au succès du fantastique et loufoque Pompoko, Grand Prix au Festival d’Annecy en 1995 et bien sûr seulement distribué en France dix ans plus tard.


L’échec cuisant de Mes voisins les Yamada à la fin du siècle pousse Isao Takahata a abandonner pendant longtemps les plateaux du cinéma d’animation. En 2009, il reçoit un Léopard d’honneur au Festival de Locarno. Puis en 2013, il revient finalement aux affaires avec le sublime chant de cygne Le Conte de la princesse Kaguya, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes l’année suivante, puis nommé à l’Oscar du Meilleur Film d’animation en 2015 et récompensé par les critiques de Los Angeles dans la même catégorie. Il est enfin le directeur artistique de La Tortue rouge de Michael Dudok De Wit, une première collaboration entre le studio Ghibli et des producteurs européens.

https://youtu.be/uXXlYqPEhRs

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