Critique Express : Godland

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Godland

Danemark, Islande : 2022
Titre original : Vanskabte land
Réalisation : Hlynur Pálmason
Scénario : Hlynur Pálmason
Interprètes : Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne, Hilmar Guðjónsson
Distribution : Jour2fête
Durée : 2h23
Genre : Drame
Date de sortie : 21 décembre 2022

3/5

Synopsis : À la fin du XIXème siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande avec pour mission de construire une église et photographier la population. Mais plus il s’enfonce dans le paysage impitoyable, plus il est livré aux affres de la tentation et du péché.

Un film en deux parties

Dans la 2ème moitié du 19ème siècle, Lucas, un jeune prêtre danois plein d’ambition, est envoyé dans une région très isolée d’Islande dans le but de faire construire une église, de faire en sorte qu’elle soit terminée avant l’arrivée de l’hiver et, accessoirement, de réaliser une sorte de reportage photographique sur le pays et ses habitants. A cette époque, l’Islande est toujours sous domination danoise, mais la rudesse qui règne sur cette île, en particulier concernant le climat, y rend la vie sur bien plus difficile que sur le continent. Bien mis en garde par sa hiérarchie quant à cette rudesse et aux difficultés qu’il ne manquera pas de rencontrer, Lucas s’attend au pire et c’est peu dire qu’il ne va pas être déçu par la traversée du pays que lui et ses accompagnateurs vont devoir effectuer, avec les glaciers à traverser, les phénomènes volcaniques et les rivières en crue. Une traversée qui n’était pas indispensable, l’emplacement de la future église se trouvant au bord de la mer, mais que Lucas a souhaité entreprendre afin de photographier les paysages traversés.

Toujours est-il que, pour entreprendre cette traversée qui va occuper la première moitié de ce film de 143 minutes, Lucas a besoin d’un guide : ce sera Ragnar, un homme plus âgé que lui, plutôt rustre mais à l’esprit pratique aiguisé, un homme avec qui Lucas, lui qui est raffiné et éduqué et qui se croit bien supérieur malgré sa fragilité physique, va entretenir des rapports de plus en plus conflictuels. Et puis, Lucas ne parlant que le danois, il lui faut aussi un traducteur pour pouvoir s’entretenir avec la population locale. Malgré la beauté des paysages, malgré les obstacles qui se succèdent pour ralentir le cheminement de la petite troupe qui accompagne Lucas, cette longue traversée, pénible pour les voyageurs, l’est aussi pour les spectateurs du film, en raison de la longueur du périple et du côté répétitif des incidents.

Heureusement, la deuxième moitié du film, très différente, s’avère beaucoup plus intéressante. On notera que Un jour si blanc, le long métrage précédent de Hlynur Pálmason, souffrait du même défaut : une première partie avec de belles images de la nature islandaise mais avec une intrigue d’un intérêt limité, suivie d’une deuxième partie beaucoup plus passionnante. Dorénavant, Lucas est arrivé à l’endroit prévu pour la construction de l’église, cette construction va commencer, et Lucas y a retrouvé un compatriote et ses 2 filles, Anna et Ida. Alors que les situations sont devenues beaucoup plus statiques, le film, lui, s’anime, avec des relations entre les personnages qui ont gagné en complexité. La mort rode, Lucas a perdu de sa superbe, il s’est mis à douter, et, par ailleurs, il n’est pas insensible à la beauté d’Anna. Ragnar est resté pour la construction de l’église et ses rapports avec Lucas sont de plus en plus tendus.

Islandais de 38 ans, Hlynur Pálmason a fait ses études de cinéma à École nationale de cinéma du Danemark. Godland, présenté dans la section Un Certain Regard de Cannes 2022, est son 3ème long métrage. Dès l’écriture du scénario, il avait été décidé qu’il serait demandé à Lucas de faire des photographies lors de son séjour en Islande et, de ce fait, on le voit sans cesse transporter le lourd et volumineux matériel qu’une telle tâche nécessitait à l’époque. Cette importance donnée à la photographie est confirmée par le choix du format dit carré, un format qui, d’ailleurs, était très « tendance » lors du dernier Festival de Cannes, et qui, ici, est renforcé par un encadrement noir des images. Pour ce film qu’il a tourné dans un environnement qu’il connait bien, Hlynur Pálmason a choisi de donner les rôles principaux à des comédien.ne.s avec lesquel.le.s il avait déjà travaillé dans des films précédents, dont Ída Mekkín Hlynsdóttir, sa propre fille, dans le rôle de Ida.

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