Test Blu-ray : 13 Cauchemars de la Hammer pour #Halloween

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Il y a des coffrets qui font plaisir, d’autres qui font du bien, et puis il y a ceux qui donnent envie de se rouler nu dans un cimetière anglais en récitant du Shakespeare à des chauves-souris. Le coffret Blu-ray « 13 Cauchemars de la Hammer » édité par Elephant Films appartient clairement à cette dernière catégorie. Treize films, treize pépites gothiques, treize occasions de se replonger dans l’univers délicieusement lugubre de la Hammer Films, cette fabrique à cauchemars qui, entre 1955 et 1976, a transformé le cinéma d’horreur en opéra baroque pour amateurs de corsets, de cryptes et de cris étouffés. Et dans ce coffret, on retrouve tout ce qui fait le charme de la Hammer : des vampires qui ont du style, des loups-garous qui ont du poil, des savants fous qui ont du mal à gérer leurs pulsions, et des jeunes filles qui courent dans les couloirs comme si leur vie dépendait d’un bon éclairage tamisé.

Treize films sont donc disponibles au sein du coffret : Les Maîtresses de Dracula (1960), La Nuit du loup-garou (1961), Le Spectre du chat (1961), Le fascinant Capitaine Clegg (1962), Le Fantôme de l’opéra (1962), Paranoïaque (1963), Le Baiser du vampire (1963), Meurtre par procuration (1964), L’Empreinte de Frankenstein (1964), Comtesse Dracula (1971), La Fille de Jack l’Éventreur (1971) et Le Cirque des Vampires (1972). Voilà de quoi s’offrir un panorama réjouissant de la production Hammer, entre classiques incontournables et curiosités biscornues. On y croise Christopher Lee en Dracula mutique, Peter Cushing en médecin obsessionnel, Oliver Reed en loup-garou tourmenté, et même Michael Gough en patriarche sadique. Chaque film est une variation sur les thèmes chers au studio : la peur du corps, la folie héréditaire, le désir interdit, la science qui dérape, et bien sûr, les capes qui claquent dans le vent. Mais au-delà des clichés, la Hammer a toujours su injecter une dose de poésie morbide, de critique sociale, et même parfois de féminisme involontaire (quand les femmes prennent le pouvoir, c’est souvent en mordant).

Les Maîtresses de Dracula

Royaume-Uni : 1960
Titre original : The Brides of Dracula
Réalisation : Terence Fisher
Scénario : Jimmy Sangster, Peter Bryan, Edward Percy
Acteurs : Peter Cushing, Martita Hunt, Yvonne Monlaur
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h25
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 21 décembre 1960
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Marianne a accepté un poste d’institutrice dans un pensionnat pour jeune fille. Alors qu’elle traverse la Transylvanie, son cocher l’abandonne dans un village, où elle trouve refuge dans une auberge. Malgré les mises en garde du propriétaire des lieux, elle accepte l’invitation de la baronne Meinster à passer la nuit dans son château. Heureusement pour elle, le Docteur Van Helsing poursuit dans la région sa chasse aux vampires…

Malgré ce qu’indique son titre afin d’attirer le chaland, Les Maîtresses de Dracula (1960) ne met absolument pas en scène le comte vampire imaginé par Bram Stoker, et déjà apparu deux ans auparavant sous les traits de Christopher Lee dans Le Cauchemar de Dracula. Les Maîtresses de Dracula suit donc les démêlés d’une jeune institutrice incarnée par Yvonne Monlaur aux prises avec le baron Meinster, vampire interprété par David Peel, dont le jeu et le charisme ne tiennent certes pas la comparaison avec ceux de Christopher Lee, mais ce léger détail mis à part, le film de Terence Fisher s’avère un parfait représentant du savoir-faire made in Hammer. Le scénario est très intéressant, les décors et certains plans littéralement somptueux de beauté, le rythme est excellent et le film, porté par la prestation comme toujours impeccable de Peter Cushing, s’avère un petit joyau du genre, faisant partie des nombreux films de la firme anglaise que l’on se plait à revoir et à revoir au fil des années.

La Nuit du loup-garou

Royaume-Uni : 1961
Titre original : The curse of the werewolf
Réalisation : Terence Fisher
Scénario : Anthony Hinds
Acteurs : Clifford Evans, Oliver Reed, Yvonne Romain
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h33
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 4 octobre 1961
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Espagne. XVIIIème siècle. Fils du sadique baron Siniestro et de la servante sourde et muette dont il a abusé, Leon est adopté par un vieux professeur, Alfredo Carido. Mais en grandissant, le jeune homme a de plus en plus de mal à refréner ses pulsions meurtrière, qui le poussent à commettre des atrocités, au point de se transformer les nuits de pleine lune…

La Nuit du loup-garou (1961) est également réalisé par Terence Fisher, qui s’avère probablement le cinéaste le plus brillant et le plus emblématique de l’écurie Hammer. S’ouvrant sur une introduction assez longue mettant en scène, comme Le Chien des Baskerville en 1959, les mœurs cruelles d’une aristocratie décadente (ce qui donne mine de rien une légère coloration « sociale » à l’ensemble), le film bifurque par la suite dans le fantastique pur et dur. Néanmoins, Fisher et son scénariste Anthony Hinds prennent le temps de développer le trajet personnel du héros du film, apportant une belle richesse à son background psychologique, ce qui se révélera payant dans la deuxième partie du métrage. Bien sûr, le film reprend la classique « mythologie » du genre héritée du classique de la Universal, mais malgré les passages obligés, Terence Fisher sait faire preuve d’un sens du rythme ne permettant jamais au spectateur de s’ennuyer. Devant la caméra, Oliver Reed apporte sa bestialité naturelle à la créature, qui s’offre par ailleurs un très beau maquillage, presque poétique, réalisé par Roy Ashton. Une belle réussite.

Le fascinant Capitaine Clegg

Royaume-Uni : 1962
Titre original : Captain Clegg
Réalisation : Peter Graham Scott
Scénario : Anthony Hinds
Acteurs : Peter Cushing, Yvonne Romain, Patrick Allen
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h22
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 28 novembre 1962
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

1772. Le Capitaine Collier et ses soldats marins débarquent dans une petite ville côtière anglaise pour enquêter sur des fantômes des marais, qui sévissent dans la région. Il soupçonne bientôt le sinistre révérant Blyss, de ne pas être étranger à ces apparitions. D’autant que le religieux cache un passé trouble, où il était connu sous le nom de Capitaine Clegg, ancien chef pirate…

Le fascinant Capitaine Clegg (1962) met en scène un personnage peu connu en France, le docteur Syn, héros d’une série de romans signés Russell Thorndike. Ses aventures seraient également adaptées par Disney deux ans plus tard avec la mini-série L’épouvantail : Le justicier des campagnes, mais le film imaginé par les équipes de la Hammer serait bien différent de celui imaginé par la firme aux grandes oreilles. Que l’on soit bien clair : s’il est encore relativement peu connu et réputé chez les cinéphiles français (il était jusqu’à ce jour toujours inédit en DVD en France), le film de Peter Graham Scott est un véritable chef d’œuvre et s’imposera peut-être bien comme le meilleur film de toute cette vague proposée par Elephant Films. La grande force de ce récit fantastique de pirates intégralement tourné sur la terre ferme réside dans son originalité, et dans le fait qu’il réussisse quasiment tout le temps à prendre le spectateur à revers, n’étant jamais tout à fait on où l’attend. Porté par une intrigue formidable, des acteurs au top (un Peter Cushing impérial, secondé par de solides seconds rôles tels qu’Oliver Reed ou Patrick Allen) et une direction artistique à tomber par terre, Le fascinant Capitaine Clegg est un véritable petit trésor oublié de la firme britannique, à voir et à revoir.

Le Fantôme de l’opéra

Royaume-Uni : 1962
Titre original : The phantom of the Opera
Réalisation : Terence Fisher
Scénario : Anthony Hinds
Acteurs : Herbert Lom, Heather Sears, Edward de Souza
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h27
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 23 janvier 1963
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

1900. Une malédiction semble frapper l’Opéra de Londres. Alors que les tragédies se succèdent, la rumeur de la présence d’un mystérieux fantôme orchestrant en coulisse les accidents enfle de plus en plus. Lors d’une première prestigieuse, son existence ne fait plus de doute quand Christine Charles, l’étoile montante de l’Opera, est enlevée par le fantôme. Elle va découvrir les terribles secrets cachés sous le masque couvrant son terrifiant visage…

Avec Le Fantôme de l’opéra, Terence Fisher continue donc son exploration des figures mythiques du fantastique développées par la Universal dans la première moitié du vingtième siècle. Du côté du scénario, la principale différence entre cette version et les autres variations autour du mythe du Fantôme de l’opéra se situe dans les motivations du « fantôme », qui agit non plus par amour mais par désir de vengeance. Habile metteur en scène, Terence Fisher sème le trouble dans l’esprit du spectateur avec un jeu constant sur les plongées / contre-plongées, donnant par moments presque l’impression au spectateur d’assister lui-même à une représentation à l’opéra – une mise en abime particulièrement fine, et encore renforcée de nos jours par des décors et incrustations forcément un poil datées. Néanmoins et comme toujours avec les films de la Hammer, le charme opère à plein régime, le film étant en partie porté par le charisme d’Herbert Lom dans la peau du fantôme, et de l’autre par ses décors gothiques, sublimes et ambitieux. Particulièrement bien rythmé, Le Fantôme de l’opéra déroule son intrigue sans le moindre temps mort jusqu’à un acte final littéralement incroyable – est-il utile de dire qu’il s’agit là d’une nouvelle réussite absolue de la part de Terence Fisher ?

Le Spectre du chat

Royaume-Uni : 1963
Titre original : The Shadow of the cat
Réalisateur : John Gilling
Scénario : George Baxt
Acteurs : André Morell, Barbara Shelley, William Lucas
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h15
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 27 septembre 1961
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Lors d’une sombre nuit anglaise du début du XXème siècle, un crime parfait est commis quand un mari assassine sa riche femme avec l’aide de ses serviteurs. Le veuf va alors toucher un héritage conséquent, mais Tabitha, le chat de la victime, témoin de l’événement crapuleux, semble avoir compris les machinations des malfaiteurs. Il faut alors se débarrasser du sinistre animal…

Le Spectre du chat est un film assez inhabituel dans les annales des productions Hammer, dans le sens où il est le seul, à notre connaissance du moins, à proposer une adaptation d’Edgar Allan Poe, dont l’œuvre est plutôt, dans l’inconscient collectif, liée non pas à la Hammer mais à la « concurrence » – on pense ici aux nombreuses productions gothiques mises en chantier par Roger Corman aux États-Unis à partir de 1960, pour le compte d’American International Pictures. Habilement mis en scène par John Gilling (qui tournerait une belle poignée de chefs d’œuvres par la suite pour la firme britannique), Le Spectre du chat s’avère un très fréquentable petit film fantastique gothique, tournant autour d’un chat noir dont on ne saura jamais vraiment s’il est réel ou s’il s’agit d’une projection de l’esprit des personnages du film, comme pour symboliser leur « pulsion de mort ». Solide et efficace, le film s’avère de plus porté par un casting de têtes « connues » pour les fans de la Hammer, avec notamment André Morell (Watson dans Le Chien des Baskerville) et Barbara Shelley (La Gorgone, Dracula prince des ténèbres…) et par un score délicieusement outré signé Mikis Theodorakis. En deux mots comme en cent, une excellente petite découverte, indispensable à tous les amateurs des films de la maison Hammer.

Paranoïaque !

Royaume-Uni : 1963
Titre original : Paranoïac !
Réalisateur : Freddie Francis
Scénario : Jimmy Sangster
Acteurs : Janette Scott, Oliver Reed, Sheila Burrell
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h23
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 31 juillet 1963
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Dans la campagne anglaise, Simon partage avec sa sœur la demeure ancestrale de leur famille. Décidé à profiter seul de l’héritage de leur parents décédés, il cherche à la faire passer pour folle et à l’interner. L’apparition d’un homme mystérieux prétendant être Tony, leur frère décédé huit ans auparavant, va bouleverser ses plans…

Meurtre par procuration

Royaume-Uni : 1964
Titre original : Nightmare
Réalisateur : Freddie Francis
Scénario : Jimmy Sangster
Acteurs : Clifford Evans, Edward de Souza, Noel Willman
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h23
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 2 septembre 1964
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Témoin du meurtre de sa mère par son père alors qu’elle était petite, Janet est sujette à de nombreux cauchemars alors qu’elle grandit dans un pensionnat. Afin de surmonter son traumatisme, elle est renvoyée au domicile familial accompagnée par son tuteur et suivie par une infirmière. Mais les cauchemars recommencent de plus belle, et mettent en scène une femme défigurée portant un gâteau d’anniversaire…

Suite au succès de Psychose en 1960, la Hammer décide de se lancer dans le film d’épouvante non pas forcément tout à fait « à la Hitchcock », mais proposant surtout des intrigues « à la Daphné Du Maurier ». Mission sera alors confiée à Jimmy Sangster de livrer au spectateur des intrigues proches de celles du chef d’œuvre d’Alfred Hitchock, et ce dernier s’acquittera de cette tâche en signant une série de scénarios assez brillants, parmi lesquels ceux de Paranoïaque (1963) et Meurtre par procuration (1964), tous deux réalisés par Freddie Francis, qui sont aujourd’hui proposés sur support Blu-ray par Elephant. Secrets de famille inavouables, fantômes et apparitions spectrales, twists à tous les étages se bousculent donc au cœur des intrigues de ces deux films. On passera un peu plus rapidement sur Paranoïaque !, qui s’impose comme un « mystère » tout à fait sympathique, mais un poil mineur. Les bases de ce qui rendrait la firme indispensable durant les décennies 60/70 sont bel et bien tous là, en filigrane, mais malheureusement, la dimension fantastique est encore un peu trop timorée pour totalement convaincre. Néanmoins, la prestation enfiévrée d’Oliver Reed et le sens du cadre de Freddie Francis nous encouragent sans le moindre souci à suivre jusqu’au bout une intrigue rappelant beaucoup la période noir & blanc de Chapeau melon et bottes de cuir. Plus intéressant, Meurtre par procuration permet à Jimmy Sangster de se « lâcher » avec une intrigue orchestrant plusieurs revirements absolument brillants. Avec son intrigue volontairement tordue et clairement découpée en deux parties (qui nous réserve d’ailleurs un élément narratif s’imposant comme un clin d’œil très malin à Psychose), son univers noir & blanc visuellement époustouflant, Meurtre par procuration joue pleinement la carte de l’horreur gothique, rappelant des films tels que Les Innocents (Jack Clayton, 1961) ou La Maison du diable (Robert Wise, 1963) –rien que ça !– et impose une solide ambiance jamais très éloignée de la folie pure et simple.

Le Baiser du vampire

Royaume-Uni : 1963
Titre original : The kiss of the vampire
Réalisateur : Don Sharp
Scénario : Anthony Hinds
Acteurs : Clifford Evans, Edward de Souza, Noel Willman
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h28
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 6 mai 1964
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Lors de leur voyage de noce, un jeune couple perdu dans un petit village d’Europe centrale accepte l’invitation du mystérieux Comte Ravna dans son château. Ils vont découvrir, lors d’un mémorable bal masqué, que la lugubre demeure abrite une secte vampirique…

Dernier film made in Hammer que nous aborderons dans ce premier article, Le Baiser du vampire se démarque très nettement des trois autres évoqués juste au-dessus : tourné en couleurs, abordant de front le mythe du vampire (ici quelque peu détourné) et s’affichant comme un fier représentant de la glorieuse période « gothique » de la firme britannique, il est bien plus représentatif des films tournés par la maison Hammer durant les années 60. Sorti sur les écrans en 1963, il est déjà le troisième film « de vampires » réalisé par la firme, mais ne met en scène ni le comte Dracula, déjà apparu deux fois dans les années précédentes, dans Le Cauchemar de Dracula (1958) et Les Maîtresses de Dracula (1960), ni le comte Karnstein, qui apparaîtrait seulement à partir de 1964. Non, le vampire à qui le titre du film fait référence prend ici les traits du professeur Ravna, un scientifique, et les vampires sont en réalité d’avantage présentés ici par le scénariste Anthony Hinds comme une « secte » composée de personnages décadents que de réelles créatures de la nuit aux pouvoirs maléfiques. Derrière la caméra, Don Sharp s’évertue à gommer tous les aspects qui paraîtraient trop ouvertement liés au fantastique, et livre un film charmant et original, qui s’avère loin d’être le meilleur qu’il ait tourné pour la Hammer (on lui préférera par exemple Raspoutine le moine fou ou le fantasque Les 13 fiancées de Fu Manchu), mais qui réserve quelques scènes vraiment mémorables, à l’image de cette séquence de bal costumé fleurant bon la décadence préfigurant, avec quelques années d’avance, celle de L’Abominable Dr. Phibes (Robert Fuest, 1971). Avec son cachet visuel indéniablement soigné, son originalité dans le traitement du thème vampirique et son interprétation solide, Le Baiser du vampire s’avère un excellent « petit » Hammer, qu’on reverra encore avec un grand plaisir aujourd’hui.

L’Empreinte de Frankenstein

Royaume-Uni : 1964
Titre original : The Evil of Frankenstein
Réalisation : Freddie Francis
Scénario : Anthony Hinds
Acteurs : Peter Cushing, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h24
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 31 mars 1965
Date de sortie DVD/BR : 9 novembre 2017

Réfugié dans un laboratoire de campagne avec son assistant Hans, le Baron Frankenstein poursuit ses expériences avant d’être de nouveau chassé du village où ils ont trouvé refuge par un prêtre ayant découvert les agissement peu orthodoxes du scientifique. De retour au château familial de Karldstadt, ils vont tenter de faire revivre la créature, conservée dans la glace…

Si beaucoup de films de la Hammer avaient pris le parti de revisiter, voire carrément de « réinventer » l’esthétique des classiques des Universal Monsters auxquels ils s’attaquaient, L’Empreinte de Frankenstein marque en revanche un « retour » à un certain classicisme formel. Ne serait-ce que dans le « look » de la créature, beaucoup plus proche du Frankenstein campé par Boris Karloff en 1931 que de celle incarnée par Christopher Lee dans Frankenstein s’est échappé (1957), le film de Freddie Francis joue clairement la carte de la « filiation » avec les nombreux films de Frankenstein produits par Universal entre 1931 et 1951. Pour autant, L’Empreinte de Frankenstein n’est en rien synonyme de « régression » pour le studio Hammer, qui livre en fait avec cette variation sur le mythe un excellent film gothique, certes sans surprise, mais indéniablement soigné, et visuellement somptueux. Le film de Freddie Francis « recycle » ainsi plusieurs décors et autres matte-paintings déjà vues dans d’autres films du studio les années précédentes, Peter Cushing nous livre une prestation certes intense mais aux légers relents de réchauffé… De petites faiblesses qui n’entament en rien l’aura d’un film éminemment sympathique et o combien fréquentable !

Comtesse Dracula

Royaume-Uni : 1971
Titre original : Countess Dracula
Réalisation : Peter Sasdy
Scénario : Jeremy Paul
Acteurs : Ingrid Pitt, Nigel Green, Maurice Denham
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h30
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 7 décembre 1972
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Vieille et amère, la comtesse Elisabeth découvre à la suite d’un incident que le sang de sa femme de chambre peut lui apporter la jeunesse éternelle. Elle ordonne que la jeune femme soit assassinée, et vidée de son sang. Désormais, la comtesse a trouvé le visage de ses vingt ans. Mais ce sanglant prodige ne dure pas : il lui faudra assassiner d’autres innocentes victimes pour continuer d’apparaître jeune et belle…

Un peu plus tard, dans Comtesse Dracula (1971), Peter Sasdy s’amuse à repeindre les murs du château en rouge sang, mais sans jamais verser dans le gore gratuit ou le grand guignol hystérique. Le film s’inspire librement du mythe d’Élisabeth Bathory, cette aristocrate hongroise qui aurait eu la mauvaise idée de croire que le sang de jeunes vierges pouvait remplacer le botox. Autant dire que dans Comtesse Dracula, la jeunesse est une denrée périssable, et que la vieillesse se traite à coups de rasoir. Ingrid Pitt, impériale et féline, incarne cette comtesse avec une ambiguïté troublante, oscillant entre la prédatrice et la victime de son propre délire narcissique. Le film ne cherche pas à faire peur, mais à déranger, à questionner le rapport au corps, au temps, à la beauté. Et dans cette optique, Comtesse Dracula se pose en cousin gothique de The Vampire Lovers ou de Lust for a Vampire, autres productions Hammer de la même époque, qui préfèraient les décolletés aux crucifix et les soupirs aux hurlements. Visuellement, Peter Sasdy joue la carte du classicisme, avec ses décors en carton-pâte et ses éclairages tamisés, mais il glisse aussi ici et là des plans plus audacieux, comme cette scène de bain où la caméra caresse la peau comme un amant maladroit. Le montage, discret, laisse respirer les silences, et la musique de Harry Robertson ajoute une touche de mélancolie à l’ensemble. On est en présence d’un film qui parle de la peur de vieillir, de la vanité, de l’obsession du paraître : autant dire qu’il pourrait être projeté en boucle dans les salles d’attente des cliniques esthétiques. Mais au lieu de juger, il observe, il raconte, il laisse le spectateur se débrouiller avec ses propres névroses. Et dans ce sens, Comtesse Dracula est plus qu’un film d’horreur : c’est une tragédie en corset, une danse macabre au ralenti, une méditation sur le temps qui passe et les corps qui flanchent.

La Fille de Jack l’Éventreur

Royaume-Uni : 1971
Titre original : Hands of the Ripper
Réalisation : Peter Sasdy
Scénario : Lewis Davidson
Acteurs : Eric Porter, Jane Merrow, Angharad Rees
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h35
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 19 janvier 1972
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

Londres, à la fin du XIXème siècle. La femme de Jack l’Éventreur a découvert qui était réellement son mari. Il la tue, sous les yeux de leur fille Anna, et disparaît. Quelques années plus tard, le docteur John Pritchard, assiste avec son fils à une séance de spiritisme. Le médecin cherche à démontrer qu’il s’agit de pur charlatanisme. A cette occasion, il rencontre Anna, âgée de 17 ans. Un crime effroyable est commis…

Avec La Fille de Jack l’Éventreur (1971), Peter Sasdy persiste et signe aux côtés de la Hammer, avec un thriller psychanalytique en corset, avec des scalpels, des névroses, et des jeunes femmes qui ont le malheur d’avoir des ancêtres un peu trop portés sur la découpe. Le film s’inscrit dans cette veine tardive de la Hammer où l’horreur se teintait de malaise psychologique, de refoulement sexuel et de décors qui sentent la naphtaline. Dans La Fille de Jack l’Éventreur, on suit une jeune héritière qui découvre qu’elle pourrait bien être la descendante du célèbre tueur londonien, ce qui, dans le monde de Sasdy, signifie qu’elle va passer beaucoup de temps à se balader en robe de nuit dans des couloirs mal éclairés, en proie à des visions aussi flippantes qu’un dîner de famille chez les Bates. Le film joue sur l’ambiguïté, sur la peur de l’héritage, sur la question du mal transmis comme une MST génétique. Et dans cette optique, il rejoint les préoccupations de films comme Paranoïaque ou Meurtre par procuration, autres productions Hammer où le passé revenait hanter le présent avec des gants en cuir et des regards lubriques. Visuellement, la mise en scène est sobre mais efficace, les éclairages tamisés, et la caméra qui préfère le trouble à l’évidence. Pas de gore outrancier, mais une tension qui monte lentement, afin d’ installer un malaise diffus, une inquiétude sourde. La Fille de Jack l’Éventreur, c’est aussi une réflexion sur la féminité, sur le corps féminin vu comme lieu de transformation, de menace, de désir. Le personnage principal, à la fois victime et bourreau, incarne cette ambivalence avec une intensité troublante. Et si le film verse parfois dans le voyeurisme, il le fait avec une naïveté qui désarme, comme un ado qui découvre Freud en feuilletant un catalogue de lingerie. Une sorte de poème gothique écrit avec des fautes d’orthographe, mais qui dit quelque chose de vrai sur la peur, le désir, la folie.

Les Sévices de Dracula

Royaume-Uni : 1971
Titre original : Twins of Evil
Réalisation : John Hough
Scénario : Tudor Gates
Acteurs : Peter Cushing, Dennis Price, Mary Collinson
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h24
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 10 mai 1972
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

À la mort de leurs parents, Frieda et Maria doivent quitter Vienne pour un petit village, où elles sont recueillies par leur oncle, Gustav Weil. Ce fanatique religieux traque et brûle les sorcières des alentours. Il s’oppose au conte Karnstein, une créature de la nuit, qui convoite les jumelles pour les initier à ses perversions maléfiques…

Les Sévices de Dracula (1971), c’est un peu « La Religieuse » de Diderot, mais avec des crocs, des soutanes et des jeunes filles qui crient comme des castors sous acide. Le film, réalisé par John Hough, s’inscrit dans la dernière vague des Dracula de la Hammer, celle où le comte n’avait plus besoin de parler pour terroriser, et où le sexe commençait à prendre le pas sur le sang. Dans Les Sévices de Dracula, Christopher Lee revient donc en mode silencieux, mais toujours aussi glaçant, comme un beau-père qui juge sans dire un mot. Le film se déroule dans un pensionnat de jeunes filles, ce qui, dans le langage Hammer, signifie qu’on va voir beaucoup de chemises de nuit, de regards apeurés, et de prêtres qui transpirent du dogme, un bosse bien dure dans le calbuth. Mais derrière cette façade de série B lubrique, Les Sévices de Dracula nous propose aussi une vraie réflexion sur l’endoctrinement, la manipulation, et la perte de repères. Le personnage du père Sandor, sorte de gourou religieux, incarne cette autorité toxique qui prétend protéger mais qui enferme, qui prétend guider mais qui aveugle. Et dans ce sens, le film rejoint les préoccupations des Vierges de Satan (1968), une autre production Hammer où le mal se cachait derrière les apparences du bien. Visuellement, Les Sévices de Dracula est un régal pour les amateurs de décors gothiques et de lumières tamisées. La photographie de Kenneth Talbot joue sur les contrastes, les ombres, les reflets, créant une atmosphère oppressante, presque claustrophobe. Et la mise en scène de John Hough, plus nerveuse que celle de ses prédécesseurs, injecte une dose de modernité dans le classicisme Hammer. Les scènes de possession, de rituels, de confrontations, sont filmées avec une tension palpable, comme si chaque plan pouvait basculer dans le cauchemar. Les Sévices de Dracula, c’est aussi un film sur le désir, sur la peur du corps, sur la sexualité réprimée. Les jeunes filles du pensionnat sont à la fois objets de convoitise et sujets de résistance. Bien sûr, le film verse volontiers dans le racolage, ce qui lui a valu d’être critique pour son manque de subtilité, son côté tape-à-l’œil, son obsession pour les décolletés. Mais ce serait oublier que dans le cinéma d’horreur, le corps féminin est toujours un champ de bataille, un lieu de conflit entre le désir et la peur, entre l’ordre et le chaos.

Le Cirque des vampires

Royaume-Uni : 1972
Titre original : Vampire Circus
Réalisation : Robert Young
Scénario : Jud Kinberg
Acteurs : Adrienne Corri, Thorley Walters, Anthony Higgins
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h23
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 23 août 1973
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2025

1810. Les habitants de Schettel, un petit village de Serbie, tuent le Comte Mitterhouse, qu’ils soupçonnent d’être un vampire. Avant de mourir, celui-ci jette un sort aux enfants du village. Quinze ans plus tard, alors que la peste s’est abattue sur Schettel, un cirque s’installe au village. Le directeur n’est autre que le cousin de Mitterhouse. Ignorant du danger qui les menace, les villageois emmènent les enfants au spectacle…

Avec ses clowns tristes, ses trapézistes lubriques et ses vampires qui mordent plus par ennui que par faim, Le Cirque des vampires (1972) pourrait presque être mis en parallèle avec La Strada de Federico Fellini. Presque… Mais pas tout à fait quand même. Typique d’une époque où la Hammer commençait à perdre pied, le film de Robert Young s’impose comme l’un des derniers éclats baroques de la firme britannique, avant que les capes et les canines ne soient définitivement remplacées par les jeans et les motos. Un dernier baroud (barouf ?) d’honneur pour les amateurs de décors gothiques et de costumes flamboyants. La photo de Moray Grant joue sur les couleurs saturées, les ombres mouvantes, les éclairages expressionnistes. Et la mise en scène de Robert Young glisse des plans presque psychédéliques, comme cette séquence de rêve où les vampires surgissent comme des hallucinations érotiques. Répétitif mais hypnotique, Le Cirque des vampires fonctionne comme une spirale, une boucle, une incantation. Chaque scène ajoute une couche de malaise, de trouble, de désir. Et dans cette lente montée vers l’horreur, il y a une vraie maîtrise, une vraie vision, aussi belle qu’étrange.

Le coffret Blu-ray

Le coffret Blu-ray « 13 Cauchemars de la Hammer » édité par Elephant Films ne se contente pas de compiler les films : il les restaure, les sublime, les accompagne de suppléments qui sentent la passion et le respect. On est loin d’éditions bâclées aux transferts approximatifs : ici, chaque titre bénéficie d’un soin particulier, d’un écrin digne de ses ambitions. Et pour les amateurs de cinéma de genre, de gothique, de frissons élégants, c’est une véritable caverne d’Ali Baba, avec des cercueils à la place des tapis. Bref, un objet indispensable, à ranger entre un grimoire et une fiole de sang de vierge, pour les longues soirées d’hiver où l’on préfère les cris de chauve-souris aux chants de Noël. A l’approche des fêtes, quoi de mieux donc que de se plonger dans ces « 13 Cauchemars de la Hammer » ? Elephant Films ne fait pas ici uniquement plaisir aux amateurs de capes, de crocs et de cris étouffés : il leur offre un véritable mausolée cinéphile, un écrin gothique où chaque galette semble avoir été bénie par Peter Cushing en personne.

Le soin apporté à l’ensemble est remarquable, surtout quand on connaît la dispersion historique des titres Hammer en France. Ici, tout est réuni sous une bannière cohérente, avec 13 Blu-ray qui dénotent d’une volonté manifeste de proposer les films dans les meilleures conditions possibles. Côté image, les résultats varient un peu selon les titres, mais la tendance générale est à la restauration respectueuse, avec un grain conservé, des couleurs naturelles et une définition souvent très correcte. Les Maîtresses de Dracula, Le Baiser du vampire ou Paranoïaque bénéficient d’un rendu HD propre et stable, avec des noirs profonds et une belle tenue des contrastes. D’autres, comme Les Sévices de Dracula ou Comtesse Dracula, accusent quelques faiblesses (noirs bouchés, fourmillements, teintes instables), mais restent largement supérieurs à toutes les éditions SD sorties en France il y a une vingtaine d’années. La rareté de certains titres justifie à elle seule leur présence dans le coffret, même si le master n’est pas toujours irréprochable. Côté son, on retrouve les pistes mono d’origine, en VO comme en VF, avec une clarté satisfaisante et une absence de souffle notable. Les mixages DTS-HD Master Audio 2.0 sont simples mais efficaces, et permettent de profiter pleinement des ambiances sonores si caractéristiques du studio, entre orgues lugubres et cris de vierges effarouchées.

Mais ce qui fait vraiment la différence dans ce coffret « 13 Cauchemars de la Hammer », ce sont les suppléments. Chaque galette comporte une présentation générale de la Hammer ainsi qu’une présentation de chaque film, les deux étant assurées par Nicolas Stanzick, spécialiste français de la Hammer (Dans les griffes de la Hammer, éditions Bord de l’Eau, 2010), d’une érudition et d’une sympathie à toute épreuve. Et en plus mesdames, il est carrément beau gosse ! Et quand ce n’est pas Nicolas Stanzik qui s’en charge, la présentation sera assurée par Alain Schlockoff, fondateur de L’Écran Fantastique, qui débite ses anecdotes comme un vieux professeur un peu trop enthousiaste. L’ensemble est passionné et toujours instructif : on y apprendra des détails de production, des choix de casting, des éléments de contexte, et même quelques digressions savoureuses sur les coulisses du studio. Ces interventions, bien que parfois trop longues, apportent une vraie plus-value éditoriale. À cela s’ajoutent les traditionnelles bandes-annonces et galeries photo. On notera également la présence sur la galette des Maîtresses de Dracula un très intéressant entretien avec Yvonne Monlaur, héroïne du film, qui évoque son expérience sur le film ainsi que la réception dans la presse française à travers un deuxième sujet où elle s’exprime sur la revue Midi Minuit Fantastique. Bref, c’est du beau travail : Elephant Films rend un bel hommage à la Hammer, non pas en la muséifiant, mais en la réactivant, en la rendant à nouveau visible, audible, vivante. Et en ce sens, ce coffret est une réussite totale, un objet de collection qui fera frémir les amateurs de cinéma fantastique qui pensent que le vrai frisson se cache dans les ombres, pas dans les effets numériques. Bref, un indispensable, à ranger entre un crucifix et une fiole de sang de vierge, pour les longues nuits d’hiver où l’on préfère les hurlements de loups-garous aux chants de Mariah Carey !

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