Test Blu-ray : Les innocents

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Les innocents

 
Royaume-Uni : 1961
Titre original : The innocents
Réalisateur : Jack Clayton
Scénario : William Archibald, Truman Capote
Acteurs : Deborah Kerr, Peter Wyngarde, Megs Jenkins
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 1h40
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 18 mai 1962
Date de sortie Blu-ray : 3 mai 2016

 

 

Angleterre, fin du XIXe siècle. Miss Giddens, engagée pour assurer l’éducation de Flora et Miles, arrive au vieux manoir de Bly. Les enfants, charmants au premier abord, manifestent bientôt un comportement étrange, et Miss Giddens ne tarde pas à comprendre que la maison fut le théâtre d’une relation des plus malsaines entre l’intendant Peter Quint et la précédente gouvernante, mystérieusement décédés…

 

 

Le film

[5/5]

1961 : Un an à peine après le succès du Village des damnés produit par la MGM, les studios 20th Century Fox, sans doute désireux de surfer sur la vague des enfants maléfiques (initiée par La mauvaise graine en 1956), prennent l’initiative de confier au britannique Jack Clayton la garde du petit Martin Stephens, tête d’affiche du film de Wolf Rilla, qui délaisserait la perruque blonde pour promener son faciès à la fois angélique et foutrement inquiétant dans les couloirs sombres d’une immense demeure gothique dans Les innocents.

La Fox connaissant ses classiques, Les innocents ne sera pas adapté d’un sombre auteur de science-fiction obsédé par la menace communiste mais du classique Le tour d’écrou d’Henry James (1843-1916). Réalisé dans la grande tradition des films d’épouvante de l’époque, le film de Jack Clayton empreinte beaucoup formellement à la facture gothique des productions Hammer des années 50. La présence de Freddie Francis à la photo ne fait que confirmer cet état de fait, et Les innocents dévoile rapidement sa nature de véritable pépite visuelle, un plaisir des yeux de tous les instants. Par rapport aux films d’épouvante de l’époque, le film de Jack Clayton se permet néanmoins des audaces inédites, avec ses fantômes apparaissant non plus uniquement dans l’obscurité de la nuit ou à travers l’éclairage chancelant d’une bougie, mais clairement, nettement, à la lumière du jour.

Cela dit, Les innocents se démarque aussi très nettement des productions de l’époque par l’utilisation d’une thématique très forte sur la corruption de deux âmes pures, opposant avec une subtilité trouble l’innocence des deux enfants et la perversion du couple Quint / Jessel. Rarement une telle tension et un tel malaise auront autant imprégné l’écran, le film jouant habilement avec tous les codes de la censure de l’époque pour proposer au final un film à la fois absolument chaste et riche d’une très forte tension érotique. Deborah Kerr est littéralement extraordinaire, la peur et la tension montent crescendo, la musique de Georges Auric s’avère rapidement obsédante… Tous les éléments sont réussis afin de faire du film de Clayton un de ceux qui marquent à vie le spectateur.

Aujourd’hui, Les innocents est quasi-unanimement reconnu comme un chef d’œuvre absolu, mais cela n’a pas empêché certains producteurs de vouloir lui donner une suite. Pour les curieux et autres déviants qui l’ignoreraient, un « prequel » destiné aux bourrins fut réalisé dix ans plus tard par Michael Winner (Un justicier dans la ville) sous le titre Le corrupteur. Malsain et volontiers complaisant, le film met en scène Marlon Brando dans le rôle de Quint, et s’articule autour de ses relations avec Miss Jessel ainsi qu’avec le jeune Miles. Réalisé sans la moindre élégance, mais avec une efficacité toute 70’s, il renforce encore le statut de chef d’œuvre du film de Jack Clayton, mais s’avère, comme de nombreux films réalisés par Winner, un petit plaisir coupable tout à fait recommandable.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Quelques mois après son doublé Nicolas Roeg en Blu-ray, rejoint depuis peu par L’homme qui venait d’ailleurs, Potemkine Films continue sur sa lancée de Blu-ray indispensables avec le chef d’œuvre Les innocents. L’éditeur nous livre un master en tous points similaire à celui édité par le British Film Institute en 2010, soit une version stable et propre, respectant parfaitement le grain d’origine mais proposant des contrastes un peu trop appuyés (les blancs sont clairement trop lumineux) et une légère perte d’informations sur les quatre côtés de l’image. Quelques rayures et autres griffes disgracieuses subsistent également. Côté son, l’éditeur nous propose une version originale en DTS-HD Master Audio 2.0 mono, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord un très beau livret de 20 pages, nous donnant à voir quelques photos de promo d’époque ainsi qu’une brève mais passionnante analyse du film par Jean-Baptiste Thoret. Sur le disque, on poursuivra avec une présentation du film par Nicolas Saada, qui nous révèle sa passion pour le film de Clayton, ainsi qu’avec une analyse du métrage par Jean-Pierre Naugrette, spécialiste de la littérature anglo-saxonne. Enfin, last but not least, l’éditeur nous propose aussi de découvrir The bespoke overcoat, un court-métrage réalisé par Clayton en 1956, ayant reçu l’oscar du meilleur court-métrage l’année suivante. Le tout en HD et VOST. Que demande le peuple ?

 

2 Commentaires

  1. Mon Blu-ray Potemkine présente un défaut de décalage image-son léger mais particulièrement désagréable sur la durée. Le dvd présent dans le coffret tout comme l’ancienne édition parue chez opening en dvd que j’ai toujours n’ont pas ce problème. Pensez vous qu’il s’agisse d’un problème unique ou de série ?

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