Test Blu-ray : La Course à l’échalote

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La Course à l’échalote

France, Allemagne de l’Ouest : 1975
Titre original : –
Réalisation : Claude Zidi
Scénario : Claude Zidi, Michel Fabre, Jean-Luc Voulfow
Acteurs : Pierre Richard, Jane Birkin, Michel Aumont
Éditeur : Pathé
Durée : 1h39
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 8 octobre 1975
Date de sortie DVD/BR : 25 juin 2025

Pierre est un employé de banque modèle. À la suite d’un vol dans « sa » banque, il se lance à la poursuite des voleurs pour éviter le scandale. Commence alors une course folle avec sa fiancée pour récupérer le magot…

Le film

[4/5]

Encouragé par Yves Robert à se créer lui-même sa propre place au sein du cinéma français, Pierre Richard était passé à la réalisation dès le début des années 70, avec Le Distrait. Grand succès dans les salles obscures, ce premier film lui permettrait de se façonner un personnage assez unique : celui d’un grand échalas dégingandé et maladroit, occasionnellement bavard, fantaisiste, survolté et/ou poétique, et semblant surtout complètement inadapté au monde qui l’entoure. Cette personnalité, l’acteur la cultiverait avec plus ou moins de succès tout au long de sa carrière.

Sorti sur les écrans en 1975, La Course à l’échalote joue vraiment sur cette image de l’acteur, avec un personnage maladroit, constamment en décalage avec ses contemporains. Il s’agissait de la deuxième collaboration de l’acteur avec Claude Zidi, mais également de sa deuxième collaboration avec Jane Birkin, un an après La Moutarde me monte au nez. Avec un peu moins de trois millions d’entrées en France, ce deuxième film a certes eu un peu moins de succès au box-office que le précédent, mais avec le recul, on peut sans peine affirmer qu’il s’agit d’une des pièces maîtresses de la filmographie de Claude Zidi.

La Course à l’échalote est en effet non seulement une comédie rythmée et irrésistible, mais elle bénéficie également d’une photo très travaillée signée Henri Decaë, et d’une réalisation énergique et efficace, loin des gags parfois un peu tournés à la va-comme-je-te-pousse par Claude Zidi. L’ensemble est ici assez sophistiqué (l’influence de Jean-Jacques Beineix en tant qu’assistant-réalisateur ?), souvent remarquablement amené, et fort habilement mis en scène : on est loin de la simplicité des gags des films des Charlots, ou du diptyque de Zidi consacré aux Sous-doués. Des scènes comme celle du pied coincé dans la cuvette des toilettes ou toute la séquence de course-poursuite dans le train sont ainsi là pour attester de la vivacité et du talent présents derrière la caméra.

D’une façon amusante, il est également difficile d’ignorer, tout au long de l’intrigue de La Course à l’échalote, les nombreux parallèles établis par Claude Zidi et son équipe avec le cinéma d’Alfred Hitchcock : le long passage dans le train évoque forcément L’inconnu du Nord Express, les passages sur la grève anglaise nous rappellent Les Oiseaux, et puis surtout, il y a cette séquence dans la vieille maison délabrée, qui interpellera le cinéphile tant elle résonne tout à la fois avec Psychose et avec Rebecca, puisqu’elle terminera détruite par les flammes dans une séquence dont la musique (signée Vladimir Cosma) vous dira forcément quelque-chose, et pour cause ! Il la reprendrait en effet à trois reprise dans la suite de sa carrière : dans Les Sous-doués en vacances, dans Banzaï ainsi que dans le film d’animation Astérix et la Surprise de César.

Alors bien sûr, les esprits chagrins pourront déplorer le fait que La Course à l’échalote ne maintient pas ce niveau d’excellence sur toute sa durée, et en effet, force est de constater que l’ensemble perd un peu de son panache à l’occasion de son interminable final en forme de long numéro de music-hall, avec la vraie troupe du cabaret l’Alcazar de Paris, au sein de laquelle on reconnaît le fameux Michel Bezu (à-à-à la queue leu leu). Mais cette légère baisse de régime n’entame en rien l’enthousiasme général : en l’état, La Course à l’échalote reste l’un des films les plus ambitieux et les plus réussis de la carrière de Claude Zidi !

Le Blu-ray

[5/5]

Jusqu’ici totalement inédit en DVD, La Course à l’échalote débarque enfin en France au format Blu-ray, pile cinquante ans après sa sortie dans les salles. C’est donc Pathé qui nous propose aujourd’hui de redécouvrir le film de Claude Zidi, dans une édition Haute Définition absolument impeccable, le film intégrant par la même occasion la riche collection « Version restaurée par Pathé », qui comprend des films aussi variés que Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, Paradis perdu d’Abel Gance ou encore de Showgirls de Paul Verhoeven. Concernant le Blu-ray de La Course à l’échalote, la restauration a fait des merveilles : la définition et le piqué sont impeccables, le master est de toute beauté et nous propose un bel hommage à la belle photo du film signée Henri Decaë. Côté son, on aura droit à un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : les dialogues sont clairs et les ambiances bien restituées, sans souffle ni aucun parasite d’aucune sorte.

Du côté de la section suppléments, Pathé nous propose, en plus de la bande-annonce restaurée du film, une intéressante présentation de La Course à l’échalote par Baptiste Vignol et Vincent Chapeau (32 minutes). Prenant la forme d’entretiens croisés, cette riche présentation permet à Baptiste Vignol, journaliste chez Schnock et auteur d’un livre sur Jane Birkin, de revenir sur le parcours de l’actrice jusqu’au tournage du film en 1975, tandis que de son côté, Vincent chapeau s’efforce de replacer le film au sein de la carrière de Claude Zidi. La passion dans leurs propos est communicative, et cette remise en contexte s’avère assez passionnante.

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