Test DVD : L’Art de la Fugue

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L’Art de la Fugue

L'art de la fugue DVD France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Brice Cauvin
Scénario : Brice Cauvin, Raphaëlle Desplechin-Valbrune, d’après le roman de Stephen McCauley
Acteurs : Laurent Lafitte, Agnès Jaoui, Benjamin Biolay , Nicolas Bedos
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h37
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 4 mars 2015
Date de sortie DVD : 8 juillet 2015

 

 Antoine vit avec Adar, mais il rêve d’Alexis… Louis est amoureux de Mathilde alors il va épouser Julie… Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera-t-il dans les bras d’Ariel ? Trois frères en pleine confusion… Comment, dès lors, retrouver un droit chemin ou … échapper à ses responsabilités ? C’est là tout L’Art de la Fugue…

L'art de la fugue 1

 

Le film

[3/5]

D’entrée de jeu, effaçons le doute que pourraient avoir certains spectateurs : ce film n’a rien à voir avec l’œuvre BWV 1080 de Jean-Sébastien Bach ! On ne l’entend d’ailleurs même pas dans L’Art de la Fugue. Non, il s’agit d’une adaptation du roman homonyme de l’écrivain américain Stephen McCauley, paru en 1992. La réalisation de ce film est née de l’envie que Brice Cauvin et Agnès Jaoui avaient de travailler ensemble. Tourné fin 2011, début 2012, ce film a rencontré moult problèmes avant de pouvoir sortir 3 ans plus tard, en 2015. La cause ? Des problèmes juridiques entre réalisateur et producteur.
L’Art de la Fugue est ce qu’on appelle un film choral (encore un clin d’œil vers le Cantor de Leipzig ?) même si un des personnages est davantage présent que les nombreux autres qui gravitent autour de lui. Ce personnage s’appelle Antoine, il est le cadet d’une fratrie de trois frères, il est homosexuel. Plus âgé que lui : Gérard ; plus jeune : Louis. Tous les 3 sont en couple, avec des fortunes ou des envies diverses. C’est ainsi qu’Antoine vit depuis longtemps une relation de couple sérieuse avec Adar, un psychologue, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des envies d’ailleurs, en particulier lorsque ses pensées s’envolent lors de ses nombreux déplacements à vélo. Gérard, lui, broie du noir depuis qu’Hélène, sa femme, la femme de sa vie, l’a laissé tomber. Quant à Louis, il est sur le point d’épouser Julie alors qu’il vient de tomber amoureux de Mathilde. Nelly et Francis, les parents des 3 frères, tiennent une petite boutique de fringues à Saint-Denis, près du Stade de France. Les affaires ne sont pas florissantes et ils s’inquiètent de ces problèmes amoureux qu’ils non pas connus, eux qui se sont mariés jeunes et sont restés ensemble, sans trop se poser de question. Chacun de son côté, Nelly et Francis ont construit une digue qui leur permet de ne pas trop se noyer dans les tourments vécus par leurs fils : Nelly se conduit en mère aimante mais castratrice ; Francis, lui, passe d’une maladie à l’autre, d’un hôpital à l’autre : vraies maladies ou appels à l’aide ? Et puis, il y a Ariel, la collègue de travail d’Antoine, Ariel la tornade, Ariel la fonceuse, fidèle à son credo : « Il vaut mieux avoir des remords que des regrets ». Est-ce cette proximité avec Ariel qui fait d’Antoine le frère le plus lucide, celui qui a le plus d’empathie pour les autres, celui qui s’efforce de prendre sur ses épaules tous les problèmes que rencontrent les membres de sa famille ? En tout cas, concernant Gérard, c’est bien sa rencontre avec Ariel qui va lui permettre de voir les choses en face et d’accepter, enfin, la réalité.

 

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Le film choral n’est pas un genre facile : les personnages importants sont nombreux, il faut à la fois laisser du temps à chacun pour qu’il puisse exprimer sa personnalité tout en insufflant le rythme optimal à l’ensemble. De ce point de vue, Brice Cauvin ne s’en sort pas trop mal, même si, parfois, le film donne l’impression de tourner un peu en rond. Est-ce la présence de Raphaëlle Desplechin-Valbrune dans l’écriture du scénario, toujours est-il que cette histoire familiale n’est pas sans faire penser au cinéma de son frère, Arnaud Desplechin. On aurait pu penser que le ton doux-amer qui parcourt le film convenait parfaitement à sa distribution haut-de-gamme. Eh bien, non, ce n’est pas totalement le cas. Parmi les comédiens interprétant les trois frères, c’est Benjamin Biolay qui s’en sort le mieux : il interprète avec beaucoup de justesse le rôle de Gérard, un mari qui n’accepte pas la rupture avec sa femme, un homme qui se néglige et ne croit plus en rien. Laurent Lafitte rend plutôt bien le côté à la fois décalé et lucide d’Antoine. Par contre, Nicolas Bedos, qui joue Louis, a trop tendance à se contenter de faire du Nicolas Bedos, ce qui est parfait chez Ruquier mais moins au cinéma. Bruno Putzulu, qui joue Adar, l’amant d’Antoine, est un peu fade. Le rôle d’Ariel la fonceuse est interprété par une grandiose Agnès Jaoui. Grandiose ? Un peu trop, parfois. On ne dira pas grand chose d’Elodie Frégé, insignifiante dans le rôle de Julie et encore moins d’Irène Jacob, qu’on croise à peine, malheureusement, dans le rôle de Mathilde. Finalement, c’est dans le couple des parents qu’on trouve le plus de plaisir à ressentir ce qu’est un excellent comédien : Marie-Christine Barrault (Nelly) campe parfaitement une mère aimante et castratrice et Guy Marchand (Francis) un père qui se réfugie dans ses maladies et tient salon sur ses lits d’hôpital. Intéressant aussi, le jeu d’Arthur Igual dans le rôle d’Alexis, un ancien amant d’Antoine. Au final, tout cela donne un film un peu frustrant, dans lequel on balance entre intérêt pour ce qu’on voit, tout sauf mauvais, et insatisfaction quand on pense à ce qu’on aurait pu voir.
Si vous le souhaitez, vous pouvez aller lire la critique, beaucoup plus sévère, écrite par Pascal Le Duff au moment de la sortie du film en salles.

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Le DVD

[4/5]

Ce DVD offre la possibilité de choisir entre Dolby 2.0 et Dolby 5.1, avec ou sans audio-description. Pas de souci en ce qui concerne l’image, de très bonne qualité d’un bout à l’autre. Par contre, il arrive parfois que des bribes de dialogues soient difficiles à comprendre, mais, une fois de plus, il est fort probable que cela vienne davantage des comédiens que du transfert sur DVD. Rajoutons même : des comédiens de la nouvelle génération dont les preneurs de son ont souvent tendance à se plaindre en ce qui concerne la diction. D’ailleurs, Marie-Christine Barrault et Guy Marchand sont, eux, parfaitement compréhensibles ! Mise à part la bande annonce, le DVD n’offre qu’un seul supplément, mais, reconnaissons le, un supplément fort intéressant. Pendant une douzaine de minutes, Brice Cauvin nous entretient de son envie de travailler avec Agnès Jaoui, de son contact avec l’auteur du roman dont le film est une adaptation, du travail à effectuer pour adapter ce roman américain dans un contexte français et cinématographique, de la façon dont le casting a évolué, l’obligeant parfois à changer la profession d’un protagoniste, de sa façon de travailler avec les comédiens et, enfin, de tout ce que le montage a pu apporter de neuf à ce film.

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