Test DVD : Dieu, ma mère et moi ( El apóstata)

0
1031

Dieu, ma mère et moi ( El apóstata)

el-apostata-dvd

Espagne, France, Uruguay : 2015
Titre original : El apóstata
Réalisation : Federico Veiroj
Scénario : Federico Veiroj, Nicolas Saad, Gonzalo Delgado,  Álvaro Ogalla
Acteurs : Álvaro Ogalla, Marta Larralde, Bárbara Lennie
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h17
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 4 mai 2016
Date de sortie DVD : 15 novembre 2016

 

 

Synopsis : Gonzalo Tamayo, madrilène d’une trentaine d’années, poursuit toujours ses études de philosophie, sans grande conviction. Au tournant de sa vie d’adulte, Gonzalo pense qu’un obstacle entrave son aspiration à réinventer sa vie : on ne lui a jamais demandé son consentement pour être baptisé ! Il décide donc d’apostasier et entreprend des démarches pour être radié des livres de l’Eglise. Il voit dans cette rupture radicale la fin de ses tourments et de son attachement à sa mère. Il entre alors dans une course folle, de prélat en cardinal, entraînant dans son sillage un doux chaos. A travers cette quête irraisonnée aux yeux de tous, il revisite son passé et est envahi par de drôles de visions. Va-t-il accéder à sa liberté ?

el-apostata-5

 

Le film

[3/5]

Gonzalo Tamayo est un madrilène d’une trentaine d’années qui poursuit en dilettante des études de philosophie. Profondément amoureux de sa cousine Pilar, laquelle lui préfère Carlos, c’est à peine s’il remarque que sa voisine Maïte est non seulement très belle, mais qu’en plus elle a manifestement quelque sentiment pour lui. Ce n’est pourtant pas faute de la rencontrer, Gonzalo donnant des leçons particulières à Antonio, le fils de Maïte, avec lequel il a un comportement quasiment paternel. Un beau jour, ce doux rêveur décide de prendre son destin en main et de couper ce qu’il considère comme une entrave à son existence : on l’a baptisé sans lui demander son avis, ce qu’on lui a appris dans le cadre de la religion a toujours été contre-productif, il n’y a jamais vu de spiritualité mais des superstitions censées l’effrayer ; et puis qu’attendre d’une église qui loue la pauvreté et se complet dans la richesse ? Une seule solution : apostasier, renoncer publiquement à sa religion, disparaître des statistiques. Une démarche qui commence par une rencontre avec le curé qui l’a baptisé, puis avec l’évêque, qui remonte à l’archevêque, qui passe par un tribunal, un vrai chemin de croix ! Ce certificat de baptême que Gonzalo demande d’éliminer se situe-t-il dans une base de données, et alors la modification est possible, ou dans un registre de faits historiques, et alors, elle ne l’est pas ?

el-apostata-9

Comédie nonchalante et un brin désabusée, Dieu, ma mère et moi est, en quelque sorte, un vrai faux film sur l’apostasie. En effet, si quelques éléments nous sont fournis sur le déroulement d’une telle démarche, si on apprend surtout combien elle est particulièrement difficile à mettre en œuvre et incertaine quant à son issue, ce film est avant tout le portrait d’un adolescent attardé qui se décide à entrer dans l’âge adulte. Certes, apostasier est un maillon important du processus qu’il entame mais il n’est pas le seul : il se doit de revisiter ses rapports avec sa famille, avec sa mère surtout, quitte à choquer ce petit monde, quitte à être considéré comme un traitre ayant renié les valeurs ancestrales ; il se doit de revisiter sa vie sentimentale, par exemple en s’intéressant davantage à Maïte qu’à Antonio, et, peut-être, à terme, ayant conquis cette volonté qui lui a toujours fait défaut, il pourra envisager de terminer ses études et s’engager dans la vie active.

el-apostata-3

C’est en apprenant la tentative d’apostasie d’Álvaro Ogalla, un ami madrilène, que le réalisateur uruguayen Federico Veiroj a eu l’idée d’en faire un film, un film qui se devait d’être tourné en Espagne, à son avis un pays suffisamment tourmenté pour abriter un tel sujet. Quant au rôle de Gonzalo, il était évident pour le réalisateur qu’il devait être tenu par … Álvaro Ogalla lui-même, un débutant en matière de cinéma. Le résultat fait penser à un conte, avec des passages ouvertement oniriques et d’autres pour lesquels le spectateur peut se poser des questions. Certaines scènes évoquent le cinéma de Nanni Moretti, d’autres penchent vers un Buñuel « light ». Aux côtés du lunaire Álvaro Ogalla, on remarque Marta Larralde (León et Olvido, Mar adentro) dans le rôle de Pilar, et Bárbara Lennie, la Bárbara de La Niña de Fuego, dans le rôle de Maïte. Quant à l’accompagnement musical, à base de Prokofiev, de rock basque, de flamenco et un peu trop présent, il présente une surprise dès l’entame du film : la « Romance pascual de los pelegrinitos », une chanson populaire espagnole, chantée par La Argentinita accompagnée au piano par … Federico Garcia Lorca.

THE APOSTATE, (aka EL APOSTATA), from left: Barbara Lennie, Alvaro Ogalla, 2015. © Avalon

Le DVD

[3.5/5]

Pas grand chose à dire ou à redire sur ce DVD que nous propose Blaq Out : un choix entre Dolby 2.0 et Dolby 5.1, une VO sous-titrée, une bonne qualité de l’image et du son et trois suppléments. Concernant le premier, un entretien de 10 minutes avec le réalisateur, tenu en français, il ne fallait pas s’attendre à des éclaircissements ou à des anecdotes concernant Dieu, ma mère et moi dans la mesure où cet entretien a été réalisé en 2012, probablement à l’occasion de la sortie en France de La vida util, le film précédent de Federico Veiroj. Il permet toutefois de mieux connaître les rapports que Federico Veiroj entretient avec le cinéma, comme spectateur et comme réalisateur. Si on n’est pas franchement étonné de le voir nommer Eustache, Bresson et Buñuel parmi ses réalisateurs préférés, la présence de Sacha Guitry est plus surprenante. Les deux autres suppléments sont des courts métrages réalisés par Federico Veiroj. Le premier, Too much diving, date de 1998, il dure 3 minutes, il est muet et en noir et blanc : un rêve accompagné par la guitare électrique de Clarence Green. Le second, Toucher, limer, débrider, date de 2013 et il dure 12 minutes : il met en scène un adolescent uruguayen passionné par sa moto sur laquelle il n’arrête pas de « travailler » et par les filles, qui l’inquiètent beaucoup et avec lesquelles il préfère rompre très vite de peur d’être trompées par elles.

Ce DVD est disponible, entre autre, directement chez Blaq Out.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici