La réalisatrice belge Chantal Akerman a mis fin à ses jours hier soir à Paris. Elle était âgée de 65 ans et souffrait de troubles maniaco-dépressifs. L’une des plus importantes cinéastes du cinéma européen depuis quarante ans, Chantal Akerman avait su créer une œuvre filmique très personnelle et exigeante, à cheval entre le documentaire et la fiction. Son film le plus connu reste Jeanne Dielman 23 Quai du Commerce 1080 Bruxelles de 1975 avec Delphine Seyrig.
Après ses premiers courts-métrages au début des années ’70 et une première incursion dans le documentaire à travers Hôtel Monterey sur un refuge des laissés-pour-compte de New York, Chantal Akerman avait très tôt marqué les esprits grâce à Jeanne Dielman 23 Quai du Commerce 1080 Bruxelles. Dans cette épopée intimiste d’une durée de plus de trois heures, la caméra suit le personnage interprété par Delphine Seyrig dans sa vie quotidienne de veuve et mère au foyer. Par la suite, Akerman avait continué à brouiller les frontières entre la réalité et le faire-semblant cinématographique dans des films comme Je, tu, il, elle, News from Home, Les Rendez-vous d’Anna avec Aurore Clément, Toute une nuit, Les Années 80, ainsi que Golden Eighties et Letters Home avec Delphine Seyrig et Histoires d’Amérique.
A partir des années ’90, le cinéma de Chantal Akerman a commencé à se radicaliser doublement avec d’un côté des films relativement plus commerciaux, comme Nuit et jour avec Thomas Langmann, Un divan à New York avec Juliette Binoche et William Hurt, La Captive avec Stanislas Merhar et Sylvie Testud, Demain on déménage avec Testud et Clément et La Folie Almayer avec Merhar, et de l’autre des documentaires très contemplatifs comme D’Est, Sud, De l’autre côté, Là-bas et son dernier film No Home Movie présenté cet été au festival de Locarno.
Chantal Akerman a été nommée au César du Meilleur Documentaire en 2007 pour Là-bas. Elle avait été l’invitée d’honneur du festival de Bobigny « Bande(s) à part » l’année passée, où l’intégrale de sa filmographie avait été montrée. Chantal Akerman y était présente, mais a dû partir précipitamment à Bruxelles à cause du décès de sa mère.
