The Newsroom, saison 1, épisode 1

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La recette ne trompe pas. Aaron Sorkin est de retour à la télévision. Dans sa valise : ses manies et ses obsessions. Cinq ans après l’échec de Studio 60, l’auteur de la brillante A la Maison Blanche ne désespère pas de nous parler d’amour et de coulisses, au rythme de 10 mots la seconde. Libéré des contraintes, sur HBO, il s’attaque au journalisme d’information. Un pari ambitieux à peine réussi. The Newsroom s’annonce simpliste mais efficace.

Synopsis : Les coulisses d’une émission d’information du câble américain, présentée par Will McAvoy, un journaliste expérimenté qui décide de changer après avoir passé des années à prendre soin de ne se mettre personne à dos.

Sur le gril de The Newsroom, la profession ne lui aura pas fait de cadeau. Les critiques fusent à la veille de la diffusion du pilote de 75 minutes : Aaron Sorkin déçoit une presse qu’il fustige dès la première scène : des journalistes auto-satisfaits, déterminés à ne pas traiter des sujets qui fâchent, convaincus que les Etats-Unis d’Amérique restent la plus grande nation du monde. Bien qu’elle ne le serait plus, avoue Sorkin, mais l’aurait été. Une nostalgie d’homme blanc déplacée.

Un faux pas plus maladroit que criminel, accentué par la révision d’un script originel auquel Sorkin aurait dû se tenir : moins grandiloquent, plus subtil, sans scène d’ouverture malheureuse, ni de twist final poussif.

Une erreur plus excusable que la simplicité du revirement qui s’opère, expédié, de mauvais à bon journalisme.

Quand on veut, on peut

« We Just Decided To ». Le titre de l’épisode vend la mèche. Pour faire un bon journal, il suffit de le vouloir. La morale est simpliste mais typique d’un Aaron Sorkin post-A la Maison Blanche, habitué à confondre idéalisme (réaliste, chassé par les personnages, parfois inatteignable) et romantisme (dramatique, les laissant surmonter n’importe quelle épreuve par volonté et amour).

Dans l’ivresse de leur dispute, les protagonistes n’évoquent qu’une complication, qu’un risque : voir leurs audiences faiblir ; et en faire les frais. Passant sous silence pléthore d’éventualités, dont celle – la plus évidente, la plus importante – de se mettre à dos les élites (politiques, médiatiques, industrielles) qui leur fournissent, elles-mêmes, de l’information. Un tir à corriger, vite. D’autant plus rapidement que le reste fonctionne admirablement.

L’humain d’abord

Casting, dialogues, rythme. Les amateurs de Sorkin ne seront pas déçus, les autres découvriront la magie de scènes dans lesquelles on ne s’ennuie pas une seconde, pendus aux lèvres agitées de personnes intelligentes. Figures de l’Amérique éduquée que Jeff Daniels (Les Berkman se séparent) et Emily Mortimer (Coup de foudre à Notting Hill, Scream 3) chaperonnent avec talent.

Les informations s’accumulent, les arguments se répondent, tous interagissent déjà ; et la sauce prend. Sans surprise, Sorkin joue d’une chorale de personnalités variées aux problématiques individuelles efficacement présentées. Son moyen favoris de rappeler que, derrière le rideau des plus grandes puissances, ce ne sont toujours que des Hommes qui tirent les ficelles, avec leurs sentiments, leurs doutes.

Une alchimie qui érige le direct face caméra en point culminant. L’équipe est prête.

You’re watching News Night on ACN, so stick around.

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