Test DVD : L’étalon

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L’étalon

 
France : 1970
Titre original : –
Réalisation : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky, Alain Moury
Acteurs : Bourvil, Francis Blanche, Jacques Legras
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h26
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 13 février 1970
Date de sortie DVD : 19 juin 2018

 

 

William Chaminade, vétérinaire, prend conscience des ravages que le délaissement amoureux peut susciter le jour où il sauve une jeune femme du suicide. Pour pallier leurs carences affectives et surtout physiques, il invente le principe d’un étalon au service de ces dames… Initiative que les maris outragés vont tout faire pour contrecarrer…

 

 

Le film

[3/5]

On ne change pas une équipe qui gagne : après Un drôle de paroissien et La grande lessive (!), Jean-Pierre Mocky et son coscénariste Alain Moury remettent le couvert avec L’étalon, une troisième comédie absurdo-potache, toujours portée par Bourvil dans le rôle du gentil illuminé de service, et affichant toujours au casting les habitués des premiers films : Roland Blanche bien sûr, mais également René-Jean Chauffard, Michael Lonsdale ou l’impayable Jean-Claude Rémoleux.

D’avantage porté sur les mœurs des français, sur la notion de « liberté sexuelle » et sur la volonté affirmée par la gent féminine de disposer de leur corps comme bon leur semble, L’étalon surfe allègrement sur des thématiques forcément très en vogue en cette période post-1968. Mais alors que l’on aurait imaginé Jean-Pierre Mocky, l’éternel rebelle, très à l’aise avec ce genre de sujet, quelque chose coince, et bizarrement, la magie ne prend plus que ponctuellement, le film ne provoquant que quelques rires çà et là, quand on imaginait que l’on se serait copieusement bidonné devant le spectacle de ces « étalons » mis à disposition des femmes pour combler les lacunes sexuelles de leur mari, et dont les services seraient remboursés par la sécurité sociale.

Malheureusement, peut-être à cause de l’image trop ouvertement « familiale » véhiculée par Bourvil, le scénario s’avère beaucoup trop timoré, s’aventurant en de rares occasions légèrement dans le grivois, mais ne s’y épanouissant jamais réellement, comme le sujet l’aurait pourtant nécessité afin de provoquer le rire de façon régulière. Paradoxalement, c’est dans sa toute dernière partie, et quand le script quitte les rails de la comédie de mœurs pour aborder un virage plus « politique », que L’étalon trouve le ton juste et ses passages les plus savoureux. De fait, le film s’avère au final une belle occasion manquée de se fendre la poire, mais se rattrapant in extremis dans sa dernière bobine, de façon à ne pas réellement laisser le spectateur sur sa faim. Dommage !

 

 

Le DVD

[4/5]

Disponible à partir du 19 juin sur support DVD chez ESC Éditions, L’étalon s’offre une nouvelle édition, faisant suite à celle sortie en 2004 sous les couleurs de Pathé, épuisée à la vente depuis quelques années. Le master est certes un peu fatigué, mais les couleurs, le piqué et la définition en général composent fort bien avec les limites du film lui-même, autant qu’avec celles d’un encodage en définition standard. On remarquera cependant une légère pixellisation occasionnelle qui s’invitera durant une minute de métrage environ. Côté son, la version française est naturellement proposée en Dolby Digital 2.0 et mono d’origine ; elle fait correctement le boulot même si l’on déplorera un léger décalage entre le son et l’image sur les dernières minutes du film.

Dans la section suppléments, l’éditeur ESC Éditions nous propose, en collaboration avec Linda Tahir pour les productions Rose Night, un nouvel entretien avec Jean-Pierre Mocky. Un peu moins bavard qu’à son habitude, le cinéaste évoquera brièvement la genèse du sujet, dont l’idée est venue à Mocky et Bourvil alors qu’ils écoutaient un couple de femmes discutant dans un café, et se concentrera ensuite sur les conditions de tournage de L’étalon, marquées par la maladie de Bourvil. N’ayant réussi à convaincre les assurances de tourner avec un Bourvil dont la maladie était, visiblement, à un stade avancé de son développement, Mocky avait dû concentrer le tournage sur seulement sept jours, organisant un véritable tournage-marathon dans l’urgence et la précipitation. C’est très intéressant, et nous incite à avoir d’avantage d’indulgence pour le métrage ; malheureusement, si on ne connaît pas la « petite histoire » derrière le film, le ressenti pour le spectateur au visionnage se traduit surtout comme une nette impression de relâchement formel de la part du cinéaste…

 

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