Test DVD : La tierra sin mal + Pouvoir et impuissance

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La tierra sin mal + Pouvoir et impuissance

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Paraguay, France, Belgique : 2010 et 2014
Titre original : La tierra sin mal + Poder e impotencia
Réalisateur : Anna Recalde Miranda
Scénario : Anna Recalde Miranda
Acteurs : Fernando Lugo
Éditeur : Damned Films
Durée : 3h03
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : –
Date de sortie DVD : 29 mars 2016

 

 

En 2008, Fernando Lugo, « évêque des pauvres » et membre de la Théologie de la Libération, remporte les élections présidentielles au Paraguay, après 61 ans d’hégémonie du parti Colorado, celui du dictateur Alfredo Stroessner. Cette alternance inespérée tient du miracle politique, le rêve de changement de tant de gens devient enfin réalité. Mais la politique n’est pas faite pour les saints et le rêve vire au cauchemar. Pouvoir et impuissance est une tragi-comédie shakespearienne, un thriller politique dont l’action se déroule au cœur d’un Paraguay dont la réalité dépasse la fiction. Depuis les coulisses du pouvoir, nous sommes les témoins privilégiés de cette aventure faite d’espoirs et de déceptions, jusqu’à sa fin tragique et au coup d’état de juin 2012. Une période historique unique est illustrée dans ce film à la fois intime et universel, qui scrute d’un œil humain, à travers l’odyssée du Président en personne et de son équipe, la nature de la politique et la réalité du pouvoir au sein des systèmes démocratiques.

 
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Les films

[4/5]

Même si sa superficie est supérieure à celle de l’Allemagne, le Paraguay compte à peine 7 millions d’habitants et c’est probablement la raison pour laquelle son histoire politique est beaucoup moins connue chez nous que celles de l’Argentine, du Brésil et du Chili. La grande majorité de nos compatriotes connaît Allende et Pinochet, seule une petite minorité a entendu parler d’Alfredo Stroessner et de Fernando Lugo. Et pourtant, la dictature du général Alfredo Stoessner a été la plus longue de toutes celles qu’a connu le continent sud-américain : trente-cinq ans, de 1954 à 1989. Une dictature qui est venue se glisser au milieu de 61 années (de 1947 à 2008) durant lesquels le parti Colorado a dirigé le pays. En effet, Stroessner était membre de ce parti depuis 3 ans lorsqu’il a réussi son coup d’état et le parti Colorado a réussi à se maintenir au pouvoir en 1989 lorsque le général Andrés Rodríguez Pedotti renversa Stroessner. De 1989 à 2008, le pays a vécu une forme de démocratie très particulière, une démocratie de façade souvent qualifiée de « démocrature », à base de clientélisme, de corruption et de répression, avec des gouvernements comprenant d’anciens ministres de Stroessner. En 2008, le Président, élu 5 ans auparavant, s’appelle Nicanor Duarte et il est membre du parti Colorado. De nouvelles élections vont avoir lieu et celle qui est donnée comme favorite est la candidate du parti Colorado, Blanca Ovelar. D’autant plus favorite que le ministre chargé des élections est un ancien ministre de Stroessner ! Face à elle, Fernando Lugo, ex-évêque de la théologie de la libération, surnommé « l’évêque des pauvres ». Lugo est le candidat de l’Alliance Patriotique pour le Changement, une alliance de centre gauche qui réunit aussi bien le Mouvement Populaire Tekojoja, ouvertement socialiste, que des libéraux ne jurant que par l’économie de marché. La préparation de ces élections sert de toile de fond à La tierra sin mal, le premier film proposé dans ce DVD. Il a été réalisé par Anna Recalde Miranda, une italo-paraguayenne vivant à Paris, arrière petite-fille de Rufino Recalde Milesi, typographe, syndicaliste et socialiste paraguayen du début du 20ème siècle, premier député socialiste du Paraguay. La tierra sin mal fait beaucoup appel à l’éclairage sur l’histoire récente du Paraguay donné par Martin Almada, un écrivain et avocat très engagé dans la défense des droits de l’homme, arrêté et torturé en 1974 dans le cadre de l’opération Condor. Comme le montre le film, c’est Martin Almada qui a découvert les archives secrètes de cette opération conduite par les services secrets du Chili, de l’Argentine, du Paraguay, du Brésil, de l’Uruguay et de la Bolivie, six pays subissant à l’époque une dictature militaire. Une opération qui pratiquait la torture et les meurtres envers celles et ceux qui s’opposaient à ces dictatures et qui se retrouvaient qualifiés de terroristes. Considéré par les six dictatures et par les Etats-Unis comme étant le pays le plus sûr, c’est le Paraguay qui avait été choisi pour abriter les archives de l’opération Condor.

 
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La tierra sin mal se termine le 20 avril 2008, par la restitution des scènes de joie populaire à la suite de la victoire inattendue de Fernando Lugo, des scènes qu’on retrouve au début de Pouvoir et impuissance, un drame en 3 actes. Ayant fait la connaissance de Fernando Lugo grâce à La tierra sin mal, Anna Recalde Miranda a pu filmer « de l’intérieur » ce qui s’est passé durant les 4 années qui se sont écoulées entre l’élection de Lugo et sa destitution, le 22 juin 2012. Dans ce « drame en 3 actes », les protagonistes principaux sont au nombre de cinq : Fernando Lugo, bien sûr, Miguel López Perito, son Chef de cabinet et ancien enseignant, Sixto Pereira, sénateur et ancien paysan, José Rodriguez, leader des paysans sans terre, et Federico Franco, vice-président du Paraguay, membre du Parti libéral radical authentique, la branche libérale de l’Alliance Patriotique pour le Changement. Pouvoir et impuissance montre de façon remarquable et passionnante ce qui est un cheminement récurrent dans l’histoire de nombreux pays : au départ, un pays dont l’économie repose surtout sur l’agriculture et dans lequel 80 % des terres cultivables sont possédées par 2 % des producteurs ; un pays dans lequel des dizaines de milliers de familles de paysans n’ont pas de terre, dont de nombreuses familles d’indiens ; un pays dans lequel il n’y a pas de pouvoir politique formel, le vrai pouvoir se trouvant chez les multinationales, les vieux entrepreneurs, les narcotrafiquants et les éleveurs. Un président de gauche est élu, mais ses partisans reconnaissent eux-mêmes qu’ils ne s’attendaient pas à cette victoire et qu’ils n’étaient pas vraiment préparés à gouverner. En arrivant au pouvoir, ils trouvent un état en panne, un état dont de nombreux fonctionnaires sont d’anciens tortionnaires du régime précédent, un pouvoir judiciaire qui leur est opposé et ils doivent faire face à un parlement qui représente l’oligarchie et qui n’a de cesse de réclamer la destitution de Lugo, tout en s’opposant systématiquement aux tentatives de réformes, en particulier la réforme agraire espérée par le monde des petits paysans. Par ailleurs, pour gagner l’élection de 2008, la gauche a dû s’allier avec le Parti libéral radical authentique : Federico Franco, membre de ce parti et vice-président du pays, va commencer très vite à s’opposer à la politique que veut mener Fernando Lugo et montrer qu’il est prêt à remplacer ce dernier ; quant au ministère de l’agriculture, poste très important pour mener à bien la réforme agraire, il est également membre de ce Parti libéral ! Si on ajoute qu’une grande partie de la presse est aux mains d’un très riche entrepreneur, très puissant sous Stroessner, que Fernando Lugo a eu des aventures galantes lorsqu’il était encore prêtre (il a d’ailleurs reconnu la paternité de deux enfants) et qu’on lui a diagnostiqué un cancer en 2010, on voit que les difficultés n’ont pas manqué au cours de sa présidence. Le 22 juin 2012, la 24ème demande de destitution, appuyée par le Parti libéral, finit par aboutir. Le prétexte : une fusillade entre paysans et policiers faisant 17 morts, après que la justice ait ordonné l’expulsion par la police de paysans sans terre qui occupaient des terres dont la propriété était sujette à controverse. Ce coup d’état juridique parlementaire met Federico Franco à la tête du pays. Ses premières mesures : autorisation des graines transgéniques de coton de Monsanto ; ouverture de négociations avec l’entreprise minière canadienne Rio Tinto Alcan ; arrestation de paysans qualifiés de terroristes. En 2013, le parti Colorado retrouve le pouvoir lors des élections générales !

 
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Le DVD

[4/5]

Ce DVD édité par Damned Films nous permet de voir (enfin !) deux documentaires long métrage qui n’avaient jamais été distribués en salle dans notre pays. Ces deux films ayant une durée totale dépassant 3 heures et se suffisant largement à eux-mêmes, il n’y a  aucun supplément sur le DVD. Les films se visionnent en version originale (espagnol), Dolby 2.0, avec le choix de 4 langues pour le sous-titrage : français, anglais, espagnol, italien. Quant à la qualité de l’image, on peut la qualifier de parfaite, en particulier en ce qui concerne le rendu des couleurs.

 
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