Test Blu-ray : Raised by Wolves – Saison 1

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Raised by Wolves – Saison 1


États-Unis : 2020
Titre original : –
Création : Aaron Guzikowski
Acteurs : Amanda Collin, Abubakar Salim, Travis Fimmel
Éditeur : HBO
Durée : 7h30 environ
Genre : Série TV, Science-fiction
Date de sortie DVD/BR : 22 juin 2022

XXIIe siècle. Deux androides, mère et père, sont chargés d’élever des enfants humains sur Kepler-22 B, après que la terre ait été détruite par une grande guerre. Alors que les êtres humains se déchirent sur fond de guerres de religion, les robots apprennent qu’il est compliqué et dangereux de vouloir contrôler les croyances des humains…

La saison

[4/5]

Aaron Guzikowski n’a décidément pas de chance. En 2009, il signe le scénario de Prisoners, qui serait finalement mis en scène quelques années plus tard par Denis Villeneuve, qui monopoliserait toute l’attention du public et vampiriserait totalement son nom au générique du film. En 2020, rebelote avec Raised by Wolves, série dont il est le créateur : le nom d’Aaron Guzikowski se verrait totalement éclipsé par celui de son producteur délégué, Ridley Scott, qui réaliserait de plus les deux premiers épisodes, et confierait la réalisation des deux suivants à son fils, Luke Scott. Ce n’est donc pas encore aujourd’hui que le nom d’Aaron Guzikowski vous dira quelque-chose…

Mais c’était à prévoir : Ridley Scott et la science-fiction, c’est une longue histoire, et le fait de voir le créateur d’Alien et de Blade Runner revenir au genre qui a fait sa renommée est toujours un événement. De plus, à travers ses incursions récentes dans le genre, on s’était rendu compte que Ridley Scott développait un attachement tout particulier à un certain type de SF que l’on qualifiera de « Old School » : les géants chauves et inquiétants de Prometheus semblaient en effet tout droit sortis des pages du Métal Hurlant de la grande époque, et il n’y a rien d’étonnant à ce que le cinéaste ait été attiré par le projet Raised by Wolves, qui s’impose comme une fresque SF visuelle et mystique très influencée par ce que faisaient les grands noms du genre dans les années 70.

Ainsi, dès ses premières minutes, Raised by Wolves imposera un style visuel à l’ancienne qui pourra paraître décalé, voire même franchement kitsch, aux apôtres de la science-fiction ultra-technologique et autres chantres de la « Hard-SF ». Les deux robots que nous découvrons dans les premières séquences du show affichent ainsi des combinaisons argentées que l’on penserait issues des couvertures de pulp magazines des années 30 ; on se rendra par la suite rapidement compte que les deux androïdes possèdent des corps totalement asexués, évoquant les délires visuels imaginés par Moebius, Druillet ou encore Richard Corben au milieu des années 70.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour qui accepte ses partis pris esthétiques, Raised by Wolves s’avérera une franche réussite, portée par les performances d’Amanda Collin (Mère) et Abubakar Salim (Père), qui paraissent plus vrais que nature dans la peau de ces machines dotées de conscience. Indéniablement, leur interprétation est un des points forts de la série : la plupart des moments les plus mémorables du show seront en effet ceux où ils partagent des discussions presque trop humaines dans un langage entièrement mécanique. Le soin apporté par Aaron Guzikowski et son équipe à ces deux personnages centraux permet au spectateur de s’attacher à eux, comprenant presque les motivations de la glaçante Mère quand elle passe en mode « Dieu » rédempteur et détruit tout sur son passage.

La référence à une idée de puissance divine n’est pas innocente : un des fils conducteurs les plus importants de Raised by Wolves repose sur l’opposition entre religion et athéisme, sur lesquels différents groupes humains ont fondé leur existence. Cette idée est encore renforcée par la pose iconique que prend le personnage de Mère (jambes serrés, bras écartés) quand elle passe en mode nécromancienne. La référence au Christ sur sa croix est évidente, même si pour le coup les humains ne pratiquent pas le christianisme que nous connaissons, mais un culte du soleil, avec des adeptes priant un Dieu nommé « Sol ». Cependant, l’habileté du show est de ne jamais prendre parti, de ne pas trancher, présentant les deux « camps » de façon assez similaire.

Qu’ils soient athées ou qu’ils croient en Sol, les deux groupes au cœur de l’intrigue de Raised by Wolves possèdent tous deux des personnages attachants, et d’autres beaucoup moins. Mais surtout, il semble que les grandes questions d’ordre philosophique ou théologique soient reléguées au second plan au profit de la simple survie, et qu’ils soient croyants ou pas, aucun des deux camps n’est particulièrement capable de s’adapter à la vie sur Kepler 22B. Bien sûr, la foi développée au fil des épisodes par les adeptes de « Sol » pourra avoir l’avantage d’être relativement familière, mais on en reviendra le plus souvent à des concepts plus « fondamentaux » (la notion de famille au sens large et la survie dans un milieu hostile), Raised by Wolves n’hésitant jamais à se montrer particulièrement violent et sombre, mettant régulièrement en danger les enfants au cœur de l’intrigue.

Pour le reste, la série déroule ses dix premiers épisodes sur un rythme soutenu, multipliant les rebondissements de façon convaincante, et donnant toujours envie au spectateur d’aller plus loin. Lorsqu’il s’agit d’installer un monde et une atmosphère, peu de personnes peuvent rivaliser avec la vision de Ridley Scott, qui démontre avec les deux premiers épisodes de Raised by Wolves qu’il est toujours un boss dans son domaine. Qu’il s’agisse de la façon dont il met en place les paysages lugubres et désolés de Kepler 22B ou dont il construit son univers complexe, cet homme a le don de créer des environnements extraterrestres crédibles et immersifs. L’atmosphère générale et la narration sont maîtrisées, et le spectateur ne tardera pas à se rendre compte, au fur et à mesure que l’intrigue se dirige vers quelque chose de beaucoup plus vaste et passionnant, que les « Loups » du titre ne font pas forcément référence à l’extrême rigueur développée par le personnage de Mère, mais bel et bien [Attention SPOILERS] au mythe de Romulus et Remus. [Fin des SPOILERS]

Le coffret Blu-ray

[4/5]

Comme toujours avec les séries TV éditées par HBO, le rendu Haute-Définition de Raised by Wolves – Saison 1 est impeccable, et ce nouveau coffret Blu-ray ne viendra en aucun cas contredire nos impressions passées : les trois disques contenus dans le coffret nous offrent à nouveau une image à la définition et au piqué d’une précision redoutable, proposant également des couleurs et une gestion des contrastes tout simplement irréprochables. Côté son, seule la VO bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, et ce dernier s’avère une véritable tuerie cosmique. Spatialisation, placement des voix et des différents éléments acoustique… Tout est réglé à la perfection et nous plonge littéralement dans la nature hostile de Kepler 22B. La version française devra quant à elle composer avec un encodage Dolby Digital 5.1 très soigné, tout à fait satisfaisant mais clairement – et fort logiquement – en deçà de sa grande sœur la VO, surtout durant les intenses scènes d’action.

Du côté de la section bonus, le coffret Raised by Wolves – Saison 1 nous propose une petite poignée de quatre featurettes (9 minutes au total) qui reviendront dans les grandes lignes sur la conception de la série, en mettant largement en avant la participation active de Ridley Scott. Cela sera l’occasion de découvrir quelques secrets de tournage, ainsi que quelques concept-arts.

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