Test Blu-ray : Tourist Trap / Le Piège

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Tourist Trap / Le Piège

États-Unis : 1979
Titre original : Tourist Trap
Réalisation : David Schmoeller
Scénario : David Schmoeller, J. Larry Carroll
Acteurs : Chuck Connors, Jocelyn Jones, Tanya Roberts
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h29
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 30 avril 1980
Date de sortie DVD/BR : 19 juillet 2022

Un groupe d’amis voyage à travers le désert lorsque leur voiture tombe en panne. Alors que Woody part à la recherche d’une station-service, les autres sont recueillis par monsieur Slausen, un homme qui vit en solitaire dans les montagnes. Sa maison abrite un véritable musée de cire rempli de mannequins qui ont l’air plus vrai que nature. Des mannequins qui semblent en fait bien vivants…

Le Film

[3,5/5]

Surtout connu pour avoir réalisé le tout premier Puppet Master en 1989, David Schmoeller n’en était alors pas à sa première collaboration avec le producteur Charles Band. On leur devait en effet déjà deux curiosités du fantastique ayant su traverser les années avec une certaine classe : le très intéressant Tourist Trap / Le Piège (1979), avec la regrettée Tanya Roberts, et Fou à tuer (1986), un psycho-killer assez barré mettant en scène l’inimitable Klaus Kinski.

Et puisqu’on vous a récemment parlé de Fou à tuer (lire notre article), il est grand temps d’aborder Tourist Trap / Le Piège. A l’origine, le scénario du film a été écrit par David Schmoeller et J. Larry Carroll, qui l’avaient présenté le film aux producteurs Samuel Z. Arkoff et Bruce Cohn Curtis, mais sans parvenir à trouver un accord. La situation se débloqua grâce à Charles Band, qui vit dans le script un bon moyen de surfer sur l’atmosphère et les thématiques de films tels que L’Homme au masque de cire (André De Toth, 1953) mais également de Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). Suite au succès de Carrie au bal du diable (Brian De Palma, 1976), Charles Band insista par ailleurs pour ajouter au scénario l’utilisation de pouvoirs télékinésiques, qui n’existaient pas dans l’intrigue originale.

Après les refus de Jack Palance et Gig Young, le rôle de Mr Slausen, le mystérieux patron du musée de cire western au cœur de Tourist Trap / Le Piège, fut finalement confié à Chuck Connors. C’est le seul nom connu au générique du film, aux côtés bien sûr de la regrettée Tanya Roberts, alors débutante, et dont la carrière serait par la suite essentiellement marquée par Sheena, la reine de la jungle (John Guillermin, 1984) puis par son rôle de « James Bond Girl » dans Dangereusement vôtre (John Glen, 1985). Du côté de l’équipe technique, on trouvera également plusieurs noms célèbres et prestigieux, qui ne l’étaient pas forcément à l’époque du tournage. Ron Underwood, futur réalisateur du cultissime Tremors en 1990, tenait le poste de premier assistant réalisateur. Le poste de deuxième assistant réalisateur était quant à lui tenu par David Wyler, le fils de William Wyler. Le directeur de la photographie était Nicholas von Sternberg, fils de Josef von Sternberg. La musique – angoissante à souhait – a été composée par Pino Donaggio, et le montage était assuré par Ted Nicolaou, qui réaliserait par la suite de nombreux longs-métrages pour le compte de Charles Band. On pourra ajouter à cette collection de talents celui de Robert A. Burns (Massacre à la tronçonneuse, La colline a des yeux), qui s’occupait de la direction artistique et des effets spéciaux.

Bref, avec le recul, cela fait du beau monde au générique de Tourist Trap / Le Piège, pour un film qui, au final, tient encore plutôt bien la route grâce à son ambiance morbide et étouffante, en grande partie accentuée par la bande originale de Pino Donaggio. Le scénario de David Schmoeller et J. Larry Carroll est simple et linéaire, mais nous propose tout de même quelques rebondissements efficaces, qui tendent à le faire régulièrement basculer dans l’étrange en mode « famille tronçonneuse ». Bien entendu, la folie furieuse de l’ensemble n’atteint jamais ici le degré d’hystérie géniale dont nous gratifieraient quelques années plus tard des cinéastes tels que Kim Henkel (Massacre à la tronçonneuse : La Nouvelle Génération, 1994) ou Rob Zombie (La Maison des mille morts, 2003), mais l’effort est louable, et Tourist Trap / Le Piège parvient de plus à se créer sa propre identité, malgré les influences évidentes qui tendraient à le fragiliser.

Les personnages sont intéressants, et même assez intrigants dans leurs personnalités respectives. On voit ainsi mal au départ ce qui a pu réunir la prude Molly (Jocelyn Jones) et le reste de sa bande de copains, mais au fil des discussions s’égrenant dans la première partie du film (entre Slausen et Molly / Becky, puis entre Molly et Becky), on finit par se rendre compte que Becky (Tanya Roberts) n’est probablement pas l’écervelée que nous supputions à la base, et qu’une amitié bien réelle lie finalement les deux filles. Il s’agit probablement là de l’aspect le plus remarquable qu’apporte le développement délibérément lent de la première partie de Tourist Trap / Le Piège : il étoffe un peu les protagonistes du récit en plus de créer une atmosphère de plus en plus étrange. De ce fait, l’acte final du film s’en ressent : le spectateur est davantage attaché aux différents personnages du film, qui ne sont pas que de simples « coquilles vides », et l’ensemble y gagne clairement en efficacité. Par exemple, l’attitude de Molly lors du retour de Jerry (Jon Van Ness) s’imposera comme une des meilleures surprises – et un des moments les plus mémorables – du métrage. Bref, s’il ne nous viendrait certainement pas à l’esprit de parler de « classique » en évoquant Tourist Trap / Le Piège, force est tout de même de constater que le premier film de David Schmoeller a de beaux restes, et s’avère encore aujourd’hui tout à fait digne d’intérêt : il s’agit d’un film d’horreur atmosphérique insolite et attachant malgré ses imperfections. Et le plan final est fou !

Le Blu-ray

[4/5]

L’été sera chaud chez Carlotta Films, qui nous propose en juillet / août quatre nouveaux titres en Blu-ray au sein des rangs de sa prestigieuse « Midnight Collection ». Tourist Trap / Le Piège est donc le premier que nous aborderons, et disons que niveau transfert, Carlotta a dû composer avec les éléments existants. Ainsi, les contrastes et le piqué sont globalement solides, même si l’image est souvent assez sombre. La granulation d’origine a été respectée, et l’ensemble est assez satisfaisant. Cependant, on remarquera au fil du film une série de grosses baisses de définition, courtes mais assez manifestes, même pour un œil non aguerri. Ces dernières s’expliquent en fait par le fait que Carlotta Films nous propose ici de (re)découvrir le film en version intégrale, et que les scènes absentes de la version « uncut » (dont vous pouvez trouver la liste sur le site de référence Movie-censorship) n’ont malheureusement pas bénéficié d’un upgrade Haute-Définition. Ces dernières sont d’ailleurs proposées en VOST, ne disposant pas de doublage français, et représentent environ quatre minutes de film. Côté son, la VO comme la VF sont mixées en DTS-HD Master Audio 1.0 d’origine et de belle tenue générale. Toutes deux s’avèrent tout à fait claires, avec un bel équilibre entre la musique, les bruitages et les voix.

Du côté des suppléments, Carlotta nous propose uniquement la traditionnelle bande-annonce.

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