Test Blu-ray 4K Ultra-HD : Blade Runner – Final Cut

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Blade Runner – Final Cut

États-Unis : 1982
Titre original : –
Réalisation : Ridley Scott
Scénario : Hampton Fancher, David Peoples
Acteurs : Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h57
Genre : Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 15 septembre 1982
Date de sortie BR/4K : 5 mai 2021

Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d’hommes et de femmes partent à la conquête de l’espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d’esclaves voit le jour : les répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l’être humain. Mais suite à une révolte, ces derniers sont peu à peu retirés. Quatre d’entre eux parviennent cependant à s’échapper et à s’introduire dans Los Angeles. Un agent spécial, un blade-runner est chargé de les exterminer…

Le film

[5/5]

Le fait de ne pas être amplement familier avec ce classique de la science-fiction peut s’avérer avantageux pour mieux le découvrir dans toute sa splendeur lors de cette reprise en version restaurée. Car du haut de ses trente-trois ans, Blade Runner n’est pas seulement un incontournable du cinéma de genre, qui n’a pas pris une ride. Après avoir vécu en direct en tant que spectateur l’évolution des différents types de films, nous sommes même convaincus que celui-ci se trouve à l’origine d’une multitude de courants, qu’il est la matrice magnifique d’à peu près tout ce qui s’est fait dans le domaine fantastique et futuriste depuis. Ce rôle de source de multiples influences, à la fois incontestable et nullement prémédité, le troisième film de Ridley Scott l’assume avec une prestance et une vigueur jamais démenties. Le risque était en effet important de n’y voir désormais qu’un catalogue de motifs maintes fois copiés entre-temps et par conséquent vidés de tout leur sens. Il n’en est heureusement rien, puisque le récit maintient sans le moindre signe de fatigue une intensité mystérieuse hors pair.

Un précurseur suprême

Aujourd’hui, tous les films de science-fiction et plus particulièrement la variation à la mode des films de super-héros ont l’air de se ressembler. Les signes distinctifs s’y font excessivement rares, puisque ils sont tous soumis – soit par calcul commercial, soit par choix artistique – aux mêmes exigences narratives et esthétiques. Au début des années 1980, la grande époque des épopées de science-fiction n’en était par contre qu’à ses débuts, avec des réalisateurs et des producteurs tout d’abord empressés de singer la formule à succès de George Lucas et son univers Star Wars. Pour son premier film américain, à l’histoire de tournage exceptionnellement tendue, Ridley Scott a opté pour une direction plus sombre et adulte, moins en proie à des fabulations manichéennes situées dans des galaxies lointaines, dépourvues d’un lien concret avec la vie sur Terre. Dans Blade Runner, le regard sur l’humanité se veut expressément baroque, avec l’opulence des décors le plus souvent vus de nuit et sous une pluie battante, qui persiste pourtant dans un décalage saisissant par rapport à l’animation incessante et anonyme dans les rues.

Un film noir par excellence

Que l’enjeu dramatique du récit reste plutôt flou peut alternativement ouvrir la voie aux interprétations les plus farfelues ou bien inciter le spectateur à s’abandonner entièrement à l’univers singulier qui lui est présenté. Le protagoniste entame en effet la traque des replicants avec un spleen remarquable, nullement convaincu de l’utilité de sa mission. Et ses adversaires sont à leur tour investis d’une quête existentielle, qui peut être considérée comme plus valeureuse que le maintien du statu quo dans la métropole poisseuse. Ce climat d’incertitude croissante, la mise en scène l’orchestre avec bravoure, aidée grandement par les contributions visuelles de la photo de Jordan Cronenweth, ainsi que par les prouesses d’une bande sonore immersive, remixée récemment.

Tandis que l’histoire demeure donc dans une abstraction de la menace jamais prise en défaut ou étalée inutilement, l’aspect formel somptueux du film ne se met pas en avant au point d’écraser par sa beauté décadente les subtilités narratives. Avec Blade Runner, l’équilibre parfait entre le fond ambitieux et une forme qui ne l’est pas moins nous paraît être atteint prématurément. Les dizaines, voire les centaines de films qui se sont par la suite inspirés de ce tour de force fascinant en ont certes pu récupérer un détail par ci, par là. Mais aucun d’entre eux n’a réussi à achever une symbiose aussi bluffante entre l’univers oppressant de Philip K. Dick et son expression cinématographique menée de main de maître par Ridley Scott.

Extrait de la critique de notre rédacteur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

Le Blu-ray 4K Ultra-HD

[5/5]

Huit versions de Blade Runner ont été rendues publiques depuis 1982, à l’occasion de projections tests ou de diffusions en salles. Quand Blade Runner – Final Cut, la version définitive du film, remontée sous le contrôle de Ridley Scott, était sortie au format Blu-ray en 2007, le montage reconstitué par le cinéaste avait été « assemblé » en mode Frankenstein à partir de plusieurs sources – on y avait mélangé une numérisation Haute-Résolution du négatif original à de nouveaux effets numériques recréés et réalisés spécifiquement pour l’occasion. Un master Digital Intermédiaire 4K avait donc été utilisé pour le Blu-ray ; c’est ce même master qui a été utilisé pour ce Blu-ray 4K Ultra HD 2160p, encodé en HEVC / H.265. Warner n’a apporté d’autre modification à l’ensemble que l’application de l’encodage HDR.

Autant dire donc que cette version Blu-ray 4K Ultra HD de Blade Runner – Final Cut aura fort logiquement de quoi vous faire tomber par terre. Dès les premières images du film, et les célèbres vues aériennes de Los Angeles, vous ne pourrez que pleurer de bonheur en tentant en vain de réprimer le début d’érection qui déformera votre falzar. La séquence d’ouverture de Blade Runner a toujours été une des plus impressionnantes et des plus fantasmatiques jamais vues, mais préparez-vous à retenir votre mâchoire à la découverte du Tyrell Building : jamais vous n’aurez pu voir le film avec une telle clarté et une telle précision – en comparaison, le Blu-ray de 2007 en paraitrait même carrément flou. Et tout le film est à l’avenant : cette version Blu-ray 4K Ultra HD de Blade Runner – Final Cut nous propose une totale redécouverte du film – l’Ultra-Haute-Définition vous révélera tellement de détails que vous n’en reviendrez littéralement pas. Et la demi-molle de se transformer en un véritable bloc de béton en l’espace de quelques séquences. L’encodage HDR donne une nouvelle jeunesse au film, mettant en évidence des détails que vous n’aurez jamais remarqués jusqu’ici. Les exemples sont innombrables – préparez-vous à redécouvrir Blade Runner – Final Cut dans une présentation d’une intensité époustouflante.

Côté son, c’est la folie également, avec une VO mixée en Dolby Atmos et nous proposant un spectacle acoustique aux dimensions tout simplement épiques : l’immersion est optimale pour le spectateur, la spatialisation joue la carte de l’ambiance, de l’efficacité et de la finesse : une pure démo acoustique. De son côté, la VF ne bénéficie « que » d’un mixage Dolby Digital 5.1, solide et proposant également une bonne immersion au cœur du film, mais franchement, le passage de l’un à l’autre par le biais de la télécommande ne pourra QUE vous convaincre de profiter du spectacle en VO.

Du côté des suppléments, cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de Blade Runner – Final Cut reprend l’intégralité des suppléments bonus de l’édition Blu-ray de 2007, à savoir la présentation du film par Ridley Scott et trois commentaires audio. On notera par ailleurs que Warner Bros. nous propose de revoir Blade Runner – Final Cut sur support Blu-ray 4K Ultra HD au cœur d’une nouvelle édition Steelbook venue grossir les rangs de la collection « Sci-fi Destination », dont les visuels minimalistes style Art Déco évoquent les affiches de tourisme des années 30, et qui comprennent également la réplique de l’affiche originale du film au format A3.

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