Test Blu-ray : La poursuite impitoyable

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La poursuite impitoyable

États-Unis : 1966
Titre original : The chase
Réalisation : Arthur Penn
Scénario : Lillian Hellman
Acteurs : Marlon Brando, Robert Redford, Jane Fonda
Editeur : Sidonis Calysta
Durée : 2h14
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 15 septembre 1966
Date de sortie BR/DVD : 22 mai 2020

 

 

Bubber Reeves s’évade de prison avec un complice qui, après avoir volé une voiture et tué un conducteur, l’abandonne. Bubber est alors accusé du crime. Dans sa ville natale de Tarl, au Texas, l’annonce de son évasion et du meurtre déchaîne les haines et les passions, trop longtemps retenues. Anna, sa femme, devenue la maîtresse du fils du magnat local, Val Rogers, qui a commis le délit dont fut accusé Reeves, craint de voir sa faute éclater au grand jour. Le Shérif Calder, quant à lui, sait qu’il va lui falloir protéger le fuyard d’une foule fanatique, qui n’a plus qu’un seul souhait : terminer la fête du samedi soir par un lynchage…

Le film

[4,5/5]

La poursuite impitoyable se base sur un postulat de départ très simple : nous avons d’un côté Bobby Reeves, un taulard évadé de prison (Robert Redford), et de l’autre Barrett Calder, un shérif un rien désabusé (Marlon Brando) dont la mission est forcément de le retrouver et de l’arrêter. Rien de plus classique à priori. Sauf que le film d’Arthur Penn, basé sur un brillant récit signé Horton Foote, prend le soin de mettre dans la balance une population aux abois, dont la haine est galvanisée par toute une série de personnages interlopes n’ayant pas forcément intérêt à ce que l’évadé retrouve sa liberté – le tout prenant place durant dans la chaleur d’une torride nuit d’été propre à déchaîner les passions les plus inavouables…

Autant dire donc que si le shérif Calder a fort intérêt à retrouver le fuyard avant la fin de la nuit, cela sera sans doute moins pour faire respecter la loi que pour le protéger d’éventuelles représailles ou d’un lynchage semblant de plus en plus inévitable au fur et à mesure que le film avance… Ainsi, si l’argument de départ est certes minimal (retrouver un évadé), le script, malin, parvient à inverser ce postulat par trop classique de façon assez inédite et captivante. Ainsi, si le titre français évoque clairement le western, c’est bien qu’il y a un peu de cet héritage dans La poursuite impitoyable. Un peu de L’étrange incident (1943) dans la façon dont le film démonte froidement les mécanismes de la « violence collective ». Dans le film, c’est à travers la fête donnée à l’occasion d’un anniversaire qu’Arthur Penn nous montre la façon dont les esprits vont de plus en plus s’échauffer, aidés par l’alcool et le désœuvrement. Tout cela poussera donc un groupe d’individus « biens sous tous rapports » à chercher sans vergogne à en exécuter un autre, comme par goût du sang.

La fièvre qui gagne peu à peu les notables de la petite ville du Texas où se déroule le film déteint d’ailleurs sur sa construction, qui évolue au fur et à mesure que l’intrigue se déroule. Assez contemplatif dans sa première moitié, il saura également se montrer lors de certaines séquences suffisamment nerveux et immersif pour remporter une pleine et franche adhésion, qui se poursuivra au fur et à mesure que la tension augmente… Jusqu’à un final assez hallucinant prenant place dans un cimetière de voitures.

Aux côtés de Marlon Brando et Robert Redford, tous deux remarquables de retenue, on trouvera également Robert Duvall dans une de ses premières apparitions à l’écran. Et si le petit gars à lunettes jouant de la guitare vous dit quelques-chose, c’est normal, il s’agit de Paul Williams, auteur compositeur interprète, occasionnellement acteur, internationalement connu pour avoir incarné le personnage de Swan dans l’extraordinaire Phantom of the Paradise (Brian De Palma, 1974). Du côté des actrices, si ce sont Angie Dickinson et Jane Fonda qui crèvent l’écran, impossible de ne pas remarquer Janice Rule dans le rôle de la femme infidèle de Robert Duvall, provocatrice en diable. On notera également la présence à l’écran de Katherine Walsh, actrice très prometteuse qui incarnait ici la jeune Verna (la blonde avec le bandeau dans les cheveux). Après La poursuite impitoyable en 1966, on la remarquerait également dans The trip de Roger Corman l’année suivante. Ces deux films sont les seuls dans lesquels on a pu la voir – on la retrouverait en effet morte dans son appartement de Kensington en 1970. Les circonstances de son décès sont floues, le rapport du coroner concluait que sa mort était due à une intoxication alcoolique et barbiturique, sans qu’il ait été possible de déterminer s’il s’agissait d’un suicide, d’un accident ou même d’un meurtre, comme on l’a soupçonné à l’époque.

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[4,5/5]

Disponible dans un beau Médiabook Blu-ray + DVD + Livret chez Sidonis Calysta à partir du 22 mai, La poursuite impitoyable s’offre donc un très attendu lifting Haute-Définition sur galette Blu-ray. Et aussi bien côté image que côté son, le master proposé par l’éditeur est de bonne tenue : le film est proposé au format 2.35 respecté et encodé en 1080p, le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma est parfaitement préservé, et couleurs et contrastes semblent avoir été tout particulièrement soignés. L’image est globalement belle, stable, bien lumineuse. L’ensemble est donc plus que recommandable, même si on remarque sur quelques plans une granulation qui peut paraitre un brin excessive. Rien à redire en revanche sur le mixage audio, proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 en VF ou en VO, clair et sans souffle dans une langue ou dans l’autre. On notera que la version française d’époque est assez curieuse, dans le sens où elle ne fait que peu de cas des intentions de jeu des différents acteurs et sonne par conséquent souvent très « faux ».

Côté suppléments, Sidonis Calysta nous propose, outre son livret sur le film rédigé par François Guérif disponible au sein même du boitier, une très sympathique présentation du film par François Guérif, qui remet un peu le tournage, le montage ainsi que la réception critique du film dans leur contexte historique. Il reviendra également sur sa découverte du film dans deux montages différents à quelques mois d’intervalle, sur la réputation et la carrière de Marlon Brando, les acteurs envisagés avant le tournage… Très complet et intéressant. On continuera ensuite avec une sélection d’entretiens tournant autour du film. De courte durée, ces extraits d’interviews sont issus de différentes archives TV et s’avèrent dans l’ensemble très superficiels et plutôt décevants. On aura donc droit à trois minutes d’entretien avec Arthur Penn, à trois minutes d’entretien avec Angie Dickinson ainsi qu’à sept minutes d’entretiens avec Horton Foote (propos issus de deux interviews différentes). On terminera le tour des suppléments avec la traditionnelle bande-annonce.

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