Vu sur Disney+ : Turner & Hooch

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© 1989 Marcia Reed / Silver Screen Partners IV / Touchstone Pictures / The Walt Disney Company Tous droits réservés

Moche, crade et méchant : ce n’est pas vraiment la fiche de description typique des toutous qui peuplent d’habitude les productions Disney. Le protagoniste canin de Turner & Hooch y correspond pourtant assez fidèlement. Au grand dam de son partenaire humain malgré lui, un Tom Hanks plutôt en forme à la fin des années 1980, quand il n’était pas encore l’institution vénérée du cinéma hollywoodien, mais juste un comédien de talent. Ce qui ne veut pas dire que l’on rit aux éclats face à cette comédie policière plaisante. Néanmoins, l’incursion du réalisateur Roger Spottiswoode dans le genre comique s’est avérée infiniment plus probante dans ce cas-ci que trois ans plus tard, avec le pénible Arrête ou ma mère va tirer, de sinistre mémoire pour tous les fans de Sylvester Stallone.

Le cadre est planté dès le générique. Le commissaire Scott Turner tient religieusement à l’ordre. Son penchant maniaque va jusqu’au nettoyage en profondeur de son frigo, parce qu’une bouteille de moutarde y a dégouliné sur un paquet de pain de mie. Et il est suffisamment pointilleux sur son apparence pour s’observer longuement dans la glace, afin d’être sûr qu’aucun poil de nez ne déborde. Pourtant, ce n’est pas une mauvaise personne. Comment pourrait-il l’être d’ailleurs, dans un film disponible sur la plateforme Disney+ ? Selon la théorie de son collègue à l’éthique de travail plus détendue, il aurait simplement besoin de se dégourdir avec une femme. Ce qui ne compte évidemment pas parmi les priorités de cet homme méticuleux, qui rêve de faire carrière dans la grande ville, une fois qu’il aura transmis les affaires bénignes en cours à son successeur.

© 1989 Marcia Reed / Silver Screen Partners IV / Touchstone Pictures / The Walt Disney Company Tous droits réservés

Le gros grain de sable baveux dans ce projet futur – attendez, on est quasiment sûr que le sable est par définition sec, mais bon, vous voyez où on veut en venir – est le clébard Hooch, le fidèle compagnon d’un vieillard lâchement assassiné, interprété par la légende du western John McIntire dans son dernier rôle. Entre le fonctionnaire de police psychorigide et le chien au tempérament sauvagement bordélique, le ménage ne peut bien évidemment pas fonctionner. Arrive donc ce qui doit arriver dans toute comédie doucement consensuelle qui sort de la chaîne de production rarement à l’arrêt du studio Disney. Les angles s’arrondissent au fur et à mesure. Et ceux qui étaient initialement des ennemis jurés forment désormais une équipe de choc, capable de résoudre une affaire en fin de compte pas aussi bancale que bon nombre d’intrigues issues de cette décennie un peu fainéante à ce niveau-là qu’étaient les années ’80.

Il y a même un aspect narratif à dénoter positivement dans la bouillie optimiste généralement de mise dans ce genre de film à destination d’un public familial. En dehors du personnage agréablement ordinaire de la vétérinaire, à qui Mare Winningham sait insuffler un peu plus d’épaisseur que le charme superficiel accordé généralement à la petite amie de circonstance. Dommage alors que le récit finit par remonter artificiellement la pente sentimentale à travers la dernière séquence. Car un dénouement sur un ton plus grave aurait sorti Turner & Hooch de la sécurité confortable du divertissement passe-partout. Cette ambition aura sans doute été trop élevée pour un film, qui a au moins l’immense avantage de ne pas ressembler à une publicité larvée pour l’acquisition sans réflexion préalable d’un chiot adorable.

© 1989 Marcia Reed / Silver Screen Partners IV / Touchstone Pictures / The Walt Disney Company Tous droits réservés

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