Test Blu-ray : La Malédiction – L’origine

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La Malédiction – L’origine

États-Unis, Italie, Serbie, Canada : 2024
Titre original : The First Omen
Réalisation : Arkasha Stevenson
Scénario : Tim Smith, Arkasha Stevenson, Keith Thomas
Acteurs : Nell Tiger Free, Sônia Braga, Ralph Ineson
Éditeur : 20th Century Studios
Genre : Horreur
Durée : 1h59
Date de sortie cinéma : 10 avril 2024
Date de sortie DVD/BR : 14 août 2024

Après avoir été envoyée à Rome pour entrer au service de l’Église, une jeune Américaine se retrouve bientôt confrontée à des forces obscures qui l’amènent à remettre en question sa propre foi et à lever le voile sur une terrifiante conspiration qui entend donner naissance à l’incarnation du Mal…

Le film

[3,5/5]

Dérivé de la saga Conjuring, le film de Corin Hardy La Nonne semble avoir remué quelque-chose du côté des amateurs de cinéma fantastique et/ou horrifique, au point d’avoir créé un mini-revival de la Nunsploitation. Ayant connu son heure de gloire dans la première moitié des années 70, le genre impliquait – comme son appellation l’indique – la présence de nonnes, de « bonnes sœurs » chrétiennes résidant dans un couvent. Ces deux dernières années, on a vu passer pas mal de bonnes sœurs sur nos écrans, dans des films tels que La Proie du Diable, La Nonne : La Malédiction de Sainte-Lucie, Consecration, Les Ordres du mal, Immaculée et celui qui nous intéresse aujourd’hui, La Malédiction : L’origine.

On va être clair d’entrée de jeu : La Malédiction – L’origine est probablement la proposition de cinéma la plus intéressante de la saga depuis le tout premier film de la franchise, à savoir le bien nommé La Malédiction, réalisé par Richard Donner en 1976. En même temps, pour être tout à fait honnête, ce n’est pas comme si la saga comptait énormément de bons films : rien ne fonctionnait dans Damien – La Malédiction II (1978), qui se contentait de singer le premier film, sans jamais en retrouver l’âme. Même triste constat en ce qui concerne La Malédiction finale en 1981, qui en dépit de ses quelques qualités formelles, était raté dans les grandes largeurs. Petit sursaut d’intérêt en 1991 en ce qui concerne La Malédiction IV – L’éveil, qui apportait enfin un peu de bizarrerie et de nouveauté à la saga, mais il se trouve que bien peu de cinéphiles connaissent même ne serait-ce que l’existence de ce film.

Donc, voilà pour le pavé dans la mare : contre toute attente, et alors qu’on s’apprêtait à lever les yeux au ciel devant un spectacle dont on craignait qu’il fut aussi pitoyable que le remake de 2006, La Malédiction – L’origine s’est bel et bien imposé à nos yeux comme le meilleur film de la saga La Malédiction depuis presque 50 ans. Cette réussite est à mettre au crédit de la réalisatrice, Arkasha Stevenson, qui à force de persévérance a réussi – par on ne sait quel miracle – à imposer à la Fox une véritable « patte » de cinéaste, quitte parfois même à verser quasiment dans l’expérimental. Si le nom d’Arkasha Stevenson ne dira rien au commun des mortels, les lecteurs les plus assidus de la section vidéo de critique-film.fr se souviendront peut-être de notre découverte de la cinéaste il y a environ cinq ans, puisqu’elle avait réalisé la troisième saison de la série Channel Zero.

Déjà à l’époque, Arkasha Stevenson était parvenue à tirer son épingle du jeu, en dévoilant au fil des six épisodes une sacrée personnalité de réalisatrice : grâce à son utilisation des cadres et de l’espace, de la profondeur de champ et des zones d’ombre, elle était parvenue à créer avec l’aide de son directeur photo Isaac Bauman une ambiance saisissante, frappante, que l’on retrouvera également au cœur de La Malédiction – L’origine. De la même façon que Richard Donner était parvenu à transcender son matériau de base par la mise en scène avec La Malédiction en 1976, Arkasha Stevenson nous emmènera, à grands coups de séquences-choc, de gros plans et d’enchaînements d’images flirtant parfois avec l’abstraction, bien au-delà de ce que pouvait laisser présager le scénario du film cosigné par Tim Smith, Keith Thomas et Arkasha Stevenson elle-même.

Il faut de toutes façons admettre qu’en toute honnêteté, l’histoire alambiquée qui nous est offerte dans La Malédiction – L’origine n’est ni originale (le postulat de départ est exactement le même que celui d’Immaculée !) ni particulièrement cohérent au regard de l’intrigue générale de la franchise. Mais le voyage compte davantage que la destination ici, et le film marquera bien plus les mémoires par son atmosphère et sa réussite formelle que par son récit. Tout est question de style ici : le Production Design et la photo signée Aaron Morton (déjà derrière la réussite du Evil Dead de Fede Alvarez en 2013) sont exceptionnels et souvent particulièrement évocateurs. De plus, Arkasha Stevenson et son équipe parviennent à utiliser assez intelligemment la classification « R » ayant été allouée au film en multipliant sciemment les visions d’horreur et les détails grotesques, à la façon de cette apparition, au cœur de la « Bad Room », d’une Sœur Anjelica (Ishtar Currie-Wilson) à moitié carbonisée, immobile, ses lèvres disparues formant sur son visage un sourire que vous ne risquez pas d’oublier de sitôt, et qui s’inscrit derechef parmi les images les plus fortes et les plus marquantes de toute la saga.

De fait, on ne peut nier que La Malédiction – L’origine offre au spectateur une poignée de séquences véritablement angoissantes, et développe tout au long de son intrigue une « vision » de cinéma absolument rafraîchissante. Dans le rôle de Sœur Margaret, Nell Tiger Free est convaincante, et on notera qu’une poignée de petits rôles ont été confiés à des vétérans qu’on est content de découvrir au détour d’une séquence ou une autre (Charles Dance, Bill Nighy, Sonia Braga…). Malheureusement, le scénario n’est jamais à la hauteur, rempli de pseudo-rebondissements prenant place sur une trame véritablement cousue de fil blanc. On peut également presque entendre les producteurs du film forcer Arkasha Stevenson à singer la scène d’ouverture du film de Richard Donner (« I do it for you »), et à donner au récit une fin ouverte absolument ridicule pour donner une impression de Happy End. À voir malgré tous ses défauts donc !

Le Blu-ray

[4/5]

La Malédiction – L’origine est sorti au format Blu-ray cet été, sous les couleurs de 20th Century Studios. Côté master Haute-Définition, comme à son habitude, l’éditeur a indéniablement soigné sa copie en ce qui concerne le film d’Arkasha Stevenson, et photo sublime oblige, a apporté un soin tout particulier au transfert de l’image. Malgré l’absence de galette 4K Ultra HD, La Malédiction – L’origine affiche une forme littéralement insolente : piqué d’une précision à couper le souffle, couleurs éclatantes, profondeur de champ et niveau de détails accrus… Du beau travail pour une véritable claque visuelle ! Côté son, la VO nous est proposée en DTS-HD Master Audio 7.1, nous plongeant au cœur d’un mixage d’ambiance immersif à souhait. La version française n’est pas en reste, puisqu’elle bénéficie d’un mixage Dolby Digital+ 7.1, qui s’avère dynamique en diable et nous propose un rendu parfaitement clair, fin et tout particulièrement bien spatialisé : l’immersion pour le spectateur est vraiment optimale.

Dans la section bonus, on découvrira seulement trois featurettes, mais celles-ci auront au moins le mérite de largement donner la parole à la réalisatrice Arkasha Stevenson. On commencera d’ailleurs avec un sujet consacré à Arkasha Stevenson et à sa « vision » en tant que réalisatrice (5 minutes), pour enchainer avec un focus sur le personnage de Margaret (6 minutes), qui reviendra sur le contexte et l’histoire du personnage, et on terminera avec un sujet consacré au Production Design du film, et plus particulièrement à la conception des costumes et des effets spéciaux (9 minutes).

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