Test Blu-ray : Channel Zero Saison 3 – Butcher’s block

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Channel Zero : Saison 3 – Butcher’s block

 
 
États-Unis : 2018
Titre original : –
Créateur : Nick Antosca
Acteurs : Olivia Luccardi, Holland Roden, Rutger Hauer
Éditeur : Elephant Films
Durée : 4h30 environ
Genre : Série TV, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 28 août 2019

 

Alice Woods et sa soeur schizophrène Zoe viennent d’emménager dans le Michigan. Alice apprend très vite qu’une série de disparitions mystérieuses a eu lieu dans le quartier malfamé de Butcher’s Block. Ces disparitions seraient liées à des escaliers surnaturels, surgissant dans le parc lugubre de la ville. Quand une petite fille et sa mère se font kidnapper et que la police ne veut rien faire, Alice et sa soeur partent à leur recherche, sans se douter de l’enfer qui les attend…

 


 

La saison

[4,5/5]

Channel Zero est une série diffusée sur Syfy entre 2016 et 2018, dont les 24 épisodes prennent la forme de quatre saisons et quatre histoires indépendantes. Conçue sur le modèle très en vogue de « l’anthologie horrifique », la série créée et développée par Nick Antosca se base sur le phénomène des « creepypastas », c’est-à-dire les légendes urbaines diffusées sur Internet et largement relayées par les réseaux sociaux : parmi les creepypastas les plus célèbres, on note par exemple les récits tournant autour du « Slender Man », de « Momo », de « Sad Satan » ou du « Midnight Game ».

Et c’est donc ce mois-ci donc que débarque la troisième saison de Channel Zero chez Elephant Films, entérinant plus que jamais le fait que le show créé par Nick Antosca s’avère une des créations horrifiques les plus réussies et les plus troublantes n’ayant jamais vu le jour à la télévision. Basé sur un creepypasta intitulé « Search and rescue woods » dont la paternité est attribuée à Kerry Hammond, Channel Zero – Butcher’s block suit deux jeunes sœurs aux prises avec les affres d’une maladie mentale héritée de leur mère schizophrène : Zoe (Holland Roden) a déjà déclaré la maladie, tandis qu’Alice (Olivia Luccardi) vit dans la peur de voir apparaître les premiers symptômes. Pour Alice, l’appréhension quasi-phobique des signes avant-coureurs de maladie mentale donnera l’occasion à Nick Antosca et à ses auteurs de mettre en scène, parallèlement à l’arc principal de leur intrigue, une singulière représentation de la maladie – belle idée dans l’absolu, dans le sens où cette saison de Channel Zero traite cette épouvante de la façon dont doivent le vivre les gens dans ce genre de situation : comme un putain de cauchemar.

Rassurez-vous cela dit : Butcher’s block n’en devient pas pour autant un drame psychologique en mode Art et Essai, ou une œuvre lourdement symbolique en lice pour Sundance, mais bel et bien une série qui versera rapidement dans l’horreur la plus pure, puisque viendront se greffer à cette base une famille de fantômes cannibales (les Peach, menés par le regretté Rutger Hauer), un univers parallèle angoissant, de flippants petits lutins aux faciès d’enfants malformés, une créature sans visage faite de « viande » ou encore des sacrifices humains faits à une espèce de Dieu païen tout-puissant.

Comme la précédente, cette saison balaiera rapidement toute notion de cohérence ou de « rationalité ». En effet, Butcher’s block ne respecte ni les règles de la logique, ni celles de la raison : la nature fantastique et surnaturelle de l’histoire est immédiatement mise en avant, privilégiant l’atmosphère et les séquences s’enchaînant sans logique apparente à la manière d’un mauvais rêve plutôt que de se baser sur une stricte structure linéaire. Mais l’ensemble fonctionne à merveille, jusque dans les petites pointes d’humour loufoque tournant autour du personnage de Robert Peach (Andreas Apergis). Le spectateur naviguera donc avec les personnages au cœur d’une réalité déformée et d’une saison débordant d’images obsédantes, déroutantes, dérangeantes ou incongrues, en tous cas toujours conçues pour mettre mal à l’aise, pour créer un sentiment d’inconfort, d’autant plus fort que l’on est bien incapable, au fil des épisodes, de déterminer quel personnage va mourir et lequel va survivre.

Derrière la caméra, l’inconnue Arkasha Stevenson dévoile une sacrée personnalité de réalisatrice : grâce à son utilisation des cadres et de l’espace, de la profondeur de champ et des zones d’ombre, elle parvient à créer avec l’aide de son directeur photo Isaac Bauman une ambiance saisissante, frappante, notamment en ce qui concerne le parc, brumeux, abandonné, ou encore bien sûr le quartier de Bucher’s block en lui-même, aux bâtiments délabrés et recouverts de graffitis, avec cette image de créature à la bouche ouverte qui prendra tout son sens dans le dernier épisode.

Comme dans les autres saisons de la série, la notion de « famille » est au centre des préoccupations et des angoisses de tous les personnages : tous sont hantés par des drames du passé, créant chez eux une angoisse, une peur lancinante, celle peut-être d’appartenir à une lignée « maudite ». Au cœur de cette troisième saison, ce sont deux familles maudites qui évolueront en parallèle, trois si l’on compte les relations compliquées qui lient le policier Luke Vanczyk (Brandon Scott) et son père. Autant d’éléments qui contribuent à faire de Butcher’s block la saison la plus dérangeante et la plus réussie de Channel Zero à ce jour.

 

 

Le coffret Blu-ray

[4/5]

Le coffret Blu-ray de Channel Zero – Butcher’s block édité par Elephant Films s’offre un transfert 1080p tout simplement époustouflant, proposant une image toujours maîtrisée malgré les nombreuses scènes nocturnes, et un piqué d’une précision chirurgicale. Le piqué est précis, les couleurs éclatantes, et mis à part un ou deux plans en basse lumière affichant un léger bruit vidéo, il s’agit d’un excellent travail technique, les fans de belles images horrifiques seront assurément aux anges. Côté son, VF et VO est proposée dans de flamboyants mixages DTS-HD Master Audio 5.1, agressifs et dynamiques quand il le faut, et déployant des basses absolument tonitruantes, surtout lors des passages les plus flippants du film ; l’intensité est donc au rendez-vous. La version française est tout à fait satisfaisante : de quoi flatter les oreilles des amateurs de VF.

En plus des six épisodes de la série, l’éditeur Elephant Films nous propose une poignée de bandes-annonces, auxquelles on ajoutera un très intéressant livret de 24 pages, rédigé par Elvire Rémand, qu’il conviendra cependant de lire seulement après avoir vu la série tant il est blindé de [Spoilers].

 

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