Test Blu-ray : Gas-oil

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Gas-oil

France : 1955
Titre original : –
Réalisation : Gilles Grangier
Scénario : Gilles Grangier, Michel Audiard
Acteurs : Jean Gabin, Jeanne Moreau, Ginette Leclerc
Éditeur : Coin de mire Cinéma
Durée : 1h33
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 9 novembre 1955
Date de sortie DVD/BR : 10 septembre 2021

Jean Chape, patron camionneur, est un homme heureux. Il a quarante-cinq ans, de bons copains, un bon camion, quelques économies et une amie agréable. Or, un drame éclate soudainement dans la vie de cet homme paisible. Une nuit de verglas, il écrase, ou croit écraser, un homme…

Le film

[3,5/5]

Polar de « prolétaires », mettant en scène des routiers et donnant à voir une sympathique photographie de la France rurale des années 50, Gas-oil est l’adaptation d’un roman de Georges Bayle, publié dans la « Série Noire » de Gallimard et intitulé « Du raisin dans le gaz oil ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le titre du roman est finalement assez représentatif de l’esprit que Michel Audiard et Gilles Grangier, qui se sont chargés de l’adaptation, ont probablement voulu imprégner au film.

Gas-oil nous propose donc un intéressant mélange de chronique de mœurs et de policier, avec des personnages d’ouvriers sympathiques et honnêtes mis face à face avec des truands de pacotille et des femmes intéressées. Comme le disait Max Meynier, « Les routiers sont sympa », et Gas-oil nous propose un bel exemple de la solidarité qui unit tous ces rudes camionneurs, celle-ci étant bien entendu mise en opposition avec les relations entre truands, qui multiplient les trahisons et les coups de poignards dans le dos. Plus largement, le film oppose aussi la France de la campagne à la vie parisienne, tout autant que les « puissants » et le petit peuple.

Et mine de rien, à force de développer ce type d’oppositions tout au long de son intrigue, Gas-oil s’impose au final comme une ode au fameux « bon sens populaire » et à la convivialité de la vie des gens simples. Bistrots, repas partagés en famille ou entre amis, le tout magnifié par le talent de dialoguiste de Michel Audiard, qui parvient à conserver, par la musique de ses mots, un rythme soutenu et jamais chiant. Bien sûr, ces nombreuses « digressions » réjouissantes et les interactions entre le personnage de Jean Gabin et ses amis font que le film quitte régulièrement les rails du film policier, qui depuis le succès de Touchez pas au Grisbi en 1954, est non seulement devenu un genre incontournable, mais a également contribué à « relancer » la carrière de Jean Gabin auprès du public.

De ce fait, Gas-oil slalome donc volontiers d’une tonalité à une autre, mais revient toujours en dernier lieu à la Série Noire. C’est un peu à l’image des collaborations entre Jean Gabin et Gilles Grangier, qui se feront essentiellement dans le domaine du film policier – on pense notamment à des films tels que Le Cave se rebiffe (1961) ou Maigret voit rouge (1963). Mais au final, le fait que l’intrigue – un peu routinière – passe d’une tonalité à une autre selon les séquences apporte peut-être même un petit charme supplémentaire à Gas-oil, qui s’avère sans doute un des meilleurs film du duo Gabin / Grangier : la photo et la réalisation sont élégantes, les dialogues soignés et parfois assez drôles, les performances d’acteurs sont pour le moins solides.

Aux côté d’un Jean Gabin absolument parfait, il y a Jeanne Moreau bien sûr, 27 ans, qui retrouvait l’acteur un an après Touchez pas au grisbi. Les seconds rôles sont également excellents : on pense en particulier à Ginette Leclerc, impeccable dans le rôle de la veuve du gangster nommé Scoppo, ou encore à Roger Hanin, qui à l’époque jouait volontiers de sa carrure de brute épaisse. Éternels seconds-rôles du cinéma français des années 50, Marcel Bozzuffi, Robert Dalban, Jean Lefebvre ou encore Albert Dinan nous réservent également quelques petites apparitions remarquées.

La collection « La séance »

Depuis l’automne 2018, l’éditeur Coin de mire Cinéma propose avec régularité au public de se replonger dans de véritables classiques du cinéma populaire français, tous disponibles au cœur de sa riche collection « La séance ». En l’espace de ces deux années de passion, le soin maniaque apporté par l’éditeur à sa sélection de films du patrimoine français a clairement porté ses fruits. Ainsi, Coin de mire est parvenu à se faire, en peu de temps, une place de tout premier ordre dans le cœur des cinéphiles français. L’éditeur s’impose en effet comme une véritable référence en termes de qualité de transfert et de suppléments, les titres de la collection se suivent et ne se ressemblent pas, prouvant à ceux qui en douteraient encore la richesse infinie du catalogue hexagonal en matière de cinéma populaire. Une telle initiative est forcément à soutenir, surtout à une époque où le marché de la vidéo « physique » se réduit comme peau de chagrin d’année en année.

Chaque titre de la collection « La séance » édité par Coin de mire s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook au design soigné et à la finition maniaque. Chaque coffret Digibook prestige est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Un livret inédit comportant de nombreux documents d’archive est cousu au boîtier. Les coffrets comprennent également la reproduction de 10 photos d’exploitation sur papier glacé (format 12×15 cm), glissés dans deux étuis cartonnés aux côtés de la reproduction de l’affiche originale (format 21×29 cm). Chaque nouveau titre de la collection « La séance » s’intègre de plus dans la charte graphique de la collection depuis ses débuts à l’automne 2018 : fond noir, composition d’une nouvelle affiche à partir des photos Noir et Blanc, lettres dorées. Le packaging et le soin apporté aux finitions de ces éditions en font de véritables références en termes de qualité. Chaque coffret Digibook prestige estampillé « La séance » s’impose donc comme un superbe objet de collection que vous serez fier de voir trôner sur vos étagères.

L’autre originalité de cette collection est de proposer au cinéphile une « séance » de cinéma complète, avec les actualités Pathé de la semaine de la sortie du film, les publicités d’époque (qu’on appelait encore « réclames ») qui seront bien sûr suivies du film, restauré en Haute-Définition, 2K ou 4K selon les cas. Dans le cas de Gas-oil, il s’agit d’une restauration 4K réalisée par TF1 Studio avec la participation du CNC et de Coin de mire Cinéma.

La huitième vague de la collection « La séance » sera disponible à partir du 10 septembre 2021 chez tous vos dealers de culture habituels. Les six nouveaux films intégrant la collection la portent aujourd’hui à un total de 49 titres. Les six films de cette « nouvelle vague » sont donc Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy, 1955), Gas-oil (Gilles Grangier, 1955), Le grand chef (Henri Verneuil, 1958), Train d’enfer (Gilles Grangier, 1965), Le Rapace (José Giovanni, 1968) et Dernier domicile connu (José Giovanni, 1970). Pour connaître et commander les joyaux issus de cette magnifique collection, on vous invite à vous rendre au plus vite sur le site de l’éditeur.

Le coffret Digibook prestige

[5/5]

Disponible chez Coin de mire Cinéma au sein de la huitième vague de sa collection « La séance », Gas-oil s’offre un très impressionnant lifting Haute Définition sur galette Blu-ray, et a bénéficié à cette occasion d’une rigoureuse remasterisation 4K. Présenté au format 1.37 respecté et en 1080p, le film de Gilles Grangier bénéficie, comme les autres titres de cette riche et belle collection, d’un bain de jouvence salvateur. Le piqué est d’une étonnante précision, le noir et blanc est superbe, les contrastes sont soignés et le grain argentique a été scrupuleusement préservé : le transfert est irréprochable et permettra aux cinéphiles de (re)découvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Côté son, la galette nous propose un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine au rendu net, équilibré, précis et d’une étonnante stabilité, même durant les scènes où plusieurs personnes s’expriment en même temps. Du très beau travail !

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose comme à son habitude de reconstituer chez soi l’intégralité d’une séance de cinéma, comme à l’époque de la sortie du film. On commencera donc avec les Actualités Pathé de la 45ème semaine de l’année 1955 (8 minutes). Au programme du journal de cette semaine, on commencera avec un petit tour du monde : vélo, roquettes, réunion des grands de ce monde à Genève, exposition au Palais Présidentiel en Argentine et petits rats de l’Opéra… de Pékin. On continuera ensuite avec Alain Mimoun battant le record de France de l’heure à Alger, l’équipe de France de foot en voyage à Moscou, une soirée à Covent Garden en l’honneur du président portugais (on y verra la reine Elizabeth II accompagnée de sa sœur la princesse Margaret), ou encore des nouvelles du président Eisenhower… Les sujets s’enchaînent sur un rythme effréné jusqu’à un point sur la situation marocaine, avec l’abdication de Sidi Mohammed ben Arafa et le retour en France de Sidi Mohammed ben Youssef.

Après la bande-annonce de Chiens perdus sans collier, on continuera la séance avec une page de réclames publicitaires de cette année 1955 (9 minutes). Ce sont les bonbons La pie qui chante qui ouvriront le bal avec une jolie pub animée, et on enchainera avec les chocolats glacés Polair, le savon Monsavon (« Lavez-vous et sentez bon ! ») et les gaines Scandale. Retour à l’animation ensuite, avec les savons Camay, qui met en scène deux petits écureuils voyeurs espionnant une espèce de pin-up animée à la Tex Avery. Après une scène de ménage autour d’un café La créole, direction Écardenville-la-Campagne, en Normandie, où l’on rencontrera les vaches de Mr Fiquet, qui sont nourries avec Sanders, « l’aliment des champions ». On apprendra ensuite qu’un homme sera toujours un homme (sous-entendu un mateur) grâce aux soutiens-gorge Rosy, et on terminera avec Vichy Célestins, « l’eau qui fait du bien ».


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