Test Blu-ray : Dunkerque

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Dunkerque

 
États-Unis, Royaume-Uni, Pays-Bas, France : 2017
Titre original : Dunkirk
Réalisation : Christopher Nolan
Scénario : Christopher Nolan
Acteurs : Fionn Whitehead, Tom Glynn-Carney, Tom Hardy
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h47
Genre : Guerre
Date de sortie cinéma : 19 juillet 2017
Date de sortie DVD/BR : 18 décembre 2017

 

 

Des centaines de milliers de soldats anglais et alliés sont encerclés par les forces ennemies. Ils sont bientôt pris en étau entre la mer et les Allemands… L’histoire se déroule sur terre, en mer et dans les airs. Des avions Spitfire de la Royal Air Force prennent en chasse l’ennemi, tendant de protéger les hommes sans défense, coincés sur la plage. Entretemps, des centaines de petites embarcations pilotées par des civils et des militaires cherchent à rejoindre Dunkerque pour sauver les soldats. Une opération à haut risque et une véritable course contre la montre…

 

 

Le film

[5/5]

« Christopher Nolan est depuis ses débuts, un cinéaste passionné par la mise en scène du temps : Memento et ses scènes à rebours, Insomnia et son flic qui ne peut plus dormir depuis une bavure, ou encore Interstellar avec ses astronautes dont la perception du temps évolue selon la planète qu’ils explorent. Le dernier long-métrage de la poule aux œufs d’or de Warner Bros. ne fait pas exception à la règle, puisque nous y suivons une course contre la montre : l’évacuation des forces anglaises, en mai 1940, de Dunkerque, où les alliés sont encerclés par les soldats allemands. Cette évacuation est narrée à travers trois points de vue différents : celui d’un soldat qui tente d’échapper à cet enfer sur terre qu’est alors le littoral du nord de la France, celui d’un civil anglais qui compte secourir les anglais qui sont piégés là-bas en les faisant embarquer sur son bateau de plaisance, et enfin celui d’un pilote qui affronte les bombardiers allemands qui se mêlent de tout ça. Le tout monté en parallèle, mais avec des temporalités différentes : comme dans Inception, le temps passe plus ou moins rapidement selon qui on suit. Si l’exercice paraît maladroit au début, il finit par ne plus être un obstacle à la compréhension du déroulé des évènements par la grâce du montage, sans aucun carton explicatif. Mais si l’on parvient à se repérer, on est au même niveau que les troupes sur place : dépassés par les évènements.

En effet, caché au fond d’une cale ou dans un avion en piètre état, une seule chose compte : survivre. Nolan nous plonge ainsi dans une heure quarante pendant laquelle l’urgence se fait palpable. L’estomac se noue dès les premières secondes, le cœur se serre dès les premières images ; c’est  une expérience viscérale, sans aucun temps mort qu’offre Christopher Nolan au spectateur. Et si on est plongé à hauteur d’homme dans ce bourbier, ce n’est que pour mieux ressentir l’immense masse de vies humaines qui est en jeu. On ne connaît pas le passé des personnes que nous suivons, parfois même nous ignorons jusqu’à leur identité, et l’identification n’en est paradoxalement que plus forte. Nous n’avons d’ailleurs pas le temps de s’y intéresser : dans cet enfer dans lesquels les bombes peuvent pleuvoir à n’importe quel moment, il faut simplement essayer de garder la tête hors de l’eau. Contrairement à l’immense majorité des « films de guerre », l’ennemi n’est lui non plus pas personnifié. Nul nazi qui hurle, seuls des avions lointains aux obus dévastateurs, une mer déchaînée, et l’Autre qui tente lui aussi de survivre. Ce n’est pas pour autant que ce ne sont pas, chacun à leur manière des héros. Les héros sont bels et bien là, mais n’ont rien du surhomme : au contraire, ils sont aussi humains que nous. Si dans la trilogie The dark knight, Bruce Wayne se transforme progressivement en légende, les actions héroïques proviennent de l’homme du quotidien dans Dunkerque, et relèvent presque du miracle. (…)

Avec Dunkerque, Christopher Nolan confirme ainsi son statut d’immense réalisateur contemporain, passé maître dans l’Art des blockbusters, à l’heure où il s’agit presque exclusivement de films de super-héros – genre paradoxalement redéfinit par Nolan lui-même il y a près de dix ans. Véritable expérience cinématographique, film-opéra esthétiquement impressionnant  devant lequel on retient son souffle, et ce même lorsque le spectacle est fini. Le cinéaste est arrivé à un exploit : celui d’accoucher de près de deux heures d’action ininterrompues sans pourtant jamais être lassantes. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Nicolas Santal. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

« Christopher Nolan évoque ce drame historique méconnu qui s’est déroulé entre le 26 mai et le 3 juin 1940. Le ressenti immersif de cette course contre le temps est souligné par ce tic-tac permanent d’une montre incorporée dans l’impressionnante musique de Hans Zimmer. Nous sommes ainsi aspirés au cœur de l’action, dans une tension ininterrompue, à travers le destin de jeunes hommes effrayés qui espèrent simplement rentrer chez eux, leurs actions relevant plus de l’instinct de survie que de l’héroïsme en temps de guerre. Les jeunes acteurs, souvent débutants, sont tous très justes, à commencer par Fionn Whitehead, premier à apparaître à l’image dans une ouverture impressionnante, ainsi que Harry Styles, du groupe One Direction, en Écossais intransigeant et Aneurin Barnard en muet mystérieux. Les dialogues restent volontairement rares et ils s’expriment avant tout par leur regard et leurs mouvements corporels. Des comédiens plus connus s’illustrent avec cette même retenue, tel Tom Hardy en pilote courageux, expressif malgré son visage masqué ou Mark Rylance dont la droiture modeste symbolise le courage discret de ceux qui sont venus à la rescousse au-delà de la peur, un sentiment rarement capté avec une telle force, sans le moindre jugement moral.

Christopher Nolan s’autorise une structure narrative complexe en mêlant les temporalités, passant d’une chronologie à une autre, selon que l’on soit sur la terre ferme, la mer ou le ciel. La confusion parfois créée reflète celle des protagonistes perdus dans un chaos permanent. Une oeuvre d’art au style quasi expérimental et pourtant accessible à tous, épique mais focalisée sur la dimension humaine. La mise en scène, grandiose, accumule les plans esthétiquement sublimes et pourtant marqués par une économie dans les effets recherchés. La quête d’authenticité sur cette « défaite colossale » selon les mots de Churchill passe par un tournage sur les lieux de l’action en 70 mm, écrin parfait pour cet idéal de cinéma, autant intellectuel que physique.

Nolan mêle comme nul autre les expérimentations et le divertissement grand public, sans rien céder de ses ambitions artistiques. Il s’impose définitivement en grand cinéaste avec ce qui restera certainement comme l’un des plus beaux fleurons du film de guerre, voire un chef-d’œuvre tout court. »

Extrait de la critique de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff.

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Le Blu-ray de Dunkerque édité par Warner bros. propose véritablement au spectateur de vivre une expérience home cinéma au top du top : l’image est superbe, même dans ses passages les plus sombres, et rend parfaitement hommage à la sublime photo du film signée Hoyte Van Hoytema (Interstellar). La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, et même durant les séquences guerrières les plus chaotiques à l’écran (fumée, couleurs vives qui tranchent net), le master tient la route et nous ravit pleinement les mirettes. L’intensité des noirs est d’une profondeur à couper le souffle, quant au piqué, difficile de faire mieux : chaque détail est littéralement époustouflant. Les séquences en IMAX sont d’ailleurs le point fort de ce Blu-ray tant elles affichent une précision de tous les instants : vous en aurez les mâchoires qui se décrochent… Côté son, les deux mixages (VF/VO) sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, et savent en imposer au spectateur, avec des passages littéralement tonitruants et des effets dynamiques de toutes parts. Les deux mixages sont ravageurs dans leur violence et leur finesse sur toutes les voies, grâce à des graves surpuissants et à une dynamique sidérante : toutes les séquences d’action (et dieu sait si Dunkerque en contient !) sont sublimées par la furie à peine contenue dans ces deux mixages achevant de faire de ce Blu-ray une véritable galette de démonstration, s’imposant sans peine comme l’un des meilleurs Blu-ray jamais édités par Warner bros. Une qualité visuelle à couper le souffle, et deux mixages audio s’imposant comme de véritables obus balancés sur votre système audio.

Du côté des suppléments, Warner est encore parvenu à caser, en Haute-Définition et VOST s’il vous plait, un large éventail de suppléments, tous très intéressants même s’ils ne dépassent pas systématiquement le cadre de la simple featurette promo ; mais la déferlante d’informations et de bonus soignés ne pourra de toutes façons que remporter votre adhésion totale et définitive, faisant de cette galette de Dunkerque l’une des plus complètes et des plus passionnantes que l’on ait vu en 2017. On aura donc droit à une série de featurettes qui, mises bout à bout, composeront un making of assez complet d’environ une heure trente. Le tout est divisé en plusieurs parties (création / sur terre / dans les airs / en mer / conclusion) et pourra se picorer ou être visionné d’une traite. On y reviendra sur tous les aspects du tournage, du choix du casting au soin maniaque apporté à la reconstitution historique en passant par tous les défis techniques ou narratifs relevés par Nolan et l’équipe du film : du très beau travail, et un making of littéralement passionnant au terme duquel le spectateur n’aura finalement qu’une envie : revoir le film !

 

 

Par ailleurs, on remerciera également chaleureusement les équipes de l’agence presse Déjà Le Web ainsi que Warner bros. France de nous avoir fait parvenir le film dans son beau Steelbook, accompagné de goodies aux couleurs du film. En voilà qui n’ont pas oublié l’esprit de Noël ! Un immense MERCI !

 

 

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