Test Blu-ray : Ashkal, l’enquête de Tunis

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Ashkal, l’enquête de Tunis

Tunisie : 2022
Titre original : Ashkal
Réalisation : Youssef Chebbi
Scénario : Youssef Chebbi, François-Michel Allegrini
Interprètes : Fatma Oussaifi, Mohamed Houcine Grayaa, Rami Harrabi
Éditeur : Jour2fête
Durée : 1h32
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 25 janvier 2023
Date de sortie DVD/Blu-ray : 20 juin 2023

Dans un des bâtiments des Jardins de Carthage, quartier de Tunis créé par l’ancien régime mais dont la construction a été brutalement stoppée au début de la révolution, deux flics, Fatma et Batal, découvrent un corps calciné. Alors que les chantiers reprennent peu à peu, ils commencent à se pencher sur ce cas mystérieux. Quand un incident similaire se produit, l’enquête prend un tour déconcertant.

Le film

[3.5/5]

La Tunisie post Printemps arabe. Dans le nord de Tunis, le quartier des jardins de Carthage, un quartier d’immeubles de luxe dont la construction avait commencé sous Ben Ali, s’était interrompue durant la « Révolution tunisienne » et reprend doucement. Dans ce quartier, on découvre un corps calciné, puis un autre, puis d’autres. S’agit-il de suicides ou de meurtres ? La police enquête : lui, Batal, est un flic expérimenté qui, comme un très grand nombre de ses collègues, a sans doute trempé dans la corruption mais qui essaye de se racheter ; elle, Fatma, est une jeune policière dont le père n’est autre que le Président de la commission de vérité et de réconciliation chargée, entre autre, d’enquêter sur ces cas de corruption et, à ce titre, elle reçoit des insultes de la part de collègues. Pour son premier long métrage réalisé en solo, Youssef Chebbi, a choisi de s’écarter d’une approche naruraliste de la réalité pour aborder, par le biais du cinéma de genre, les problèmes post Printemps arabe de son pays qu’il souhaitait traiter. Ashkal, l’enquête de Tunis se révèle donc être un thriller réussi dans lequel perce un solide soupçon de fantastique et de mysticisme. Bien aidé par la musique qui accompagne le film, composée par le musicien suisse Thomas Kuratli, Youssef Chebbi excelle à installer tout du long une atmosphère de tension, voire d’angoisse. La perception qu’on peut avoir du film n’est à coup sûr pas la même selon qu’on est, ou non, tunisien. En effet, à la vision de Ashkal, on ne peut que s’interroger sur un certain nombre de points, le plus important étant : quelle signification donner à toutes ces corps calcinés, à toutes ces torches humaines qu’on voit dans le film ? Sont ils, sont elles lié.e.s au passé du pays ou à son futur ? La réponse est sans doute plus facile à donner pour qui vit à Tunis que pour un habitant de l’hexagone. Toutefois, quand bien même on n’est pas capable de répondre à ces interrogations, on prend un plaisir certain à être invité dans l’atmosphère si particulière que dégage le film. Dans la distribution, on remarque particulièrement le jeu très intense de Fatma Oussaifi, l’interprète de Fatma. Il s’agit de sa première apparition au cinéma, c’est une danseuse et une professeure de tango !

Le Blu-ray

[4/5]

Le film étant riche en scènes nocturnes ou sans beaucoup de lumière, il est préférable de choisir le Blu-ray plutôt que le DVD, à condition, bien sûr, d’avoir le matériel adéquat pour la lecture de ce support. Le film n’est visible qu’en VO, en 2.0 ou en 5.1, avec le choix entre un sous-titrage en français, un sous-titrage en anglais ou aucun sous-titrage.

Que ce soit dans sa forme Blu-ray ou dans sa forme DVD, La galette de Jour2fête s’avère riche en suppléments. Pour commencer, un entretien de 8 minutes avec le réalisateur dans lequel il explique, entre autre, que son but n’était pas de donner un constat de la Tunisie d’aujourd’hui, et que, s’agissant des immolations, chacun est libre de choisir son niveau de lecture, qu’il soit politique, mystique, voire représentatif du sacré. La vidéo des repérages, d’une durée de 6 minutes, une balade sans commentaire dans le quartier des jardins de Carthage, ne présente pas un très grand intérêt. Plus intéressant est le court métrage Les profondeurs, d’une durée de 27 minutes, présenté en 2013 au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, un film qui confirme le goût prononcé de Youssef Chebbi pour les scènes nocturnes et qui raconte les déboires d’un vampire du fait du sida. Plus intéressant encore, le supplément intitulé « Scènes commentées » qui reprend le film dans son intégralité, avec, pour chacune des scènes, un commentaire donné par le réalisateur ou un membre de son équipe.

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