Test Blu-ray 4K Ultra HD : Hitcher

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Hitcher

États-Unis : 1986
Titre original : The Hitcher
Réalisation : Robert Harmon
Scénario : Eric Red
Acteurs : Rutger Hauer, C. Thomas Howell, Jennifer Jason Leigh
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h37
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie cinéma : 25 juin 1986
Date de sortie BR4K : 12 avril 2024

Alors qu’il roule sur une autoroute déserte en direction de la Californie, Jim Halsey prend en auto-stop un dénommé John Ryder, un personnage étrange et inquiétant. Jim comprend très rapidement qu’il a affaire à un tueur psychopathe. Alors qu’il parvient à s’en débarrasser, une course-poursuite commence entre Ryder et sa proie, qui endosse, malgré elle, les meurtres de son poursuivant. Jim est pris en chasse par la police locale et ne trouve personne à qui se confier, excepté Nash, une serveuse qu’il est contraint de prendre en otage…

Le film

À sa sortie en 1986, Hitcher a remporté le Grand prix du jury, le prix de la critique et le prix TF1 lors du Festival du film policier de Cognac. Mais le film de Robert Harmon a également remporté un autre prix, un peu oublié de nos jours : il fut en effet le deuxième film à recevoir le « Prix Très Spécial », créé en 1985 par Gérard Lenne et Jean-Claude Romer. La raison d’être de cette prestigieuse distinction, qui fut décernée à des œuvres venues de tous horizons entre 1985 et 2006, était de mettre en évidence des films ô combien singuliers – des films « très spéciaux », uniques et forcément enclins à diviser le public par leurs partis pris radicaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Hitcher n’a pas volé son prix, dans le sens où c’est vraiment un film dans lequel soit on entre de plein pied, soit on n’entre pas du tout.

En tant que spectateur, vous saurez assez rapidement si Hitcher est fait pour vous. Ainsi, si vous me permettez un aparté personnel, je dois avouer que lorsque j’ai découvert le long-métrage de Robert Harmon (je devais avoir dix/douze ans), c’est vraiment un film qui est parvenu à me terrifier en l’espace de quelques minutes seulement. La musique, l’atmosphère générale et la mise en place des deux personnages interprétés par C. Thomas Howell et Rutger Hauer ont suffi à faire grimper dans mon petit corps d’aspirant-cinéphile une terreur sourde et irraisonnée, ce qui ne m’était arrivé alors arrivé qu’une seule fois, à la découverte de la jeune femme courant dans les bois au début du Suspiria de Dario Argento.

Le scénario d’Eric Red, pervers, cauchemardesque et absolument implacable, se base sur un fait divers sanglant s’étant déroulé aux États-Unis en 1950 : Billy Cook, un vagabond, s’était fait passer pour un auto-stoppeur auprès des rares voitures qui croisaient son chemin sur les routes désertiques entre le Missouri et la Californie, et avait assassiné six personnes en 22 jours. De fait, l’intrigue de Hitcher se révélera rapidement assez linéaire : on y suivra Jim, un jeune homme aux traits juvéniles (C. Thomas Howell), pris en chasse par John Ryder, un psychopathe solitaire (Rutger Hauer), qui le harcèlera et le poursuivra de ses assiduités meurtrières – et plus si affinités – tout au long du film.

Bien sûr, il y a dans ce survival motorisé un côté lorgnant ouvertement sur le Duel de Steven Spielberg, mais le script d’Eric Red, aussi malin qu’extrême, prend un grand soin à « fétichiser » la relation ouvertement homo-érotique qui se crée, au fil des séquences, entre Jim et son poursuivant. Une grande partie de la réussite de Hitcher tient probablement dans l’interprétation magnétique, et même quasi-mystique, de Rutger Hauer, dont l’étrangeté et la capacité à réapparaitre partout confère rapidement au film une dimension fantastique. La narration de Hitcher prend ainsi régulièrement les atours d’un rêve enfiévré, aussi poussiéreux et hypnotique qu’un Razorback, avec en prime une bonne dose de cruauté vénéneuse et vacharde – on pense ici au sort réservé au personnage incarné par Jennifer Jason Leigh, que vous n’êtes pas près d’oublier.

Hitcher est donc un film purement atmosphérique : l’exposition des personnages est lapidaire, mais elle fonctionne parfaitement, dans le sens où le spectateur ne saura que ce qu’il a besoin de savoir ; beaucoup d’explications se feront durant la suite du métrage, presque à la volée, alors que nous sommes emmenés malgré dans la course folle du personnage principal. Les motivations du tueur ne sont pas vraiment expliquées et/ou étoffées, mais on pourra tour à tour ressentir l’attirance sexuelle du tueur pour le jeune Jim (le jeu flingue/doigts sous la table du Dinner est en ce sens particulièrement parlant), ou voir se dessiner dans leur face-à-face une espèce de relation père / fils dénaturée. Le développement des personnages se fait donc essentiellement par le biais de l’action, le tout étant porté par la mise en scène nerveuse de Robert Harmon, la musique planante/flippante de Mark Isham et la photo de John Seale, riche en plans panoramiques de toute beauté, à la fois aériens et étouffants. En deux mots comme en cent, et même si le film n’est peut-être pas tout à fait parfait, on est vraiment en présence d’un grand chef d’œuvre, un OVNI nerveux et séminal, souvent imité (Une virée en enfer, Highwaymen, et bien sûr Hitcher le remake de 2007…), mais jamais égalé.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

Cocorico ! Après des années d’attente, Hitcher débarque enfin en Blu-ray et Blu-ray 4K Ultra HD, et d’après nos recherches, il semblerait bien que le master 4K que nous propose aujourd’hui Sidonis Calysta constitue une première mondiale. Le film de Robert Harmon le méritait bien. Côté transfert, l’image du Blu-ray 4K Ultra HD nous propose un rendu visuel assez enthousiasmant, avec une granulation préservée et un excellent niveau de détail, et ce même si le film se déroule le plus souvent dans le noir ou dans l’obscurité. Les couleurs sont impressionnantes et les noirs profonds et bien tenus, même si les contrastes manquent peut-être un peu de punch et semblent par moments varier en intensité, parfois même au cœur de la même séquence. Globalement cela dit, en dépit de ce souci d’étalonnage, le transfert est tout à fait satisfaisant, et rend hommage au travail sur l’image assuré par Robert Harmon et son chef op’ John Seale de façon beaucoup plus convaincante que l’antique DVD sorti en l’an 2000 chez StudioCanal. Même constat de fidélité au matériau d’origine du côté des pistes sonores : la VF ainsi que la VO nous sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, et proposent un bon équilibre et une excellente stabilité d’ensemble, sans souffle ni craquements intempestifs. On privilégiera naturellement la VO, plus naturelle et plus convaincante, même si beaucoup d’entre nous ont découvert le film en VF.

Du côté des suppléments, on commencera par une présentation du film par Samuel Blumenfeld (36 minutes), qui commencera par attribuer une grande partie de la réussite du film à son scénariste Eric Red. Il y reviendra également sur le statut de l’auto-stoppeur dans l’Amérique de Reagan. Il évoquera la dimension « slasher » du film et les coupes supposées ayant permis à Eric Red et Robert Harmon de resserrer le montage initial de trois heures à une heure trente. Il mettra la disparition de Robert Harmon, dont la carrière s’est rapidement étiolée au cinéma, sur le compte de choix de carrière exécrables et, enfin, évoquera le casting du film, et notamment C. Thomas Howell absolument parfait en abruti. On continuera ensuite par un passionnant making of rétrospectif (38 minutes), qui donnera la parole, entre autres, à Eric Red, Robert Harmon, C. Thomas Howell et Rutger Hauer. D’une façon assez amusante, C. Thomas Howell ne semble pas du tout assumer le sous-texte homo-érotique du film, qui est ici attribuée aux caprices de Rutger Hauer, mais qui constitue pourtant un des éléments les plus évidents du scénario d’Eric Red. Au fil de leurs propos, on comprendra aisément à quel point les différents intervenants sont fiers – à juste titre – du classique qu’est devenu Hitcher. On terminera enfin avec un documentaire sur Rutger Hauer (1h00), réalisé par Simone de Vries en 2006. Simone de Vries et son équipe ont suivi Hauer de Los Angeles jusqu’à chez lui, aux Pays-Bas, dressant le portrait intime d’une star des plus énigmatiques. Qu’il s’agisse des entretiens réalisés à ses débuts ou en 2006, l’acteur n’a pas peur de parler franchement de sa vie et de son travail. On terminera enfin avec une poignée de bandes-annonces du film.

On notera par ailleurs que le film nous est proposé dans un beau Mediabook contenant un livret de 60 pages signé Olivier Père intitulé « Hitcher ou l’apprentissage de la violence ». Cet intéressant livret nous propose une analyse du film ainsi qu’un retour sur les carrières de Robert Harmon, Eric Red, Rutger Hauer, C. Thomas Howell et Jennifer Jason Leigh. Le tout est illustré de nombreuses photos.

6 Commentaires

  1. Les premiers commentaires concernant le 4K de cette édition ne sont guère élogieux et je les approuve à 100%, pas de HDR …. audio en 2.00 … pour le principal, sans compter du filtrage à outrance, en bref du 4k fait à l’économie comme souvent chez Sidonis, une édition à éviter surtout au prix demandé.

  2. on ne doit pas avoir vu la même édition 4k. Pas de HDR, image vraiment pas terrible, du 2.0 alors que le 5.1 existe. Vraiment une mauvaise édition

  3. Le rendu de cette édition 4K est certes perfectible, et possède quelques petits soucis de contrastes, qui fluctuent en intensité, mais l’ensemble est propre et on est content de revoir le film dans ces conditions, d’autant qu’en France, on ne disposait jusqu’ici que d’une édition DVD préhistorique – le bond qualitatif est très appréciable. Sidonis Calysta fait ce qu’il peut avec le master dont il dispose. Le livret nous apprend que le master a été restauré en 4K à partir d’un Interpositif 35MM qui a d’abord été scanné en 4K par le laboratoire Éclair, puis envoyé au laboratoire Subtilly/DR couleur à Madrid pour y être nettoyé numériquement et étalonné pour une finalisation destinée à sa ressortie en salles. Même si le résultat n’est pas parfait, investir dans une nouvelle remasterisation complète en HDR uniquement destinée au marché français aurait été un suicide commercial : on est un petit pays dans lequel la vidéo physique est un marché de niche, et encore plus en ce qui concerne les films de catalogue ; on peut supposer que l’éditeur peut peut-être tabler sur des ventes tournant autour de 700 ou 800 unités, peut-être légèrement plus avec les ventes à l’étranger. Sidonis Calysta est néanmoins le premier éditeur au monde à nous proposer Hitcher en 4K, et on salue donc à nouveau son courage de s’être lancé plutôt que d’avoir simplement attendu de récupérer un master venu d’ailleurs.

  4. Pas d’accord avec Mr Lanoye, de petits éditeurs Français font mieux que cela et ont le HDR a chaque sortie 4k,même concernant des films de catalogue.
    Cette sortie est un ratage complet.

  5. Combien a payé Sidonis pour cette critique positive ? Le ridicule ne tue pas heureusement, par contre la crédibilité de ce site est au niveau zero, comme cette image pseudo 4k

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