Test Blu-ray 4K Ultra HD : Delicatessen

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Delicatessen

France : 1991
Titre original : –
Réalisation : Marc Caro, Jean-Pierre Jeunet
Scénario : Marc Caro, Jean-Pierre Jeunet, Gilles Adrien
Acteurs : Jean-Claude Dreyfus, Dominique Pinon, Rufus
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h35
Genre : Comédie, Fantastique
Date de sortie cinéma : 17 avril 1991
Date de sortie DVD/BR/4K : 18 octobre 2023

Au milieu d’un terrain vague, se dresse un immeuble habité par d’étranges personnages. Il y a la famille Tapioca, les snobs Interligator, les frères Kube, fabricants de boîtes qui meuglent quand on les retourne, la peu vertueuse Mme Plusse et quelques autres… Tous sont clients du boucher du rez-de-chaussée, dont les stocks augmentent avec la disparition de certains locataires, et tous sont confrontés au terrorisme des Troglodytes végétariens, vivant dans les sous-sols. Un beau jour arrive, Louison, un gentil garçon qui joue de la scie musicale. Blanche-Neige parmi les ogres, Julie, la fille du boucher, s’en éprend mais, pour d’autres raisons, son père s’intéresse aussi à ce nouveau locataire…

Le film

[5/5]

Formé dans les années 80 dans l’ombre des grands noms de la bande dessinée SF de l’époque (Métal Hurlant, Charlie Mensuel…), le duo « Caro et Jeunet » composé de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet commença par se faire remarquer dans le monde du vidéo-clip et du court-métrage, avant de se lancer dans la grande aventure du long-métrage de cinéma avec le formidable Delicatessen, une fantaisie post-apocalyptique et baroque prenant place dans un décor très ancré dans le cinéma français de l’entre-deux guerres, et notamment dans le « réalisme poétique » au cœur duquel s’étaient illustrés Marcel Carné ou René Clair.

Mélangeant les genres et les univers, Delicatessen se déroule pour l’essentiel dans un vieil immeuble poussiéreux, dans un futur post-apocalyptique jaune où tout, des téléphones aux voitures, semble directement issu des années 40/50. Au cœur de cet immeuble vétuste, un boucher incarné par Jean-Claude Dreyfus a trouvé une source d’approvisionnement en viande assez inattendue : il propose en effet à ses clients de manger le petit personnel qu’il embauche pour prendre soin de l’immeuble. Dans la séquence d’ouverture du film, le spectateur découvrira la tentative de fuite du dernier concierge en date, et assistera à l’arrivée d’une nouvelle recrue, Louison (Dominique Pinon), qui ignore bien entendu qu’il finira bientôt par nourrir – à son corps défendant – les locataires plutôt farfelus de cet immeuble de barges.

Malheureusement, la fille du boucher, Julie (Marie-Laure Dougnac), se liera rapidement d’amitié avec le nouveau venu, avec qui elle entretiendra une romance maladroite et pleine de charme. Au courant des projets de son père, Julie élaborera bientôt un plan avec les Troglodytes, un groupe de rebelles vivant dans les souterrains, qui l’aideront à tenter de sauver la vie de Louison. Et Delicatessen de s’imposer au fil des séquences comme un étrange mélange de tension sourde et d’humour noir, qui trouve une harmonie parfaite entre la fantaisie et la cruauté. Le film joue notamment sur le passé de clown de cirque du personnage incarné par Dominique Pinon pour créer des moments à la fois poétiques et magiques, qui contrastent avec le sort que l’on sait être réservé à Louison.

Une grande partie de Delicatessen se déroule à la façon d’un dessin animé, l’accent étant mis sur l’action plutôt que sur le dialogue. Par exemple, l’une des séquences les plus célèbres du film est un merveilleux travail de montage qui nous montre les habitants de l’immeuble vaquer à leurs occupations, le tout nous étant habilement montré sur un rythme suivant les grincements du lit du boucher, en train d’avoir une relation sexuelle avec une des locataires (Karin Viard) à l’étage. Cette séquence et à l’image du film dans sa totalité : à la fois comique et bizarrement décalé.

Au final, et au-delà de ses indéniables qualités, il va sans dire qu’au regard de la production cinématographique française du début des années 90, Delicatessen s’avère un objet filmique absolument unique. On dira même mieux : il s’agit d’un véritable petit chef d’œuvre, invitant le spectateur à se plonger dans un univers à la fois familier et étrange, un monde surréaliste où tout est à la limite de l’hallucinogène, mais qui a un sens dans le contexte de sa propre folie. Une réussite absolue.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

Delicatessen vient tout juste de débarquer au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de StudioCanal, dans une édition « Collector » Combo 4K + Blu-ray + livret de 32 pages intégré au boîtier, comprenant des images d’archives ainsi que des notes de restauration.

Côté galette, la restauration 4K que nous offre ici l’éditeur s’avère absolument époustouflante. Le transfert 2160p (Dolby Vision + HDR10) que nous propose l’éditeur est superbe, avec un grain argentique d’une finesse remarquable, des lumières éclatantes et des ombres profondes, qui nous permettront de redécouvrir quasi-totalement le film. Les étalonnages Dolby Vision et HDR10 permettront encore de proposer un plus de profondeur dans les ombres et les niveaux de noir, ce qui tendra à renforcer la large différence de contrastes entre les scènes les plus sombres et celles les plus lumineuses du film. Les couleurs sont également plus saturées, ce qui rehausse presque toutes les teintes du film. Du très beau travail, une merveille absolue. Du côté des enceintes, Delicatessen bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui nous propose une expérience 100% immersive : la spatialisation des effets est bluffante, blindée d’effets d’atmosphère discrets mais efficaces, en totale adéquation avec l’esprit du film. Un grand bravo à StudioCanal.

Du côté des suppléments, on retrouvera tout d’abord le commentaire audio de Jean-Pierre Jeunet, enregistré en 2001 pour la sortie du film en DVD. On continuera ensuite avec un passionnant making of rétrospectif intitulé « Morceaux de résistance » (1h05), au cœur duquel les Jean-Pierre Jeunet, les acteurs et une poignée de membres de l’équipe technique du film reviendront sur les difficultés rencontrées sur la mise en chantier de Delicatessen. Grand absent du making of, Marc Caro sera de retour sur le supplément inédit que nous propose ce Blu-ray 4K Ultra HD, à travers un entretien avec Caro & Jeunet (25 minutes), durant lequel les deux co-réalisateurs évoqueront l’atmosphère visuelle de leur œuvre et leurs diverses influences, ainsi que les acteurs, pour la plupart des « gueules » de cinéma. On y apprendra que Michel Galabru et Michel Bouquet avaient été envisagées par le duo pour interpréter le boucher, et que Jean-Claude Dreyfus avait à l’origine auditionné pour un autre rôle. Sur le Blu-ray du film, on trouvera un making of d’époque (« Charcuterie fine », 13 minutes), qui permettront principalement au spectateur de découvrir dans le détail certains décors et accessoires du film. Enfin, on terminera avec une poignée d’essais des acteurs Dominique Pinon, Silvie Laguna et Marie-Laure Dougnac (9 minutes).

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