Revu sur OCS : Les Lyonnais

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© 2011 Jérôme Prébois / LGM Productions / Gaumont Production / France 2 Cinéma /
Rhône-Alpes Cinéma Tous droits réservés

Changement de camp pour l’ancien flic Olivier Marchal avec son quatrième long-métrage en tant que réalisateur. Contrairement à ses films précédents, des plongées sans trop de concessions en termes de propos dans l’enfer des divisions policières, Les Lyonnais est un vrai conte de gangster de la vieille école. Purs et durs, ses héros ne jurent que par le code de conduite de la pègre, à savoir qu’on ne balance pas ses potes, mais que tous les coups bas sont permis envers les membres des forces de l’ordre. Ceux-ci adoptent ici au mieux un rôle de figuration, conformément à l’attention tout aussi dérisoire prêtée aux malfrats dans les études minutieuses du quotidien sans gloire des flics du côté des scénarios antérieurs. Après, il n’est jamais tout à fait clair si le réalisateur pratique une forme guère subtile d’apologie du crime dans le cas présent, à cause d’un ton crépusculaire qui n’hésite pas à insister outre mesure sur l’impasse morale dans laquelle les personnages se fourvoient les yeux grands ouverts.

La structure narrative est encore plus labyrinthique dans Les Lyonnais que dans MR 73, le film précédent de Marchal. Or, cette fois-ci, la mise en parallèle dans le temps, entre la grande époque des braquages de la bande de Momon Vidal dans les années 1970 et une fin de carrière sensiblement plus laborieuse, atteint presque un niveau de fluidité narrative acceptable. Ou bien, est-ce simplement que nous avons pris l’habitude, en un coup double de films rattrapés à la dernière minute sur le replay d’OCS, du style plein d’emphase du réalisateur ? Baisse des exigences de spectateur ou réelle amélioration d’une esthétique guère sensible à la subtilité cinématographique ? C’est difficile à dire, tant la mise en scène s’emploie à souligner la façade honorable d’un milieu qui ne l’est pas réellement. Au moins, elle a réussi de tirer des interprétations graves et dignes de Gérard Lanvin et Tchéky Karyo, deux comédiens qui ont souvent tendance à cabotiner et à se rabaisser au niveau peu recommandable de certains de leurs films.

© 2011 Jérôme Prébois / LGM Productions / Gaumont Production / France 2 Cinéma /
Rhône-Alpes Cinéma Tous droits réservés

Le premier, dans le rôle du vieux parrain impatient de décrocher définitivement d’une profession qui lui a surtout réservé beaucoup d’ennuis au fil d’un parcours en dents de scie, en fait certes des tonnes, avec ses regards mélancoliques dirigés vers l’horizon. L’emploi à peu près judicieux de la voix off et la trajectoire inéluctable vers une rupture définitive avec ses complices d’antan confèrent néanmoins une envergure au personnage que Lanvin sait parfaitement incarner. D’autant plus que la fatigue grandissante de son caïd arrivé en fin de course trouve un contre-temps de jeunesse plutôt saisissant avec l’interprétation de Dimitri Storoge, nommé au César du Meilleur espoir masculin pour avoir su faire siennes les années plus fougueuses du petit criminel aux ambitions débordantes.

Quant à Serge Suttel, ce caillou perpétuel dans un mécanisme de respectabilité chèrement acquise, qui n’avait nullement besoin de cette irruption dans les festivités d’un baptême gitan, Karyo lui insuffle une certaine intensité, qui compense ses absences répétées de l’écran. Ainsi, l’enjeu principal de l’intrigue n’est pas de déterminer jusqu’à quel point ce manipulateur né a vendu son âme au diable. Il s’agit plutôt d’en faire un revenant suffisamment dans le pétrin, afin de servir de révélateur au dilemme moral auquel son vieil ami devra se mesurer s’il souhaite sincèrement l’aider. Un rôle dont l’acteur s’acquitte avec une élégance et un petit air mi-mystérieux, mi-barbare que l’on ne trouve hélas pas dans chacun de ses innombrables films.

Sans être une grande épopée de gangster, Les Lyonnais semble mieux passer sur le petit écran qu’au cinéma. Il souffre toujours de quelques maladresses formelles, comme l’insistance de la bande originale signée Erwann Kermorvant. Mais dans l’ensemble, Olivier Marchal y applique assez solidement la recette plus toute fraîche du criminel tiraillé entre son envie de respectabilité et son devoir de fidélité envers un ancien allié dépourvu de tels scrupules.

© 2011 Jérôme Prébois / LGM Productions / Gaumont Production / France 2 Cinéma /
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